Rencontre avec Tanya Drouginska afin de présenter son premier EP !

Pourquoi avoir attendu "aussi longtemps" pour vous lancer dans la chanson?

Nous avons tous un certain nombre d'aptitudes et de rêves, mais notre système d'éducation nous impose de faire très jeunes des choix pour notre avenir. Il arrive parfois que les circonstances de la vie nous fassent dévier d'un destin à priori tout tracé... Il y a une quinzaine d'années, après avoir décidé de tourner une page de ma vie, j'ai entamé une carrière de mannequin et m'y suis forgée une image. C’est ce qui m'a amenée à tourner parfois dans des clips musicaux et à chaque fois je me disais que j'aimerais avoir un jour mon propre clip, mais pour cela il fallait que je puisse m'appuyer sur de vrais professionnels de la musique. Par le biais d'un couturier, j'ai  rencontré le compositeur Eric Melville avec lequel j'ai pu concrétiser mon désir de chanter, l'objectif de base étant de se servir de mon image de mannequin pour faire de moi un personnage chantant. Eric Melville m'a d'abord présenté Jean-Michel Bériat, auteur de tubes comme par exemple "Africa" pour Rose Laurens ou "Eve Lève Toi" pour Julie Piétri, qui m'a écrit "La Mariée" et "Le Savon". Puis Boris Bergman, qui a écrit pour les plus grands, dont Bashung, m'a fait l'honneur de m'écrire trois titres sur-mesure : " L'homme de Main", "Amours Coton, Matins de Rêve" et "CeSSité". Pour enregistrer les chansons, j'ai été coachée par Eric Melville qui auparavant avait chanté dans les plus grandes comédies musicales...

Avez-vous toujours eu envie de chanter?

Dans mon enfance, mon père écoutait des disques d'Edith Piaf et bien que je n'étais pas encore en âge de comprendre ses chansons d'amour, je ressentais une émotion intense et je rêvais parfois d'être un jour chanteuse... Bien-sûr je n'ai pas la prétention d'avoir le talent de Piaf, mais elle chantait avec "ses tripes" et j'essaie de faire passer mon émotion lorsque je chante...

Avez vous pris votre temps également avant de commencer votre carrière dans le mannequinat?

En fait, j'ai eu plusieurs vies... Vers la fin des années 70, j'ai eu l'opportunité d'être mannequin, mais je dois reconnaître qu'à cette époque, étant une fille à papa, je l'ai fait sans véritable ambition. Puis voulant devenir comédienne, j'ai fait le cours René Simon, mais j'ai pris conscience que je ne serais pas heureuse si je ne devenais pas une star. J'ai alors choisi la voie de la raison et j'ai embrassé une carrière commerciale réussie dans l'ameublement et la décoration pour suivre les pas de mon père. C'était un milieu très machiste et après la mort de mon père, on s'est un peu vengé de mes compétences et j'ai préféré tourner la page... Il m'a fallu un moment pour cicatriser, j'avais alors le temps de regarder la télévision et on commençait à parler du marché des seniors. La reconversion était évidente, il allait falloir des mannequins pour cibler ces consommateurs au pouvoir d'achat substantiel. Je décidais alors de devenir le Top Model senior français, même si je déteste ce terme de "senior", mon cheval de bataille étant l'intemporalité. Je crois modestement pouvoir dire que j'y suis parvenue et c'est ce qui me permet d'aborder la chanson avec l'espoir de devenir une chanteuse reconnue. C'est un immense challenge, mais j'en ai relevé d'autres...

Pourquoi avoir baptisé votre EP "Résurrection"?

Il y a eu un passage difficile entre mes deux vies et je dirais que je suis un peu un phœnix qui renaît de ses cendres. Le clip de "La Mariée" et l'EP sont en quelque sorte une résurrection.

Comment nous présenteriez vous ce disque?

On peut considérer que mon style est de la musique pop alternative puisqu'on y trouve diverses influences. Les chansons ont été faites sur-mesure dans un univers assez dark, mystérieux, voire sulfureux...

Quels sont les thèmes des six chansons?

L'amour, évidemment, celui éprouvé par une femme passionnée mais désabusée...

"Résurrection" annonce-t-il un format plus long?

Comme je n'ai pas encore de label, je suis auto-productrice et finance de mes propres deniers, je progresse étape par étape. Deux autres chansons sont en cours. L'une écrite par Boris Bergman sur une musique d'Eric Melville, l'autre sera une reprise de Johnny Hallyday. Cet artiste hors norme a rythmé ma vie depuis mon enfance et j'ai souhaité lui rendre hommage. Pour ne pas que ma démarche soit mal interprétée et puisse paraître prétentieuse, j'ai choisi une chanson méconnue du grand public, "Un Tableau de Hopper," qui s'intégrera très bien avec mes autres chansons.

Pouvez-vous nous parler du clip illustrant "La Mariée"?

Tout d'abord je voudrais souligner que Jean-Michel Bériat étant décédé il y a quelques semaines, "La Mariée" aura été sa dernière chanson. Dans mon projet musical, j'ai la chance d'avoir une personnalité qui fédère de vrais professionnels. Mon clip a donc été réalisé par Tony Baillargeat avec Michel Amathieu, un des plus grands directeurs photo, il collabore régulièrement avec Emir Kusturica et a œuvré pour Canal + sur les séries Versailles et Braquo. J'ai bénéficié d'un matériel utilisé en principe pour les longs métrages. J'ai voulu un clip avec deux personnages et pour me démarquer un peu j'ai proposé à Cyril Benzaquen, quadruple champion du monde de boxe thaï, d'être mon partenaire. Ce choix était en même temps un clin d’œil à mon père qui avait pratiqué la boxe. J'ai été habillée en haute couture par Jean-Paul Gaultier, Clarisse Hiéraix et Maison Cadolle pour la lingerie.

Pourquoi avoir participé à Secret Story?

Le clip et l'EP étant réalisés, il me fallait un accélérateur pour faire exister le projet. Lorsqu'on m'a proposé de faire Secret Story, au début je n'ai pas été très emballée par la perspective de faire de la télé réalité, mais j'ai vite compris que ça pourrait être une opportunité de mettre ma démarche musicale en lumière. D'ailleurs lorsque je suis rentrée dans Secret Story, mon clip avait 35 000 vues sur YouTube, il en compte maintenant plus de 400 000. De plus, après ma sortie, j'ai pu chanter "La Mariée" sur le plateau du prime, devant un public et des milliers de téléspectateurs avec une mise en scène digne d'une chanteuse célèbre...

Que retenez-vous de cette aventure?

Cela a été pour moi un véritable challenge et je suis assez contente d'avoir tenu cinq semaines. Comme vous le savez, on m'appelle "La panthère", car j'adore les félins et que j'en ai le caractère. Ce sont des animaux plutôt solitaires et il n'était pas évident pour moi de vivre en communauté avec un confort restreint et des gens que je n'avais pas choisi. Mais je tiens à souligner que cette année j'ai eu de la chance car je suis tombée sur une équipe de gens respectueux et que tout s'est bien passé.

Participeriez-vous à d'autres émissions de TV Réalité ou émissions TV comme "Danse avec les stars"?

Je ne souhaite pas participer à d'autres émissions du type de Secret Story, je m'étais conditionnée pour le faire. Il n'y a pas que des avantages, mon image a été éclaboussée par des petits médias de TV Réalité dans lesquels écrivent des gens sans scrupules prenant un plaisir à se défouler sur une candidate atypique. Danse avec les Stars, c'est différent, c'est élégant, j'aime la danse, nous verrons...

Quels sont vos prochains projets?

En sortant de Secret Story, j'ai eu la chance de trouver un manager. J'espère pouvoir être signée rapidement par un label, pouvoir faire de la scène, participer à de belles émissions de variétés télévisées... Bien-sûr je n'abandonne pas le mannequinat, j'ai une image plus appropriée au luxe, qu'il faut donc gérer judicieusement. J'aimerais aussi que les réalisateurs de films prennent conscience que je ne suis pas qu'une image sur papier glacé, d'autant que j'ai une formation de comédienne et que, par ailleurs, mon expérience de la vie est à mon sens le meilleur cours de théâtre ; tout cela me permettrait d'aborder des rôles intéressants.  Peut-être que la musique, m'ouvrira aussi les portes du cinéma...