Rencontre avec le metteur en scène Christophe Gand !
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Christophe Gand et je suis metteur en scène. J’ai suivi une formation de cinéma qui a abouti sur une Licence à Paris I. J’ai étudié également au Conservatoire Libre du Cinéma Français dans le XIXème arrondissement et cette école a la particularité de se trouver dans les anciens studios de Marcel Carné. Pendant mes études, j’ai fondé une société de production qui s’appelle Parfum de Films et une compagnie de théâtre Parfum de Scènes. J’ai monté des projets de courts-métrages et de pièces. « Trahisons » que je mets actuellement en scène au théâtre Le Lucernaire est ma troisième mise en scène après « La Dernière Bande » de Samuel Beckett et « Le Monte-Plats » d’Harold Pinter dans lesquelles jouait le comédien Jacques Boudet.
Comment est née ta passion pour le théâtre ?
Cela vient directement du cinéma. Au départ, je ne me destinais pas du tout à faire de la mise en scène au théâtre. Cela est venu par des rencontres dont notamment celle avec Jacques Boudet. On m’a proposé la mise en scène de « La Dernière Bande » et c’est un défi que j’ai voulu relever. C’était une occasion très intéressante d’enrichir le travail avec les comédiens qui n’est pas du tout le même qu’au cinéma.
Quelle est l’histoire de « Trahisons » ?
C’est à la fois très simple et très compliqué à pitcher. « Trahisons » raconte l’histoire d’un trio amoureux. Jerry est l’amant d’Emma qui est la femme de Robert qui est le meilleur ami de Jerry. Dans la pièce, une succession de trahisons vont se jouer entre les trois personnages, et pas seulement entre l’amant et la femme qui cachent leur relation au mari. La relation très ambiguë entre Robert et Jerry est un enjeu très fort dans la pièce. Au-delà des trahisons qui sont montrées aux spectateurs sur scène, il y a des trahisons par rapport aux idéaux des trois personnages. De par le passé des trois protagonistes et de par les liens que l’on décèle pendant la pièce, il y a tout un tas de trahisons par rapport aux idéaux de vie, aux espoirs et aux fantasmes qu’ils ont pu avoir plus jeunes. Si « Trahisons » est écrit au pluriel, c’est pour toutes ces raisons-là. La pièce est écrite intégralement à rebours et c’est aussi ce qui fait son sel et l’immense modernité du texte de Pinter.
Qu’est ce qui t’a séduit dans « Trahisons » ?
Ce qui m’a intéressé dans cette pièce, c’est la complexité des personnages, l’humanité que Pinter donne à ses personnages. Aucun d’eux n’est tout blanc ou tout noir.
Comment as-tu voulu ta mise en scène ?
Comme les personnages sont très riches, je pensais que de cette richesse des personnages se dégageait une palette d’émotions que je pouvais essayer de retranscrire sur scène, en m’appuyant sur cette construction en neuf tableaux. J’ai voulu créer des moments d’émotion avec des scènes plus dramatiques, des scènes où l’on rit davantage et d’autres où l’on est plus en suspens. Les différentes couleurs de ces scènes offrent des contrastes saisissants.
Pourquoi as-tu gardé l’époque d’origine de cette pièce ?
« Trahisons » a été écrite à la fin des années 70. La question s’est posée au départ de savoir si nous allions retranscrire la pièce à nos jours. Très vite, j’ai décidé de la garder dans les années 70 car les personnages évoluent dans un milieu social Anglais très bourgeois et ils ont un langage lié à ce niveau social. Par ailleurs, j’ai voulu rester dans les années 70 car c’est une période où l’évolution des mœurs dans nos sociétés occidentales fut très importante. Emma, par son épanouissement, en est un exemple : elle symbolise l’épanouissement et la modernité des femmes de cette époque.
En quoi « Trahisons » diffère du reste de l’œuvre de Pinter ?
Dans toute son œuvre, Pinter a développé une vision assez noire du monde. Les personnages sont utilisés comme des pions ou des marionnettes qui seraient dirigées par une force invisible alors que dans « Trahisons », il n’est pas vraiment question de politique, nous sommes plus dans des sentiments très sincères et très intenses. Cette pièce a été très largement inspirée d’une histoire personnelle d’Harold Pinter. On n’en ressort pas avec une vision très optimiste de l’amour mais grâce à cette écriture à rebours, on commence par la désillusion de l’amour pour arriver à la déclaration d’amour passionnée de Jerry, un amour charnel. Je vois cela comme une note d’espoir dans le message de Pinter.
As-tu un personnage préféré ?
Non, chaque personnage me touche particulièrement à des moments différents de la pièce. Il y a quelques scènes qui me touchent davantage. Quel que soit le bagage de vie du spectateur ou du metteur en scène, on peut se raccrocher à tel ou tel personnage même féminin quand on est un homme et inversement.
Quelles sont les qualités des trois comédiens qui incarnent Jerry, Emma et Robert ?
Ils sont tous les trois très différents. L’entente entre tous est très bonne et je pense qu’au théâtre c’est primordial, c’est une énergie qui se ressent sur scène, dans le jeu. Ils sont tous les trois plus expérimentés que moi et j’ai la chance qu’ils soient très à l’écoute, on travaille en confiance.
Tu avais déjà mis en scène « Le Monte-Plats » d’Harold Pinter, quelle est ta relation à cet auteur ?
J’ai découvert Pinter en lisant ce texte, et ça a été un choc. Ce qui me plait surtout chez lui, c’est sa vision du monde à la fois noire et cruelle et en même temps la dissection qu’il opère chez ses personnages. C’est très frappant dans « Trahisons ». Son écriture est d’une immense richesse et sous une apparente banalité dans les dialogues, il révèle les turpitudes de l’Homme. Il me semble d’ailleurs que quand il a reçu le Prix Nobel, le jury avait dit une formule du genre « sous les bavardages et la banalité de l’écriture de Pinter se révèle les tréfonds de l’âme humaine ». J’aime cette écriture à la fois très moderne et cinématographique. Ce n’est pas pour rien que Pinter a écrit plusieurs scénarios notamment pour Losey ou Kazan.
Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir découvrir « Trahisons » au Lucernaire jusqu’au 08 octobre ?
Tout d’abord, je leur dirais que Pinter est un auteur exceptionnel et très moderne qui n’a pas perdu un poil de modernité en 40 ans. Je leur mentionnerais la subtilité et l’intelligence de la pièce. Je les inviterais à venir voir la pièce pour découvrir l’humanité et la complexité des personnages. Venez voir trois très bons comédiens qui jouent ensemble et non séparément, ils incarnent au maximum la vie et la justesse de cette écriture, en offrant au spectateur tout l’humour (souvent noir) du texte. Pour terminer, Le Lucernaire est un lieu formidable où il y a une émulation très forte entre les salles de cinéma, de spectacles, le bar et le restaurant.
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