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Rencontre avec Hugh Coltman à l’occasion de la sortie de son nouvel album « Who’s Happy ? » !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Crista Rock

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Peux-tu nous dire pourquoi ta carrière en solo ne commence qu’en 2008 ?

Tout simplement car c’était une question de confiance à avoir en moi. Quand j’ai commencé la musique, j’étais dans une fac de théâtre et dans le petit village où je vivais, le guitariste de mon premier groupe cherchait un chanteur et il savait que quand j’étais gamin, j’avais chanté dans des chorales et il m’a proposé la place. Nous avons commencé tous les deux à zéro et nous avons recruté d’autres membres. Nous avons joué dans des pubs, puis dans des clubs et puis dans des salles plus grandes. J’étais comme dans un cocon dans ce groupe et mon rôle n’était pas du tout celui d’être auteur-compositeur. J’étais chanteur et je composais uniquement les mélodies de chant et des textes. Une fois que le groupe a décidé d’arrêter en 1999, j’ai voulu faire une cassure avec tout et je suis venu en France afin de me prouver que je pouvais y arriver par moi-même. J’ai commencé à jouer dans le métro et dans des petites scènes ouvertes. Durant près de sept ans, j’ai fait quelques collaborations avec différents groupes.

The Hoax a sorti plusieurs albums depuis tes débuts en solo ; cela te permet-il de présenter deux facettes différentes de ta personnalité ?

C’est une bonne question et je dirais sûrement car avec The Hoax, nous faisions une musique très Blues, un peu Rock dans la lignée de Led Zep et de The Black Keys, c’est une musique que j’écoute et que j’aime toujours mais ce n’est pas celle que j’avais envie de composer. Après avoir pris des distances, quand nous avons décidé de redémarrer le groupe, ça m’a permis de renouer une connexion avec cette musique. Cela a été hyper facile de redémarrer et c’était libérateur pour moi musicalement et humainement car la dynamique de groupe fait que l’on partage l’effort et tout ne repose pas sur les épaules d’une seule personne.

Photo Crista Rock

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Comment est née l’aventure « Who’s Happy ? » ?

Mon précédent album était un hommage à Nat King Cole que j’écoute depuis mon enfance, j’ai découvert grâce à ce disque le plaisir de chanter les chansons de quelqu’un d’autre mais au bout de trois ans, j’ai commencé à avoir le besoin d’avoir des choses à dire et je me suis rendu compte que la dernière chanson que j’avais écrit jusqu’alors remontait à avant la sortie de mon deuxième album solo en 2012. J’ai retrouvé avec plaisir la magie de s’assoir avec une guitare et de composer en deux heures une chanson. Beaucoup de choses se sont passées dans ma vie ces dernières années et à 46 ans, j’avais envie d’en parler car je ne les exprimais pas dans la vie de tous les jours. Ce nouvel album a été composé différemment des précédents, je n’ai pas fait de maquettes et je voulais travailler les chansons dans l’habillage le plus simple possible en guitare-voix. J’ai fait appel à Freddy Koella qui est un fabuleux guitariste qui a joué notamment avec Bob Dylan pour travailler sur l’album. L’idée pour « Who’s Happy ? » était que les musiciens arrangent les morceaux eux-mêmes en fonction de leur manière de jouer. Comme j’ai attendu longtemps avant d’attaquer la composition de cet album, il a été écrit très rapidement en une semaine et demi.

Pourquoi as-tu choisi d’aller enregistrer ce disque à la Nouvelle-Orléans ?

Pour moi, la Nouvelle-Orléans est une ville incroyable d’un point de vue socioculturel et son histoire est folle. La musique qui vient de cette ville m’a toujours séduit et quand j’ai commencé à écrire ces chansons, j’avais tout cela en tête. Je venais de finir de regarder la série « Treme » qui a été très inspirante pour ce disque. J’entendais des lignes de cuivre qui s’entremêlaient et je me suis dit pourquoi ne pas y aller et ça a été génial.

Photo Crista Rock

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Peux-tu nous présenter l’artiste qui t’accompagne sur le titre « Hand Me Downs » et nous dire comment est venue l’idée de ce titre sur lequel tu chantes en partie en Français ?

Je vis en France depuis 17 ans, mes enfants y sont nés, nous parlons Anglais à la maison mais ma fille me corrige tout le temps mon Français. La France a été très douce avec moi, mon projet initial était de venir apprendre le Français durant un an mais je suis resté grâce à de belles rencontres. J’avais envie de chanter cette langue que je parle tous les jours tant bien que mal. J’ai décidé de faire un duo avec Mélissa Laveaux car c’est une artiste que je suis depuis un bon moment. Je trouve que son nouvel album est une perle. Nous nous étions croisés sur des scènes et j’ai pensé que le mélange de nos timbres pourrait être intéressant. J’aime également sa façon d’écrire. Ce titre « Hand Me Downs » parle de transmission et vraiment dans le sens de donner des fringues du grand au petit frère. Il y a trois étapes dans cette chanson ; le premier couplet fait référence au fait que mon père a développé un type d’Alzheimer il y a deux ans. J’ai du aller vider sa maison avec mon frère quand il est entré en maison de retraite, nous y avons trouvé tout un tas d’objets quelconques qui avaient pourtant des reflets sur nos vies. Mélissa a écrit le second couplet qui parle de sa grand-mère et le dernier couplet parle d’un couple qui est sur le point de rompre mais une transmission existe entre eux car ils sont partagés plein des choses.

Quels sont les autres thèmes principaux de ton album ?

Ces chansons sont des moments de vie. Elles viennent toujours avec des mélodies et non avec des textes. Certaines chansons parlent de mon père, une autre du fait que quand je suis arrivé en France, j’ai fait des boulots alimentaires et du plaisir que j’ai eu à rédiger une lettre de démission quand j’ai commencé à vivre de ma musique, une autre m’a été inspirée par le personnage interprété par Nicolas Cage dans « Leaving Las Vegas ». Si un thème général se dessine dans cet album, c’est peut-être celui du bilan au milieu de sa vie.  « Ladybird » parle d’une femme qui essaie de rattraper sa jeunesse mais ce n’est pas possible même avec le botox, c’est irrattrapable car la gravité prend le dessus (rires). « Civvy Street » parle de l’acception de la situation de vie même si ce n’est pas forcément ce que tu voulais. Certaines chansons parlent de nostalgie…

Photo Crista Rock

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Saurais-tu répondre à la question posée par le titre de ton album ?

Ce n’est pas vraiment une question en soi même s’il y a un point d’interrogation. Cette phrase a deux sens et le premier serait c’est quoi d’être heureux et cela m’est venu lors d’une discussion avec un ami qui venait de se séparer de sa femme. Il y a peut-être là-dedans un côté Américain qui fait que l’on ne montre jamais ses faiblesses. Je te parlais précédemment de bilan et avec le temps, on se rend compte que rien n’est grave. Qui est heureux ? Celui qui a envie de l’être.

« Little Big Man » est dédié à ton fils ; comment as-tu voulu ce titre ?

Ce titre est un témoignage de l’amour que je lui porte afin de lui remémorer plus tard ces instants précieux que nous vivons de jour en jour. Pour moi, il y a de l’espoir dans ce titre mais aussi du regret de ces moments précieux qui filent entre nos mains. J’aimerais bien que mon fils écoute cette chanson quand il commencera à faire ses crises d’adolescent !

Photo Crista Rock

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Tu as rendu hommage à Nat King Cole mais aussi à BB King ; envisages-tu un autre album de reprises ?

Non, c’est un grand plaisir à faire mais pour l’instant, j’ai envie de composer moi-même, de faire vivre cet album et d’aller de l’avant sous mon nom.

Quels sont tes prochains projets à venir ?

Je vais défendre cet album sur scène, je serai notamment au Bataclan le 12 avril, des choses sont en train de prendre forme avec Vladimir Cosma mais il est encore trop tôt pour en parler…Je commence à penser au prochain album, je prends mon temps mais pas trop car je me sens d’humeur créative.

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