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Rencontre avec Eiffel à l’occasion de la sortie de « Stupor Machine » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Emmanuel Bacquet

(c) Emmanuel Bacquet

Pouvez-vous nous dire pourquoi Eiffel a fait une si longue pause de 7 ans ?

Romain : C’est vrai que cela fait une pause de 6/7 ans aux yeux du public mais moins pour nous car nous avons terminé la tournée Foule Monstre en 2013 et nous nous sommes retrouvés mi 2017. Rien n’était prémédité mais on savait qu’on allait se retrouver à un moment ou à un autre. Ce temps-là entre nos deux derniers albums s’explique par le fait que nous avons tous eu des projets qui se sont développés de manière naturelle sans que ce soit calculé. Pour ma part, j’ai sorti trois albums en solo et j’ai notamment produit des albums pour Bernard Lavilliers. Estelle qui a participé à tous ces projets a joué en plus de la musique baroque. Nicolas Courret joue avec Laëtitia Shériff, Daniel Paboeuf, Royal de Luxe et il a son projet Invaders auquel participe également Nicolas Bonnière que l’on retrouve aussi dans mes projets en solo. Pour chacun, cela fait beaucoup de projets sur ces 5 ans. Nous avons pris le temps de développer chacun de ses projets qui ne sont pas plus importants qu’Eiffel et réciproquement.

Y-a-t-il eu un déclic pour revenir tous les quatre avec « Stupor Machine » ?

R : Ça n’a pas été un déclic en une seconde mais il a eu lieu sur six mois. Nous savions que nous avions envie de nous retrouver à un moment donné ou à un autre mais il fallait que ce soit légitime. L’envie d’être ensemble a toujours été là mais en revanche, faire du Rock dans Eiffel, je n’en ai plus du tout eu envie pour ma part pendant un moment. Pour moi, c’est le fait d’avoir fait mes projets en solo qui m’ont donné envie de rejouer dans Eiffel et je pense que le fait de rejouer dans Eiffel me redonnera envie de faire des choses en solo. C’est un mouvement perpétuel qui est assez naturel.

« Stupor Machine » sort 18 ans après « Abricotine » votre premier album, quel regard avez-vous sur le chemin parcouru ?

: Ce chemin est assez énorme et je ne dis pas cela en termes de quantité ou d’importance mais au niveau du vécu. Nous avons exploré beaucoup de choses, il y a eu des plaisirs intenses et beaucoup de doutes également. Il y a eu énormément d’emmerdes aussi. Sur 18 ans et encore plus si on considère la partie immergée de l’iceberg, les doutes font évoluer, changer, transformer et parfois devenir l’inverse de ce que l’on était. Je trouve cela très bénéfique pour le mental et pour le corps aussi même s’il a pris des pètes quand même. Nous verrons cela dans quelques temps mais s’il arrivait que l’on sorte indemne de cette trajectoire, nous en sortirons un peu plus épais et grandis. On ne peut pas avoir des choses à dire dans l’avenir si on ne met pas du matos dans le sac à dos. Moi, qui pendant longtemps ai craché sur ce que je faisais que ce soit avec Eiffel ou en solo et même si je ne réécoute pas ce qui a été fait auparavant, j’ai une tendresse pour ce parcours. Je ne sais pas si ce que nous avons fait est bien mais le trajet me semble assez noble jusqu’à présent.

Estelle : Ça n’a pas été linéaire. Au fil des années, nous avons ouvert des portes et nous avons essayé des choses. Pour « Stupor Machine », nous ne sommes pas revenus à nos débuts mais nous avons réessayé des choses que nous avions mises de côté.

(c) Emmanuel Bacquet

(c) Emmanuel Bacquet

L’écriture de vos textes a-t-elle évolué durant ces années ?

R : Je pense que oui. L’écriture a certainement évolué techniquement mais pas progressé car le progrès n’existe pas dans l’art. Par ailleurs, les textes sont le reflet de ce qui se passe et le monde a considérablement changé en 18 ans et même depuis le dernier album d’Eiffel. Le miroir a bougé; après, je ne sais pas si c’est en bien ou en mal mais j’ose espérer que ça se bonifie.

Qu’est-ce que la stupor machine ?

R : C’est une machine à effroi, à angoisse, à sueurs froides, c’est une spirale infernale, une descente aux enfers avec inquiétude du monde dans lequel on vit et tout ceci exprimé par Eiffel en France en 2019.

E : Ce titre représente bien ce que racontent les chansons de cet album mais il faut savoir que « Stupor Machine » était le titre d’un morceau qui date d’avant notre premier album. Quand nous avons cherché un nom d’album car nous ne pouvions pas le baptiser « Vertigo » puisque ce nom était déjà utilisé, nous nous sommes tous rejoints sur ce titre sans que nous nous soyons consultés avant. 

Justement, de quoi parle Eiffel en 2019 ?

R : Pour être le plus simple possible, le thème récurrent sur les 2/3 de ce disque est l’inquiétude que je peux avoir sur la détemporalisation de l’homme. J’ai l’impression de me burn-outer la tête en ne contrôlant plus le temps qu’il m’est donné à vivre sur Terre de par les machines qui me sont imposées pour communiquer par les puissants qui fricotent avec les politiques et avec les médias publics ou privés.

(c) Emmanuel Bacquet

(c) Emmanuel Bacquet

Que faudrait-il retenir de ce nouveau disque ?

R : Certains penseront que c’est un album pessimiste et d’autres y trouveront de l’espoir ; certains verront de la violence dans ce disque et d’autres penseront qu’il est aimant. Pour ma part, j’aimerais que l’on retienne que c’est un album tendre grâce à « Chocho », « Chasse Spleen » et « N’Aie Rien A Craindre » qui sont les chansons de ce disque qui sont le plus en accord avec mon corps et avec mon âme mais aussi de ceux et celles de ma bien aimée et des deux Nico car nous sommes des personnes non violentes, qui avons des enfants, qui aimons nos parents et un maximum de personnes et de choses sur Terre et nous avons peur de perdre tout cela. Nous avons choisi de chanter des chansons qui décrivaient l’inverse de cela et c’est pourquoi nous parlons du Big Data, du haut patronat, du Gafa, des politiques, des médias…Ce que nous aimons, en revanche, est un peu décrit dans les trois chansons citées plus haut qui sont des chansons d’amour.

E : Cet album décrit ce monde super anxiogène et complètement flippant dans lequel nous vivons et nous avons tous besoin d’être rassurés. Ce disque évoque ce besoin.

R : On dit souvent que les plus belles fleurs poussent sur des tas de merde et il fallait en faire un beau avec des titres comme « Big Data », « Manchurian Candidate », « Cascade », « Miragine » pour qu’il y ait deux ou trois petites fleurs toutes connes qui puissent apparaitre.

Par quel terme pourrait être résumé ce disque ?

R : Borne personnelle.

(c) Emmanuel Bacquet

(c) Emmanuel Bacquet

Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez les autres membres du groupe musicalement parlant ?

E : En sa qualité d’auteur-compositeur, Romain arrive à être le filtre du monde qui l’entoure et il synthétise toutes les émotions. Notre rôle à nous serait d’arriver à lui donner en sons l’accompagnement qui va avec son imagination.

R : Nicolas Courret est épique, Nicolas Bonnière est Beatles et Estelle est rythmique et caressante.

L’album est sorti très récemment, j’ai vu que des dates étaient déjà sold-out, c’est plutôt bon signe, non ?

: C’est la Belgique qui a la primeur de nos premiers concerts et elle nous fait l’honneur d’avoir nos premières dates complètes dans des endroits assez éloignés de Bruxelles. Nous espérons que ce sera pareil en France. Sans promotion, La Cigale affiche quasiment complète plusieurs mois auparavant. Y en aura-t-il une deuxième ? C’est fort possible…mais nous ne nous faisons aucune idée sur notre propre notoriété. J’aimerais que de nouvelles personnes découvrent Eiffel et qu’elles viennent à notre rencontre en province.

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