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Magyd Cherfi vous en dit plus sur son nouvel album « Catégorie Reine » !

Publié le par Steph Musicnation

Photo Polo Garat

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Pourquoi avoir baptisé votre nouvel album « Catégorie Reine » ?

J’ai entendu cette formule dans une discussion. La catégorie reine est la catégorie poids lourd en boxe. C’est une imagerie masculine avec un mot très féminin à l’intérieur. J’ai toujours plaqué mon combat d’immigré à celui des féministes et j’aimais bien cette idée de mêler une idée féministe ou féminine avec une idée masculine.

Pourquoi avoir attendu 9 ans pour entamer le processus de création de votre troisième album solo ?

Tout simplement car j’étais avec Zebda et pour moi qui écris tous les textes, la mise en place d’un album de Zebda représente une éternité. Deux ans avant la sortie d’un album, il faut que j’anticipe l’écriture des textes, il y a l’enregistrement en studio, la promo…Cela prend énormément de temps et là, les gars ont voulu enchainer avec un autre album. J’expliquerais donc vraiment ces 9 ans par une histoire de timing.

Le clip illustrant « Ayo » est-il le témoignage de votre parcours du combattant pour que « Catégorie Reine » voit le jour ?

Absolument. J’ai copié sur Alain Chamfort qui avait copié sur Bob Dylan. Ce qui est écrit sur les panneaux n’a rien à voir avec la chanson mais cela résume l’essentiel des thèmes qui me sont chers.

Magyd Cherfi vous en dit plus sur son nouvel album « Catégorie Reine » !

Partager la chanson « Les Gens Tristes » était-ce une évidence ?

Pour moi oui car j’ai rencontrée Olivia il y a très longtemps quand elle a démarré et chaque fois que je l’ai croisée je me suis dit que c’était l’une des rares chanteuses que je connais qui soit intellectuelle intègre. Elle dit ce qu’elle pense et elle ne fait pas de manières. J’aime sa droiture et la qualité de sa voix. Je n’ai pas écrit cette chanson en pensant que ce serait un duo mais comme Olivia m’avait dit que si je sentais qu’un jour j’avais un très beau texte, elle aimerait venir le chanter avec moi, je lui ai envoyé « Les Gens Tristes » et elle l’a adoré.

Quels ont été les retours de vos proches sur « Inch’Allah Peut-Etre » ?

Je n’ai pas eu de retours particuliers sur « Inch’Allah Peut-Etre » mais le fait d’utiliser souvent ma mère est une façon de symboliser toutes ces mères immigrées qui sont arrivées dans les années 60 et qui ont essayé d’appréhender la langue Française. Ces femmes sont restées un demi-siècle sans que personne ne leur donne les moyens d’appréhender cette langue et cela a été leur bataille. Il y a une espèce de schizophrénie entre leur langue, leur culture, cette nouvelle langue et ce fameux Inch’Allah qui est une promesse divine et qui dans la bouche de nos mères a fini par vouloir dire jamais. Quand tu lui disais « Maman, je voudrais une paire d’Addidas », elle te répondait « Inch’Allah mon fils » et tu savais que tu ne la verrais jamais !

Qu’est-ce qui a nourri votre écriture pour « Catégorie Reine » ?

Je crois que je suis nourri par les mêmes thématiques de discriminations tous azimuts, de minorités et d’exclus en tout genre. Après, il est vrai que j’ai une acuité particulière pour l’immigration que je maitrise car je le connais. Je pourrais parler ici des filles des quartiers qui d’aussi loin que je remonte sont sous le joug des frères, des cousins, des voisins et des pères. Il y a dans les quartiers populaires une chape patriarcale qui résiste.

Photo Polo Garat

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De quoi parle « Ma Part De Gaulois » votre livre sorti en août dernier ?

Je crois que j’ai toujours voulu écrire la saga de l’immigration. Je parle de l’exil et de ces choses-là. Au fond, nous sommes Français mais nous ne le sommes jamais dans le regard des Français à cause de notre physique, de nos noms, de nos prénoms, de nos origines. Ce livre a été une façon de raconter aux Français une histoire de Français.

Quel a été le déclic pour ajouter la case littérature à votre CV dès 2004 ?

Ma véritable identité est l’écrit, ce n’est pas d’être chanteur qui était le kif pour faire le cabot. Mon identité première a été l’écriture, j’étais le pré-ado qui écrivait pour les filles puis après des pièces de théâtre, des dossiers de subvention…J’étais un le scribe du quartier. Avec les livres, je suis revenu à mes fondamentaux.

Le successeur de « Comme Des Cherokees » est-il prévu ?

Non, il n’est pas prévu. Nous sommes restés ensemble plus de 25 ans mais nous commençons à faire le tour de ce que nous avons déjà fait. Eventuellement, un live pour le plaisir mais repartir sur un album me parait aujourd’hui improbable.

Photo Polo Garat

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Si vous aviez à faire passer un message à travers votre musique au jour d’aujourd’hui, quel serait-il ?

D’aussi loin que je remonte, je pense que cela a toujours été le même et c’est finalement la quête de la fraternité. Je me suis retrouvé moi-même en tant que fils d’immigrés dans des hostilités. Parce que nous sommes différents, on ne s’aime pas ou on n’arrive pas à vivre ensemble à cause de nos origines, de nos rangs sociaux, de la couleur de nos peaux…Peut-on vraiment établir une société multiculturelle, une république cosmopolite ? Ma quête est là.

Quels sont vos prochains projets ?

Je serais en concert jeudi à Le Haillan dans le 33 et cet été, je serais présent dans quelques festivals mais comme l’album est sorti récemment la tournée des festivals sera plus pour 2018 mais je continue ma tournée dans des petites salles. Il n’y a rien de précis en termes de singles ou de clips. J’aimerais beaucoup à long terme reprendre mon bouquin « Ma Part De Gaulois » et l’adapter pour le cinéma. C’est THE projet ! A voir donc…

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