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Rencontre avec le chanteur Cyril Mokaiesh afin d’en apprendre plus sur « Clôture » son sublime nouvel album !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Léonce Barbezieux

Photo Léonce Barbezieux

Quel a été le « point de départ » de « Clôture » ?

Entre mes albums « L’Amour Qui S’Invente » et « Clôture », j’ai enregistré avec Giovanni Mirabassi « Naufragés » un disque de reprises d’auteurs que j’adore depuis bien longtemps et dont on entend très peu parler dans les médias. Je pense que le fait d’avoir plongé dans des textes très sensibles, à vif et inspirés m’a permis ; plutôt que d’être enfermé chez moi entre deux disques et de trouver un peu le temps long ; de trouver un élan et j’ai écrit une trentaine de chansons entre 2014 et 2015. Je me suis retrouvé dans une spirale positive qui a donné naissance à « Clôture ». J’ai commencé en écrivant des chansons d’amour et des chansons autobiographiques et le déclic est venu du film « La Loi Du Marché » de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon.

Qu’exprimes-tu dans ce nouvel album ?

Je ne suis pas insensible à ce qui se passe autour de nous, je suis un chanteur mais je suis aussi un citoyen. Il y a beaucoup de choses qui nous émeuvent et on comprend bien que nous sommes dans une période fondamentale de notre histoire. J’ai eu envie de mettre les deux pieds dedans en abordant un certain nombre de sujets qui me tenaient à cœur. Je parle dans ces chansons de la crise, de l’austérité, de l’Europe, des attentats, de la montée effrayante du Front National et puis de moi au milieu de cela, de comment on fait aujourd’hui quand on est un peu conscient des choses qui nous entourent quand on a 31 ans et que l’on a sa vie à faire. J’expose mes états d’âme, une vie qui a commencé, j’évoque mon enfant…C’est un peu une photo de moi au milieu d’une sorte de grand bordel intérieur et extérieur. J’ai essayé de décrire un sentiment collectif au travers de mon point de vue personnel.

Rencontre avec le chanteur Cyril Mokaiesh afin d’en apprendre plus sur « Clôture » son sublime nouvel album !

Pourquoi lui avoir donné ce titre ? Est-ce la fin d’un cycle ?

D’un point de vue politique, il semblerait que cela soit la fin d’un cycle. On arrive à un point de saturation. Il semblerait qu’il y ait un certain ras-le-bol qui prend racines par de bien mauvais moyens quand on voit Trump et l’élection présidentielle de 2017 qui semble se dessiner. Cela nous laisse croire que le monde actuel ne peut pas tourner de manière totalement égoïste en partageant aussi mal les richesses et en mettant autant de gens sur le carreau. D’un point de vue international, on assiste à des montées de violence qui viennent s’introduire dans nos vies à Paris. Je pense que c’est le reflet d’une mondialisation qui ne semble pas du tout créer ni d’harmonie ni d’idéaux. Nous sommes dans l’inverse des vœux pieux de Robert Schuman que nous avons mis dans mon texte « La Loi Du Marché ». Ce n’est pas mon métier mais il faudrait penser à revoir pratiquement tout. Tout cela amène sans doute un manque de poésie auquel je suis sensible parce que je suis un humaniste. D’un point de vue personnel et culturel, je me sens étouffé. Je suis quelqu’un qui vibre avec l’être humain, avec l’amour, avec l’idée de transmission et l’idée des belles choses. De ce point de vue-là, j’ai l’impression d’être un peu à côté de la plaque car aujourd’hui, on sent bien que le cynisme prévaut, qu’il faut rire de tout mais surtout ne pas se préoccuper des choses importantes. J’ai l’ambition de vouloir mettre du sens dans mon travail et de dire les choses telles qu’elles sont même si parfois ça fait un peu mal. Je te dirais que je suis un chanteur concerné et conscient. Pour répondre à ta question, j’espère que c’est la fin d’un cycle et qu’un nouvel horizon va nous éclairer. « Clôture » qui est la dernière chanson du disque réuni un peu tous les thèmes présents dans l’album et elle se termine par « j’ai grave envie de dessiner un mouton ». Cette phrase est peut-être moins réaliste mais elle est tout aussi importante. L’optimisme qu’il y a dans ce disque est sans doute dû à ma capacité à garder mes yeux d’enfant et à encourager les gens à rêver aussi.

« Clôture » est-il un album totalement sombre ?

Oui, c’est sûr que c’est un album sombre mais il n’y a pas d’art noir. Il n’y a pas de chansons qui ne viennent pas du cœur et qui ne soient pas des élans d’amour. Je parle de nos préoccupations, de nos peurs, de nos angoisses et de nos désillusions donc de ce point de vue-là, c’est un album sombre mais quand on en parle, c’est bien que l’on rêve de quelque chose qui soit totalement l’inverse. J’essaye d’amener les gens vers une sorte de conscience qui puisse leur permettre de communier avec moi ou alors avoir une envie pressante de changement. Certaines de mes chansons peuvent émouvoir et pour moi, l’émotion n’est pas noire, c’est tout l’inverse.

Photo Léonce Barbezieux

Photo Léonce Barbezieux

« La Loi Du Marché » en a été le premier extrait. D’où est venue l’idée d’un duo avec Bernard Lavilliers ?

Bernard Lavilliers est quelqu’un qui parle de son époque, il a énormément de poésie en lui, il voyage, il a été voir et expérimenté musicalement mais aussi d’un point de vue personnel je pense, c’est quelqu’un de bien rempli et de bien mur et je te dirais qu’il est pour moi une référence dans la chanson Française depuis bien des années. J’avais eu l’occasion de le rencontrer quand j’avais été nommé pour le Prix Constantin, il avait été mon parrain et nous avions pu échanger. A partir de ce moment-là, je suis entré dans son œuvre et je me suis rendu compte que certains de ses textes résonnent encore avec notre époque. Quand j’ai écrit cette chanson, j’ai senti que sa voix de grand frère pouvait apporter de la force et des racines à mon travail. Je lui ai envoyé ma chanson et par chance, il s’est reconnu dans ce texte.

On te retrouve également en duo avec Elodie Frégé sur le titre « Houleux ». Vous travaillez ensemble à son prochain album. Quelle couleur vas-tu apporté à cet album très attendu ?

Elodie n’a pas besoin de moi pour avoir une identité forte et elle la cultive déjà depuis quelques albums. Elodie est une vraie musicienne qui prend des risques et elle possède un sens de l’esthétique plus prononcé que le mien. C’est la première fois que j’ai autant de fluidité à faire chanter certains de mes mots. C’est Elodie qui m’a demandé de lui faire quelques chansons en me mettant à sa place sans trop me dénaturer. Je ne saurais ce que je lui apporte mais je te dirais que ces chansons parlent principalement d’amour.

Photo Léonce Barbezieux

Photo Léonce Barbezieux

A qui destinerais-tu « Clôture » ?

Je le destinerais forcément aux personnes qui sont sensibles à la chanson qui prend la parole haut et fort mais parfois aussi avec ses maladresses. « Clôture » est également mon histoire, il faut donc être sensible à ce que je suis, à ma manière de dire les choses et à ma manière de chanter. Je dirais que cet album ne se consomme pas comme un divertissement, il se prend quand on est d’humeur à écouter cela et que l’on a envie de remuer des choses en soi. Je te dirais qu’il faut d’être dans une humeur à recevoir de l’intensité.

Quand on écrit avec une plume comme la tienne, a-t-on des envies plus littéraires ?

J’en ai parlé il y a peu à un ami en me questionnant sur quelle autre discipline pourrait m’intéresser un jour. L’écriture me suivra toute ma vie que ce soit des chansons ou des poèmes. Pour moi, c’est quasiment la même chose. Peut-être qu’un jour, je mettrais entre parenthèse la musique afin d’être pendant un temps uniquement dans les mots mais je ne suis pas sûr que cela me comble complètement.

Quel a été le « déclic » pour te lancer dans la musique ?

Je te dirais que cela remonte à l’âge de 18 ans. J’adorais chanter et j’ai eu très vite un goût pour la chanson Française car j’aimais comprendre ce que je chantais. Je me suis lancé sans me rappeler vraiment pourquoi. J’avais commencé à écrire quelques strophes et je me rappelle m’être mis à la place d’un cèdre au Liban. Je parlais d’amour en me mettant à la place d’un arbre et en l’occurrence d’un cèdre puisque je suis Libanais d’origine de par mon père. Cela lui avait plu, j’avais aimé le faire et j’ai voulu aller plus loin. A ce moment-là, j’ai lâché le tennis pour me lancer dans cette folle histoire qu’est l’écriture et la chanson.

Photo Léonce Barbezieux

Photo Léonce Barbezieux

On parle beaucoup de chanteur engagé mais avant le chanteur, il y a le citoyen. Quels seraient tes solutions pour que la France aille « mieux » en 2017 ?

C’est difficile d’en parler en interview. J’en parle en privé avec mes amis sans qu’il n’y ait des enjeux. Je ne veux pas paraître présomptueux car les politiciens ne me demandent pas comment écrire une chanson. Je leur demande tout simplement d’être irréprochables et s’ils ne le sont pas qu’on n’en entende plus parler.

Quels sont tes prochains projets ?

Mon principal projet va être ma tournée. Je serais en concert à La Maroquinerie le 28 février. La tournée va nous emmener jusqu’à début 2018. Je commence à réfléchir à la suite soit en écrivant pour les autres, soit en me mettant dans un projet collectif soit en me mettant dans mon prochain album mais j’ai envie de pousser « Clôture » au maximum afin qu’il touche le plus de gens. J’ai vraiment envie de défendre cet album le plus possible car c’est un album personnel mais il est voué à rencontrer les gens.

 

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