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Rencontre avec un Guitar Hero à la française, Jean-Pierre Danel !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Adrien Dubuisson

Photo Adrien Dubuisson

Vous venez de sortir l’album Guitar Tribute. Pouvez-vous nous présenter ce disque ?

Guitar Tribute est un coffret dans lequel il y a deux CD et un DVD. On retrouve un CD Best Of avec des extraits de mes albums précédents, il y a des duos notamment avec Laurent Voulzy, Paul Personne, Louis Bertignac ou avec Hank Marvin du groupe The Shadows. Le second disque est un live que l’on retrouve aussi en DVD.

Pouvez-vous nous parler de ce concert ?

J’ai fait ce live pour ma fille qui à l’époque avait 2 ans et qui voulait que son papa joue de la guitare ; chose que je ne faisais pas beaucoup à ce moment-là. J’avais joué trois morceaux devant des amis au nouvel an et puis comme ma compagne me demandait également de jouer, j’ai décidé de m’y mettre et de le faire vraiment. J’ai la chance d’habiter un grand endroit où j’ai pu installer une scène, j’ai fait venir plus de 130 copains et la famille ainsi que cinq musiciens afin de faire un vrai concert. Michael Jones m’a rejoint pour un morceau ainsi que mon papa. Ce duo père-fils a été très émouvant car nous avons joué le premier morceau de guitare que j’ai étendu en 1979 et qui m’a donné envie d’apprendre la guitare en autodidacte. Ce morceau s’intitule Shadoogie et c’est également le premier morceau que j’ai joué professionnellement lors d’une tournée en 1982 alors que je n’avais que 13 ans. C’est très mignon de rejouer ce morceau devant ma fille plus de 30 ans après, avec son grand-père. Je ne pensais vraiment pas sortir ce dvd et petit à petit cela s’est professionnalisé.

Photo Ledroit-Perrin

Photo Ledroit-Perrin

Comment avez-vous choisi les morceaux composant ce coffret ? Font-t-ils partie intégrante de votre culture rock ?

Si l’on parle du Best Of, c’est un cas un peu à part car nous avons choisi les morceaux les plus représentatifs des albums et ceux qui ont été classés dans les charts. Ce choix a été plus pragmatique. Sur le live, j’ai joué réellement ce que j’avais envie de jouer sans savoir si c’était commercial ou pas puisqu’à l’origine, cela ne devait pas sortir. Je voulais remonter un peu aux racines et j’ai donc choisi des morceaux avec lesquels j’ai appris à jouer de la guitare, pour que ma fille comprenne ce répertoire. Il y a plusieurs titres des Shadows, des trucs rock’n’roll car j’aime ce style de musique mais aussi parce que c’est très rigolo à jouer, et j’ai joué également des morceaux à moi car je savais que les personnes qui venaient à ce concert seraient contents de les entendre. On a essayé d’alterner les reprises et mes chansons, on a même fait des reprises de chansons peu connues en France comme celle de Cliff Richard. J’ai joué un titre en Français que j’avais fait avec un ami à moi qui nous a quitté, et j’avais fait la promesse à sa maman que je jouerais ce titre en son souvenir. Ces chansons me parlent à moi et je les ai choisies sans aucune idée marketing derrière. Il se trouve que le coffret marche bien en terme de ventes, je dirais que c’est peut-être parce que le public a senti que c’était quelque chose de sincère et sans calcul.

Il y a plusieurs duos sur Guitar Tribute. Comment sont-ils nés ?

J’ai fait pas mal de duos dans ma vie et ils sont tous nés d’envies partagées. J’ai fait plein de choses avec Hank Marvin que j’admire, il y a Brian May également dans le DVD, je suis très heureux que ces grands artistes soient contents de voir leur nom à côté du mien. Je pourrais citer Louis Bertignac, Laurent Voulzy, Jean-Felix Lalanne, ces collaborations naissent de coups de téléphone, d’envies mutuelles, pour le fun et non pour l’argent. Je dois dire que je n’ai jamais fantasmé sur le fait de devenir un people à qui on arracherait sa chemise dans la rue, sinon je n’aurais pas choisi de faire de la guitare instrumentale.

Photo Adrien Dubuisson

Photo Adrien Dubuisson

Comment êtes-vous venu à la guitare ?

C’est une belle histoire, j’avais 10 ans et demi, c’était en 1979, j’étais à l’anniversaire de ma sœur Nathalie et l’un de ses amis passaient des disques. Il a joué Shadoogie des Shadows et cela a été un vrai coup de cœur. J’ai eu envie de faire pareil. J’avais un jouet en plastique à la maison, je mettais mon casque et je faisais comme si je jouais de la guitare devant ma glace et mon père m’a dit, au bout de quelques jours, qu’il fallait que soit je joue réellement soit que je passe à autre chose, et il m’a acheté une petite guitare Coréenne. Je n’avais pas d’ampli, je posais le manche de la guitare sur une table pour que cela résonne, et j’ai appris à l’oreille sans prendre de cours et sans connaître le solfège. Trois ans après, je faisais ma première tournée professionnelle durant deux mois et demi, et on jouait parfois devant 20 000 personnes. Par la suite, j’ai fait des séances studio avec les équipes de Michel Berger et d’autres musiciens.

Vous êtes un grand collectionneur. Quelle serait la pièce maitresse de votre collection ?

Je dois avoir environ 55 guitares, ce sont toutes des Stratocasters et il y en a une en particulier qui s’appelle Miss Daisy, et qui est une pré production de 1954. Il y a dû en avoir entre 40 et 50 à l’époque et on ne sait pas combien il en reste aujourd’hui, ces guitares sont dans des musées et valent le prix d’un appartement Parisien, hélas. Je suis obligé de prendre des précautions avec cette guitare mais c’est logique car c’est comme un Stradivarius. J’ai plein de copains guitaristes qui ont joué dessus, dont Brian May ou Hank Marvin. C’est une belle guitare et quelque chose d’assez exceptionnel qui est chargé d’histoire. J’ai fait un morceau sur cette guitare qui s’appelle The Pink Side Of Miss Daisy, que l’on retrouve dans le concert.

Rencontre avec un Guitar Hero à la française, Jean-Pierre Danel !

Vous êtes l’un des producteurs indépendant Français les plus importants, et dans des styles très variés. Qui compte-t-on dans votre catalogue ?

Il y a des choses très variées, effectivement. Il y a des disques que j’ai produit en studio où j’étais aux manettes et puis il y a le catalogue d’enregistrements qui a été construit grâce aux droits des chansons que j’ai acquis tout au long des années, et cela représente plus de 18 000 titres parmi lesquels Elvis Presley, Brassens, ou Stone et Charden… Dans mon travail de producteur en studio, j’ai fait des choses très différentes, j’ai travaillé avec Laurent Voulzy, avec Louis Bertignac, avec mon papa, j’ai produit des disques pour enfants, une partie de la collection Buddha Bar ; dans un genre différent, Elie Kakou ; j’ai produit du classique, un artiste Espagnol qui fait du flamenco symphonique, des compilations comme celles du Hit Machine ou du Top 50… C’est ce qui m’aide à faire autant de choses. J’aime bien passer d’une chose à une autre. Je me suis régalé quand j’ai fait les Fables de La Fontaine avec Jean-Pierre Darras. Je me suis bien amusé avec tout cela.

Quel est votre rapport à Sacha Guitry ?

Je n’ai pas un rapport direct à Sacha Guitry mais quand j’étais ado, j’avais entendu les fameuses citations de Guitry que l’on rapporte toujours en les faisant passer pour des citations misogynes alors que ce n’est pas que cela, puisque que Guitry donnait aux femmes une place très moderne dans ses pièces. C’était tout le contraire de la misogynie, puisqu’il donnait un statut autonome aux femmes et c’était plutôt scandaleux pour l’époque. Je me disais souvent que ce type-là arrivait à résumer en une phrase ce que n’importe qui mettrait 20 lignes à écrire. C’est quelqu’un qui me fait beaucoup rire, et puis il a eu une vie très romanesque, il a fait de ses femmes des stars de cinéma, il a côtoyé Chaplin, Orson Welles… J’aime son intelligence et puis, c’est lui qui a inventé la voix off au cinéma. Sacha Guitry a été une star incroyable qui pouvait avoir 4/5 pièces à l’affiche et pas seulement en France mais partout dans le monde. Je dirais que c’est de l’humour intelligent, avec de la finesse et de l’esprit.

Rencontre avec un Guitar Hero à la française, Jean-Pierre Danel !

Vous êtes musicien, producteur, auteur de livres…D’où vous vient toute cette énergie créatrice ?

Je dors peu mais ça a toujours été, je ne m’ennuie jamais car je fais toujours quelque chose. Je dirais qu’aujourd’hui mon énergie me vient de ma fille. On a tous besoin de reconnaissance, c’est humain mais je n’ai jamais eu besoin de notoriété. Ma motivation a toujours été de créer des choses. Je suis content d’avoir une idée et qu’un jour, elle devienne concrète. Je travaille beaucoup à l’affect et au partage avec les gens. Tout ça, c’est en quelque sorte de l’amour, en résumé.

On retrouve sur votre live un duo avec votre père. A-t-il toujours encouragé votre vocation ?

Oui, toujours, j’ai eu de la chance à ce niveau-là, mais on n’a jamais joué là-dessus. Avant de chanter, mon père a été guitariste dans un groupe qui s’appelait Les Panthères dans les années 60. Quand j’ai démarré la musique, mes parents m’ont encouragé à être créatif. Pendant mes années collège et lycée, je faisais déjà des séances de studio le soir et le week-end. Quand j’ai eu mon bac, je travaillais déjà depuis des années, j’ai monté ma boite à 19 ans, le premier disque d’or que j’ai produit, j’allais avoir 20 ans.

Photo Adrien Dubuisson

Photo Adrien Dubuisson

Quels sont vos prochains projets ?

Pas mal de mes projets tournent autour de ma fille et de ma famille. Professionnellement, j’ai été contacté par Jean-Felix Lalanne et j’en suis très heureux, et nous allons faire quelque chose ensemble, mais quand…je ne saurais donner une date mais on travaille dans la bonne humeur. Le 23 mai, je serais présent à L’Olympia pour le concert caritatif pour Les Petits Frères Des Pauvres. Je trouve que c’est la moindre des choses dans nos métiers de renvoyer un peu l’ascenseur et j’ai fait pas mal de caritatif dans ma vie, et je suis ravi de le faire là-encore. Dans l’intervalle, je continue la promo de mon disque. On m’a proposé de faire un duo avec un guitaristes du groupe américain The Ventures, j’ai des projets avec Brian May, on se dit avec Hank Marvin qu’il faudra qu’on refasse quelque chose ensemble…J’ai envie de faire des trucs qui me font plaisir même s’ils ne sortent pas dans le commerce. Moins je me pose de questions, mieux ça vaut !

Photo Adrien Dubuisson

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