Mathilde vous en dit plus sur son spectacle intitulé « Je Les Signe Tous » !

Comment nous présenterais-tu « Je Les Signe Tous » actuellement à l’affiche au Studio Hébertot ?

C’est un spectacle tellement multiple qu’il est difficile de ne mettre qu’une seule étiquette dessus. Je dirais que c’est à la fois un concert-spectacle, un spectacle vusical car cela mêle trois éléments qui sont un peu antinomiques sur le papier mais qui pour moi font extrêmement sens à savoir ma voix, la musique de Vladimir Medail et d’Antoine Laudiere, du chansigne et de la langue des signes pour que je puisse partager la scène avec quelqu’un qui a une autre compréhension du son, beaucoup plus dans la corporalité et dans le son en tant qu’onde. C’est un spectacle qui se veut être dans la sensation d’éveil et de redécouverte de tout. C’est pour cela que l’on donne un ballon à l’entrée. On entend avec les oreilles, les yeux et avec les mains dans ce spectacle.

Comment est né cette idée de spectacle musical ?

Je te dirais que pour moi, l’art est avoir l’attention des gens et cela donne un devoir. J’utilise l’écriture, la composition et l’interprétation pour aller essayer de dire aux gens que j’ai découvert quelque chose de bouleversant de manière positive ou pas. Je l’ai déjà fait sur des sujets engagés, plutôt féministes ou contre l’homophobie. J’ai vécu une expérience assez bouleversante quand j’ai découvert le chansigne. J’ai commencé à comprendre la musique autrement car elle était exprimée et ressentie autrement par les artistes. A partir de cette expérience, j’ai voulu que tout le monde soit bouleversé comme je l’ai été. Les planètes s’alignent souvent dans la vie…J’ai eu un rendez-vous avec la directrice du Studio Hébertot qui avait vu mon clip engagé contre les violences faites aux femmes, elle m’a demandé quel serait mon prochain projet engagé alors que je venais d’avoir cette idée un peu saugrenue de spectacle juste quelques jours avant.  J’imaginais quelque chose de très intimiste et de très sensible pour partager les mêmes émotions entre entendants et malentendants. Elle a réarrangé son planning de la rentrée et elle m’a donné seize dates. Tout s’est fait très rapidement et tout le monde a été porté par ce projet avec la certitude de faire quelque chose qu’il fallait faire.

Quelle a été ton envie en proposant « Je Les Signe Tous » au public ?

Je voulais arriver à faire comprendre des mots et des histoires autrement, donner une autre dimension à ce que l’on a l’habitude d’écouter et grâce l’élément visuel de la langue des signes, arriver à comprendre autrement des choses que l’on connaissait de manière super intuitive.

Qui t’accompagne sur scène ?

Je suis accompagnée de Maylis Balyan au chansigne. Je te dirais que Maylis est mon miroir, mon double et que je suis vraiment en duologue avec elle sur scène. En alternance, il y a soit Vladimir Medail soit Antoine Laudiere à la guitare. A la co mise en scène, je suis épaulée par Colombe Barsacq qui est metteur en scène depuis un certain temps et précurseur dans le milieu du spectacle entre entendants et malentendants. C’est grâce à Colombe que nous avons pu faire fusionner ces deux mondes.

Que chantes-tu dans ton spectacle ?

Je chante des chansons de mon premier album mais également de nouvelles chansons inédites. Je n’interprète que des chansons originales qui sont nées soit de ma plume, soit de celle d’Alexis Pivot soit de notre plume commune car nous travaillons vraiment en binôme et je te dirais même de manière fusionnelle.  Il y a quelque chose de très cohérent dans le choix des chansons de ce spectacle qui est un peu une extension du disque.

Quels thèmes mets-tu en avant dans les chansons que tu interprètes ?

Ce spectacle est quasiment mon journal intime mais je pense avoir été pas mal inspirée par « Le Petit Prince » car il y est question d’une quête de soi. En relisant mes propres chansons sorties un peu de manière organique, je me suis rendu compte que cela retraçait pas mal de choses de ma propre histoire mais pas forcément de manière chronologique. Il y a une sorte de quête à travers des histoires d’amour qui ne sont pas toujours folichonnes mais quand même très jolies, une quête de liberté et d’émancipation, … Il y a une grosse part d’amour dans mes chansons. Je parle notamment de la problématique du genre et de l’orientation sexuelle. Il y a beaucoup de féminisme et de résilience de femme dans ce spectacle. Je te dirais qu’il y a vraiment plusieurs angles de lecture.

A qui destinerais-tu ce spectacle ?

A n’importe qui en mal d’expériences humaines. Je vois au quotidien que la digitalisation de nos rapports humains déshumanise tout. Dans ce que je fais, j’essaie de remettre le sentiment humain au centre.

Quels sont les retours que l’on te fait le plus souvent sur « Je Les Signe Tous » ?

Je pense que la tête des spectateurs à la sortie en dit long. Le public ne s’attend pas à cela. Je suis quelqu’un d’assez rigolote et je ne pense pas qu’on s’attende à ce que je me dévoile autant dans ce que j’ai vécu de fêlures. Je pense que cela fait écho chez beaucoup de gens et que ce spectacle plante des graines. Je pense que ce spectacle vit beaucoup plus au-delà de la scène quand les gens sont partis, ce n’est pas juste un moment d’entertainment, le spectacle commence quasiment o les gens sortent de la salle quand ils commencent à mettre en parallèle ce qu’ils viennent de voir et qu’ils ont vécu. Je pense qu’il y a une vraie réflexion et que « Je Les Signe Tous » réengage le contact humain.

Il y avait plusieurs reprises sur ton premier album ; à quel album hommage en particulier aimerais-tu participer ?

Malgré son immense misogynie, je pense que je ne pourrais pas refuser un album autour de Léo Ferré. C’était un maitre des mots, il était incroyable, Léo Ferré était capable de faire de la poésie avec les mots de tous les jours.

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir découvrir « Je Les Signe Tous » au Studio Hébertot jusqu’au 06 janvier 2018 ?

A la fois avec la guitare, à la fois avec la voix et à la fois avec les signes, nous prenons les gens par la main pour les reconnecter à eux. C’est un moment partage après le gouter et avant l’apéro. C’est l’heure parfaite pour se rencontrer et parler après ce spectacle qui est fait pour se faire du bien. « Je Les Signe Tous » est un peu le spa de l’âme.