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Rencontre avec Georges Beller actuellement à l’affiche de la pièce Enfer Et Contre Tout !

Publié le par Steph Musicnation

Rencontre avec Georges Beller actuellement à l’affiche de la pièce Enfer Et Contre Tout !

Pouvez-vous nous présenter la pièce Enfer Et Contre Tout ?

C’est une folie avec laquelle nous avons essayé de casser les codes du théâtre de boulevard traditionnel en les explosant justement à travers des personnages appartenant à ce genre théâtral.

On retrouve la femme, le mari volage, l’amant, la maîtresse… mais ces personnages ne sont pas du tout là où l’on a l’habitude de les voir et c’est cela la grosse surprise de cette pièce et nous prenons tous vraiment beaucoup de plaisir à jouer Enfer Et Contre Tout !

Qui est votre personnage ?

Je joue le rôle de Pierre, un menteur qui se fait passer pour ce qu’il n’est pas.

Il profite de ses mensonges pour faire la cour à une comédienne en lui faisant croire qu’il est producteur de films.

Il est l’amant de Charlotte ( jouée par Séverine Ferrer ) qui attend beaucoup de cette relation pour jouer au cinéma et faire décoller sa carrière.

Ils ont un rendez-vous galant tous les lundis et ce jour là Charlotte est très stressée car elle doit jouer la première d’un spectacle qui s’appelle 100% Dracula où elle joue la maîtresse de Dracula.

Elle est assez inquiète car elle ne sent pas bien dans le rôle et Pierre aide Charlotte à répéter.

Des péripéties vont arriver avec l’annonce d’une mauvaise nouvelle concernant la pièce…

Rencontre avec Georges Beller actuellement à l’affiche de la pièce Enfer Et Contre Tout !

Comment vous est venue l’idée de cette pièce ?

J’ai beaucoup joué dans des pièces de boulevard, elles sont toutes formidables même si certaines ont plus de succès que d’autres.

Avec Enfer Et Contre Tout, nous nous sommes amusés avec les autres auteurs à surprendre les gens avec une pièce de boulevard en les amenant là où une pièce de boulevard ne va jamais.

On va montrer des choses que nous ne voyons jamais dans du théâtre de boulevard et aucun des personnages n’est ce qu’on croit qu’il est, c’est très drôle car le fond de l’histoire est que chaque personnage est double dans cette pièce qui a pour vocation de faire rire et nous y sommes arrivés et nous sommes très heureux du résultat.

Comment définiriez-vous la troupe de comédiens qui vous accompagne ?

Ce sont des acteurs qui connaissent ce genre de théâtre car c’est un théâtre très physique et très difficile à jouer contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la technique du rire étant une technique très compliquée.

J’ai eu cette chance formidable de d’abord rencontrer Séverine Ferrer que je connaissais par le biais de la télé et j’ai été stupéfait par son talent de comédienne, elle est pleine de vie, de charme et de talent.

Nous sommes partis en tournée avec Eric Collado mais des contrats estivaux l’ont obligé à jouer ailleurs, il a été remplacé par l’acteur Stéphane Russel qui est un acteur que je connais bien et que j’ai déjà mis en scène dans Trop C’est Trop ou Ma Femme S’Appelle Maurice, c’est un acteur formidable qui sait magnifiquement jouer.

La troupe est totalement homogène et c’est une troupe qui se jette corps et âme dans les rôles.

Je dirais qu’au final les comédiens d’Enfer Et Contre Tout forment un orchestre rock’n’roll.

Rencontre avec Georges Beller actuellement à l’affiche de la pièce Enfer Et Contre Tout !

Quel a été pour vous le Dracula le plus crédible au cinéma ?

Je dirais tous ceux de ma jeunesse mais en particulier Peter Cushing qui était un acteur magnifique, il a joué Dracula durant très longtemps et quand j’allais au cinéma avec des amis vers 12-13 ans, c’est cet acteur qui l’incarnait.

On riait beaucoup avec tous ces films car c’était très second degré.

Avec Enfer Et Contre Tout, on se moque gentiment du mythe avec cette troupe ringarde qui tente de monter cette pièce pourrie intitulée 100% Dracula.

Tout le monde connaît Dracula, toutes générations confondues, Dracula est planétaire, on en a fait des films, des pièces, des opéras rock et même des publicités…

Votre carrière est très riche notamment au théâtre, au cinéma et à la télévision, quelle émission vous évoquerait le plus beau souvenir ?

Il y en a tant car j’ai eu beaucoup de chance dans ma carrière, c’est très difficile à choisir car ma vie est faite d'un tas de belles rencontres…

J’ai eu comme producteur d’une émission de télé mon ami Jean Yanne et j’ai de très beaux souvenirs de tendresse avec lui.

J’ai eu des émissions à mourir de rire car au dernier moment il s’est produit des catastrophes notamment à cause des aléas du direct.

Je me souviens d’une émission filmée dans un pays de l’est, c’était pour Jeux Sans Frontières que j’ai co-animé avec Marie-Ange Nardi et aussi Daniela Lumbroso, ma collègue était toute ravissante, bien habillée et bien maquillée, on commence l’émission et là il y a eu une panne totale d’électricité durant 4 heures.

Nous étions dans le noir total dans un stade et quand la lumière est revenue nous ne nous sommes pas rendus compte qu’on enchaînait les jeux comme si de rien n’était mais en regardant l’émission, on voit que quelque chose s’était passée, la barbe avait poussée, la chemise était dégueulasse, le teint blafard…c’est un souvenir à mourir de rire.

Rencontre avec Georges Beller actuellement à l’affiche de la pièce Enfer Et Contre Tout !

Quel a été le rôle qui vous a demandé le plus de composition ?

Il y en a eu beaucoup également !

Irma La Douce en 1977 a été un gros challenge pour moi car je jouais le rôle principal et je chantais.

Je pense également à Pauvre France avec Jean Lefebvre car je ne venais pas du tout du boulevard à l’époque, je jouais des pièces classiques et Jean-Michel Rouziere qui montait Pauvre France m’a proposé d’y jouer, c’était un grand comédien et aussi le directeur général du Théâtre du Palais Royal.

Ce fut un succès magistral et nous avons joué la pièce durant 4 ans, cela a été une belle aventure et j’ai beaucoup appris de cette expérience.

Cela fait 51 ans que je fais ce métier et je n’ai jamais arrêté, j’ai également fais de belles rencontres et vécu des aventures théâtrales avec des gens formidables.

Pouvez-vous nous parler de la pièce Je Ne Veux Pas Mourir Idiot ?

C’est une pièce qui a été crée en partant des dessins de Georges Wolinski qu’il avait fait durant toute la période de Mai 68.

C’est une idée de Claude Confortes d’en tirer une pièce, à l’époque nous étions 5 comédiens et on nous a demandé d’en tirer des scènes en improvisant.

C’est une pièce qui devait à l’origine se jouer seulement 3 jours bénévolement à Aubervilliers et il y a eu une telle folie, un tel engouement que nous l’avons jouée durant un an à guichets fermés avec un public pas toujours d’accord avec ce qui était dit.

C’était très chaud dans la salle, des gens se foutaient sur la gueule et des cars de police stationnaient devant le théâtre.

C’était formidable car nous étions à une époque de libération totale y compris de la parole.

C’est un moment charnière de l’histoire et bien plus que l’on ne le pense, Mai 68 ce n’est pas que les baba cool, il y a eu plus de libertés pour les femmes et ça a cassé des barrières.

On vivait dans une société où les femmes n’avaient pas le droit de faire tout un tas de choses, c’était une société archaïque et patriarcale qui écrasait avec tout le monde avec des idées reçues, la femme devait arriver vierge au mariage, l’homosexualité était tabou, c’était la honte, les homosexuels ont beaucoup souffert de ce racisme violent et redoutable.

Il fallait vraiment casser tout cela et les politiques ont du évoluer avec cet évènement.

En 1968, il n’y avait que deux radios, la censure était présente à la télévision, le président avait un intervieweur officiel et il ne répondait qu’à des questions déjà posées quelques jours avant…

Il y avait un vrai décalage avec les enfants de l’époque et il fallait se battre.

Cette pièce raconte une page d’histoire, on y retrouve la peur de l’extrémisme, la peur du manque de libertés, l’écoute des femmes, le respect et à l’heure actuelle, c’est encore une grande leçon.

Avec Philippe Ogouz nous l’avons crée et cette pièce était un grand moment joyeux dans notre vie à l’origine et maintenant elle a une autre dimension avec la mort odieuse de Georges Wolinski.

Malheureusement, la pièce ne va pas changer quoi que ce soit mais il est important de le dire quand même.

Il y a encore des gens de bonne volonté qui se battent et j’espère que cette violence passera mais il faut rester vigilants et c’est ce que dit la pièce…

Rencontre avec Georges Beller actuellement à l’affiche de la pièce Enfer Et Contre Tout !

Quels sont vos modèles aussi bien au théâtre qu’au cinéma ?

Il y a beaucoup de monde, j’adore des acteurs classiques tels que Michel Simon, Gérard Philippe, Jean Gabin avant-guerre, Micheline Presle, Daniel Gélin, Anthony Quinn, Charlie Chaplin, Buster Keaton, j’ai eu une période Darry Cowl…il y en a plein !

Avez-vous le temps d’aller voir des pièces à Paris ?

Bien sûr et j’adore voir le travail des autres.

Le théâtre pour qu’il continue à vivre, il faut y aller car les gens ont pris l’habitude d’avoir beaucoup de plaisir à domicile.

Quand on ne va pas au théâtre, on oublie le plaisir de voir une chose rare car le théâtre est comme la vie, rien n’est jamais pareil, c’est une nouvelle aventure qui se crée avec le public à chaque représentation.

Le théâtre a toujours existé et les comédiens perpétuent cette tradition, on peut rire, on peut pleurer, Paris est riche qui plus est culturellement et le théâtre reste très abordable.

Y-a-t-il un metteur en scène avec qui vous rêveriez de travailler ?

J’aimerais beaucoup être mis en scène par Anne Bourgeois qui donne un œil bienveillant sur la pièce de Wolinski, j’adore cette femme et son travail.

Photo Isabelle Bordes

Photo Isabelle Bordes

Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Oui, j’ai d’autres projets à venir…

Je trouve que la vie n’est pas qu’une seule chose, la vie est diverse et chacun trace son chemin pour trouver son bonheur.

J’ai la chance grâce à mon métier d’échapper à une certaine routine, on peut écrire, mettre en scène, jouer, rencontrer des gens et n’être jamais au même endroit indéfiniment.

Je vais jouer dans Je Ne Veux Pas Mourir Idiot au Théâtre Déjazet dès le 1er septembre en hommage à Wolinski et puis je vais aller jouer My Fair Lady à l’Opéra de Metz avec un orchestre philharmonique.

Je reste émerveillé comme au premier jour à ce niveau là !

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