Rencontre avec Bintily à l’occasion de la parution de son nouvel EP « En Mode Blasée » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis chanteuse, auteure, compositrice, interprète, j’ai 31 ans et je viens de Tours. Je compose mes chansons soit en guitare-voix soit a capella avec un enregistreur de boucles. Mon autre casquette est d’être journaliste culture mais cette année, je me consacre uniquement à la musique.

Justement, tu as eu une autre carrière avant de te lancer en tant que chanteuse, la musique n’était-elle pas une évidence ?

J’ai toujours voulu être journaliste ou chanteuse, je me suis juste occupée du journalisme en premier mais je suis un peu arrivée au bout de mon expérience je crois. En revanche, la musique a toujours été une évidence, je m’étais dit que le fait de devenir journaliste culture allait me permettre d’allier mes deux passions: le journalisme et la musique. J’ai écrit mes premières chansons à l’âge de 8 ans et à l’adolescence, j’ai eu plusieurs groupes de musiques actuelles à Tours, j’ai eu des duos de guitare-voix et c’est quand je suis arrivée à Paris que j’ai tout arrêté car être pigiste ou en CDD, cela ne laisse pas assez de temps pour gérer un groupe.

Quel a été le déclic pour oser la musique ?

Il y a eu deux déclics. Quand j’ai vu mes 30 ans arriver, je me suis demandée ce que je faisais et si je n’étais pas en train de me tromper de voie. J’en avais marre d’interviewer des artistes et d’aller les voir en concert, j’avais envie d’être sur scène à mon tour et d’être interviewer moi aussi. Je me suis dit que ce n’était plus possible. Je m’étais fait la promesse de sortir mon premier album avant mes 30 ans et à l’époque, comme il ne me restait plus que six mois, j’ai publié un premier EP avec de nouveaux morceaux que je venais de faire suite à une rupture et d’anciens morceaux qui dataient du début des années 2010. Le second déclic a été la récidive du cancer du sein de ma mère. Je me suis dit qu’elle ne pouvait pas partir sans que je n’aie fait mes compos et qu’elle les ait entendues. Il fallait que j’avance de côté-là.

Le journalisme t’a-t-il permis de glaner auprès des artistes des conseils qui t’ont servi dans ton projet musical ?

Clara Luciani ne m’a pas donné de conseil mais j’ai eu un déclic en la voyant à un Deezer Diner. Lors de cette soirée, elle a chanté plein de chansons de son album de façon complètement nue à la guitare et c’était magnifique. Comme je ne sais pas tout faire et tout arranger moi-même, j’ai pris conscience que je me freinais car ça me paraissait infaisable de faire un titre en entier, abouti, prêt à être diffusé. En la voyant interpréter ses chansons de cette manière, je me suis dit que je pouvais faire mes chansons et les faire habiller ensuite. Catherine Lara avec qui j’avais sympathisé m’a fait des super retours sur mes deux EPS, elle m’a dit de continuer car elle trouve que j’ai du talent. Tété m’a dit que c’était bien mais que je n’utilisais pas assez de métaphores dans mes textes et j’ai eu la même réflexion de la part de Tom Frager mais je dois dire que quand j’écris quelque chose, j’ai envie de le dire de façon très claire. Renan Luce m’a dit que c’était beau et frais.

As-tu œuvré de la même manière pour tes deux premiers EPS ?

Oui et non. Pour mon premier EP, j’ai travaillé avec trois musiciens. J’ai ramené mes guitares-voix et mes a capella. On a habillé les morceaux simplement c’est du guitare-voix et un cajon. Pour « En Mode Blasée », j’ai aussi ramené mes guitares-voix et mes a capella à Basile qui est un chanteur, auteur-compositeur et un ami du lycée qui évolue dans le milieu du Reggae. Basile a construit des arrangements autour de mes compositions mais tout est à l’ordinateur, je voulais ce côté plus produit.

Quelles ont été tes envies musicales sur « En Mode Blasée » ?

J’avais envie de Pop Urbaine. J’avais envie que ce soit moi, que l’on sente mes bases guitare-voix ou a capella qui sonnent quand même plus Pop-Folk-Chanson Française mais que ces chansons soient habillées avec la touche d’autotune nécessaire pour que l’on ait l’impression que c’est du 2020 sans pour autant me perdre et me nier. J’avais envie de bouger la tête en écoutant mes chansons, ce qui ne m’arrivait pas auparavant. J’étais fière de mon premier EP, mais le second, je l’écoute dans la rue comme je le fais pour Angèle ou Aloïse Sauvage comme si ce n’était pas moi.

Quelles thématiques abordes-tu sur ce nouvel EP ?

L’amour est la thématique N°1, les ruptures, la désillusion, comment on peut fantasmer une histoire…ce sont des choses qui reviennent beaucoup. Il y a des touches de féminisme aussi dans ce disque surtout dans « Pas Celle Qu’On Épouse ». Je parle aussi d’identité au sens physique du terme, je parle de mon père, de ma mère, du fait de grandir, devenir adulte vraiment, avec les difficultés qui vont avec.

Peut-on voir ce disque comme une sorte de journal intime à ciel ouvert ?

Totalement ! Cet EP, c’est vraiment moi à l’instant T, une femme trentenaire avec ses interrogations. J’avais baptisé mon premier disque « Mise à nu », je ne pouvais pas appeler celui-ci « Mise à nu 2 ». « En Mode Blasée » est complètement un journal intime, quand j’écris une chanson, c’est que je suis triste, énervée ou heureuse.

Est-ce ta sincérité que tu mettrais en avant dans tes textes ?

Oui, c’est de la sincérité à 100%. Je ne mens pas. Sur ce disque, il n’y a rien de fictionné, ce n’est que du vécu. Quand je fais une chanson, je la porte avec mes tripes, je l’assume car je ne fais pas des chansons pour faire du bruit.

« En Mode Blasée » se termine avec la chanson cachée « Maman », quel a été le retour de ta mère en découvrant cette véritable déclaration d’amour ?

Ma mère est très pudique, c’est l’inverse de moi, elle ne dit pas les choses, elle pleure rarement et quand je lui ai fait écouter la démo de cette chanson pour la première fois pour la fête des mères, elle n’a trop rien dit. Par la suite, elle l’a réécoutée et elle a pleuré. Récemment, elle a écouté la version finie avec les arrangements et elle m’a juste dit wow c’est beau. Je pense que cette chanson l’a touchée. Elle m’a juste fait un reproche sur le pont qui est un peu triste car je parle de quand elle ne sera plus là.

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

C’est très varié ! Actuellement, j’écoute les filles du moment: Angèle, Clara Luciani, Aloïse Sauvage, Suzane…Ce sont « mes copines de casque » et je trouve qu’elles ont défait quelque chose chez moi tout comme Diam’s l’avait fait quand j’avais 15 ans même si j’écrivais moins et que je ne me projetais pas. Ma chanson « Pas Celle Qu’On Épouse » existe notamment grâce au morceau « Drôle d’Époque » de Clara Luciani. J’ai eu plusieurs déclics dans ma vie et beaucoup grâce à des femmes. A 8 ans, j’ai découvert le féminisme grâce aux Spice Girls qui ont changé ma vie. Ensuite, il y a eu Britney Spears puis Diam’s qui m’a réveillée sur l’écriture, les violences conjugales, une conscience de ce qu’est la femme, de ce qu’elle peut vivre de difficile et comment elle peut le retranscrire et puis il y a Alicia Keys qui est une diva pour moi et qui n’a pas besoin de se mettre en mini short pour nous dire quelque chose.

Quels sont tes prochains projets ?

Je suis en train de m’équiper afin de pouvoir me produire toute seule sur scène avec une machine. J’espère pouvoir présenter cet EP en live et je vais en continuer la promo. J’aimerais trouver une structure afin d’être épaulée pour faire grandir mon projet et j’espère pouvoir publier l’EP 3 d’ici la fin de l’année ! J’ai toujours voulu faire de la télé mais j’ai pris l’option radio en me disant qu’un jour quelqu’un me tendrait la main et un jour, j’ai fait un journal de nuit à 23h sur France Inter et un mec de BFM m’a envoyé un message pour me dire qu’il aimait ce que je faisais et derrière, j’ai eu BFM et ma petite carrière à la télé. Actuellement, j’attends « le mec de BFM mais en version musique » qui va me tendre la main pour que je change de niveau !