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Rencontre avec June the Girl à l’occasion de la parution de « Fresh Air » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Sarah Gotrot

(c) Sarah Gotrot

Comment vois-tu l’évolution de ton projet musical depuis tes débuts ?

J’ai débuté mon projet en 2016 avec « I Say Love » et ensuite, j’ai réalisé mon premier EP et mon premier album en Auvergne avec Antoine Essertier mais c’était un autre processus de création par rapport au travail que j’ai entrepris avec François Welgryn et William Rousseau depuis deux ans. Je dirais qu’une nouvelle page s’est écrit dans mon parcours artistique avec « I’m The Girl » et « Fresh Air » ; mes deux derniers singles. Aujourd’hui, je suis en indépendant alors qu’auparavant, j’étais signée en maison de disques et maintenant, j’ai cerné l’univers que je veux défendre, ce que je veux faire ou ne plus faire et avec qui je veux travailler. Sur mon nouveau projet, j’ai un plus grand contrôle et c’est ce qui me permet de le présenter plus facilement. Je voulais donner une image plus complexe de la jeune femme que j’étais, ses humeurs changeantes, ses contradictions et ne pas rester dans une émotion trop lisse…sur le projet précédent, j’étais plus jeune et je n’avais pas la même vie qu’au jour d’aujourd’hui ; j’étais dans un petit cocon à Marseille. Par ailleurs, j’ai vécu un drame familial qui a tout chamboulé et qui m’a peut-être bougé de ma trajectoire initiale qui était plus Pop acidulée. Grâce ou à cause de cela, ça m’a permis d’explorer des choses un peu plus sombres ; je pense que je les avais déjà en moi mais je ne savais pas encore comment les mettre en lumière et en chanson. Aujourd’hui, j’ai 26 ans et la place que j’ai dans la société n’est pas la même que celle que j’avais quand j’ai créé ce projet tout comme mes questionnements…Il s’est avéré que je suis la fille parano qui fait l’amour et la gueule !

Vois-tu June The Girl comme un alter ego ?

Oui et à vrai dire, il y a eu un moment où j’ai été perturbée par cette double identité June The Girl/Marine même si on ne peut dissocier les deux car c’est une et même personne. En revanche, il y a des traits que je vais plus mettre en avant que d’autres. La personne que je suis dans la vie de tous les jours est un peu plus rationnelle, pessimiste, un peu négative, plus terre-à-terre ; très réaliste, finalement alors que June The Girl est plus dans la lune, dans l’imaginaire, elle a un côté Pop, coloré et pétillant. Mais, il y a quand même des failles chez June The Girl et je les ai mis en avant dans « I’m The Girl ». Je dirais que June The Girl est un idéal.

(c) Sarah Gotrot

(c) Sarah Gotrot

Es-tu venue assez rapidement à la musique ? Était-ce une évidence d’en faire ton métier ?

Je voulais faire de la musique depuis longtemps, j’ai toujours senti que j’avais la fibre artistique en moi mais je ne suis pas issue de ce milieu-là et je n’ai commencé à écrire des chansons que pour mon premier album. J’ai fait en sorte d’arriver là où je devais être et tout est arrivé très vite car moins de six mois après avoir écrit mes premières chansons, j’étais diffusée sur RTL2 et Virgin Radio. Quand tout cela est arrivé, j’étais un peu jeune ; j’avais 18/19 ans ; je ne connaissais pas ce métier mais j’en ai appris les ficelles avec le temps. Faire ce métier est devenu une évidence mais j’ai quand même continué mes études de communication et journalisme Web en parallèle. C’est un besoin, c’est une passion ; j’ai toujours voulu laisser une trace de mon passage sur Terre ; je pensais le faire peut-être avec le journalisme mais j’espère que ça sera le cas avec la musique même si cette trace est toute petite.

Qu’aurais-tu envie de véhiculer au travers de ton projet musical ?

J'ai envie de donner une image d'une femme qui assume ses dualités et ses contradictions...je prends mes idées noires comme elles viennent, elles correspondent à l'époque dans laquelle je vie, et elles font aussi en sorte qu'on se réveille pour profiter des bonnes choses qui arrivent ! A travers mes émotions et mes questionnements, j’avais envie de parler de ma génération pour laquelle les choses sont parfois compliquées…le monde est menaçant, c’est difficile de tenir une ligne droite, je voulais raconter mon parcours fait de questions et faire émerger l’espoir dans cette dualité…je dis dans « Lamentable », « on y croit, on y croit, des fois en tout cas », j’ai voulu travailler toute cette palette de sensations entre les idées noires et la construction de soi-même pas à pas…pour que les autres se reconnaissent et fassent le chemin avec moi !Et puis je tenais à m’exposer telle que je suis, sincère, exigeante, spontanée sans être naïve, forte et fragile à la fois…Dans ma vie, il y a des artistes et des chansons qui m’accompagnent depuis toujours et j’aimerais moi-même accompagner un jour des personnes comme cela dans la leur que ce soit pour un mariage ou pour une rupture. Pour ma part, quand j’en vis une, j’écoute toujours « The Scientist » de Coldplay et je pleure dessus pendant trois heures. Le fait qu’une chanson traduise comme cela des émotions à un instant t, je trouve cela extrêmement touchant et c’est ce pour quoi j’essaie de m’invertir au maximum dans toutes étapes artistiques de mon projet afin de l’assumer totalement.

Il y a du français et de l’anglais dans ton répertoire, est-ce une façon pour toi de ne pas te mettre de barrière ?

Oui, on peut dire cela. Je suis quelqu’un qui n’aime pas être mise dans une case ; je suis un électron libre, j’aime être libre de mes choix et c’est aussi pour cela que j’ai commencé avec des titres très Pop et Folk et que maintenant, je me dirige vers des sonorités plus actuelles et notamment plus « urbaines ». Dans la musique, j’aime le fait de pouvoir surprendre et de ne pas être là où on nous attend. Des artistes comme Taylor Swift ou Madonna ont su se renouveler et je trouve ça incroyable. A travers mes chansons, je n’ai pas envie de choisir entre le français et l’anglais. A la base, j’ai commencé à écrire en anglais avant de m’essayer au français ; l’anglais était une sorte de carapace pour moi alors que le français, c’est tout de suite plus intime, c’est une mise à nu. Alors, on a choisi de les mélanger un peu, comme une façon de pensée un peu multiple qui crée aussi une esthétique…

(c) Sarah Gotrot

(c) Sarah Gotrot

Penses-tu au marché international ?

De très loin car je pense déjà au marché national. J’avance étape par étape et j’ai appris à me contenter de ce que j’ai. Je vis plus le moment présent par rapport à mes débuts.

Comment est né « Fresh Air » ton nouveau titre ?

Cette chanson est née après le confinement. Comme beaucoup de monde, je suis restée enfermée dans mon petit appartement parisien et j’ai trouvé cela assez oppressant. Sur les réseaux sociaux ou quand j’étais en live avec les gens, je sentais qu’il y avait quelque chose de pesant, qu’il y avait du désespoir et une baisse de moral généralisée. Nous nous sommes vus avec François et William et je leur ai dit que j’avais commencé à écrire un texte dans lequel je disais que je voulais me faire la malle. Je dirais que cette chanson est née d’un trop plein et nous étions tous les trois dans la même incompréhension du monde, nous voulions quelque chose de frais, de léger sans se poser de questions. « Fresh Air » est une chanson très positive et solaire qui fait du bien. C’est la chanson d’une fille qui avait besoin d’évasion dans son appartement parisien…même si on sent que le malaise n’est pas loin et qu’il peut revenir : c’est notre combat de tous les jours de trouver cette lumière !

Ton EP « I’m The Girl » n’est sorti qu’au printemps, « Fresh Air » est-il un avant-goût d’un album à paraître dans les prochains mois ?

Dans les prochains mois, je ne sais pas mais en tout cas, nous allons retourner en studio afin d’enregistrer de nouvelles chansons pour l’album. Nous allons aussi peut-être mettre en avant des titres de l’EP qui méritent plus de lumière, comme « Cavale au Bates Motel » que j’adore… Je n’ai pas de date prévisionnelle à annoncer pour la suite car étant en indépendant, les choses sont beaucoup plus compliquées à planifier…

(c) Sarah Gotrot

(c) Sarah Gotrot

Pour reprendre le titre de ton nouveau single, où vas-tu respirer du fresh air pour te ressourcer ?

Je suis allée me ressourcer dans Le Lot chez mon père ; dès que l’on s’approche de La Dordogne, l’air frais arrive ; et ça m’a fait beaucoup de bien. Je vais également quasiment tous les étés à Granville en Normandie chez mes grands-parents. J’ai vraiment besoin de voir la mer et de grands espaces.

Sur tes derniers titres, tu as collaboré avec François Welgrym et William Rousseau ; qu’apprécies-tu le plus chez ces deux auteurs-compositeurs ?

Il y a eu une vraie rencontre artistique entre nous et je m’estime extrêmement heureuse de pouvoir travailler avec des auteurs-compositeurs de leur envergure. Il n’y a pas de notion de jugement chez eux et c’est ce que j’apprécie le plus.

Dirais-tu qu’à vous trois vous avez emmené encore plus loin ton projet musical ?

François et William savent me mettre à l’aise, m’écouter, embellir et mettre en lumière ce que j’ai en moi ; comme si j’étais un diamant brut et eux, ils me façonnent pour que je brille de mille feux. En studio, chacun rebondit sur les idées des deux autres et c’est comme si ce que l’on imaginait prenait réellement forme et je trouve ça incroyable. Il y a quelque chose de magique dans ce processus. Nous-mêmes quand nous sortons du studio, nous ne savons pas expliquer comment nous en sommes arrivés là en si peu de temps mais nous en sommes fiers. Je sens que même eux, ils sont fiers de notre collaboration à nous trois.

« I’m The Girl » est-il le titre dans lequel tu te retrouves le plus à l’heure actuelle ?

Oui car ma vie a beaucoup changé ces deux dernières années. J’ai la chance de faire les premières parties de Louane mais à l’époque, je n’étais plus en phase avec les chansons que je chantais. Mon chemin de vie à faire que j’ai bifurqué, je ne pouvais plus chanter des chansons Pop romantiques. Je me suis retrouvée chez François et je lui ai dit que je n’avais pas envie de sourire, que je ne me sentais pas bien, que j’étais comme prisonnière de cette image de petite fille blonde très solaire. J’étais dans une phase de rejet de la personne que j’étais auparavant. J’avais vraiment envie de murir, de parler de choses plus sérieuses, de ma peine, d’utiliser des mots aussi secs et piquants que les coups que je pouvais avoir dans le cœur. Je ne voulais plus tourner autour du pot. Quoi qu’il en soit, François et William m’ont apporté beaucoup de lumière à un moment où moi, je ne voulais plus forcément en avoir et ils m’ont rappelé qui j’étais. « I’m The Girl » est une chanson qui traite de la recherche d’identité.

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