Rencontre avec HYL au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Les Croisements » !
Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?
Je suis un chanteur-rappeur Toulousain. Je fais de la musique depuis un petit moment maintenant et j’aime à dire que la colonne vertébrale de mon projet est Rap mais que ça dérive vers la Pop, la chanson et le Funk car il y a énormément d'influences dedans. J'aime bien tracer un triangle entre Orelsan, Thérapie Taxi et Gaël Faye et moi, je suis un peu au milieu. Dans mon projet, on retrouve l'éclectisme d'Orelsan, la folie communicative de Thérapie Taxi et l'écriture très poétique de Gaël Faye. Je suis autoproduit depuis le début et je réalise mes clips car j'ai une formation de montage et de graphisme. Auparavant, j’étais directeur artistique mais j’ai tout lâché pour faire de la musique ; aujourd'hui, j'en vis et j’en suis bien content. Si j'ai commencé dans un groupe de Hard Rock à la guitare, j'en joue peu sur scène ; car mes musiciens sont beaucoup plus chauds que moi à la guitare ; j'en fais juste par plaisir à présent.
Il me semble que tu es accompagné dans ce projet... vois-tu HYL comme un collectif ?
Dans HYL, je suis entouré de deux musiciens à savoir Hoodie Boy ; qui compose quasi tout avec moi, c’est un multi-instrumentiste Toulousain que je connais depuis dix ans et c’est l’un des mes meilleurs potes aujourd'hui ; et Florent Maurin ; qui n'était initialement que mon musicien sur scène mais il commence aussi à arranger et à composer pour le projet. J’écris tous les textes ; je suis auteur depuis tout petit ; et nous co-composons tous les trois mais je ne vois pas HYL comme un collectif. On peut penser que c’est un groupe mais c’est moi qui suis à l’initiative de tout cela et ça reste mon nom d’artiste. J'ai mis ma vie au tapis pour ce projet artistique et du coup, ça reste mon identité mais c’est vrai qu’on fonctionne en collectif, un peu comme un Orelsan ; c'est son nom d'artiste et derrière, il y a Blaise, Skread et tout un paquet de monde sans qui Orelsan n'existerait pas. Pour moi, c'est un peu la même chose car si HYL, c'est moi, mes émotions, ma vie, sans Hoodie Boy et Florent à la musique, 22h04 la boîte de production de spectacle qui m’accompagne depuis le début, Baco Records, Nick et Rémi ; mes deux meilleurs potes ; qui m’aident sur les clips et au niveau de la direction artistique, ça n’existerait pas. Si je n’avais pas cette dizaine de personnes qui se donnent du mal sur ce projet, j’aurai du mal à avancer. Si HYL n’est pas un collectif, on peut dire que c’est moi avec une belle petite famille !
Que se cache-t-il derrière les trois lettres qui baptisent ton projet musical?
Le Y et le L, ce sont mes initiales. Quand j’ai commencé le Rap, il y a dix ans, je m’appelais MC Yl mais comme j’étais déjà graphiste, je me suis rendu compte que ce n’était pas joli pour créer un logo. Afin de conserver la même prononciation, j'ai rajouté un H et ça a donné un logo beaucoup plus harmonieux. J'ai posté ça, sans me poser de questions et ce n’est que des années plus tard, quand j'ai voulu en faire un vrai métier et que j'ai cherché un nom que je me suis rendu compte que j’étais hyper attaché à HYL qui me suivait depuis tout ce temps. J’ai juste enlevé le MC, je l'ai mis en majuscule et j’ai dit que ça se prononcerait H-Y-L.
T'es-tu pas mal cherché d'un point de vue musical avant de dévoiler ton premier EP en 2023 ? Évolues-tu encore à l'heure actuelle ou as-tu cerné la direction que tu veux suivre musicalement?
Pour « Monopoly », il y a eu énormément de recherche car je ne savais pas ce que je voulais. Je manquais de légitimité. Je voyais bien que je venais de l'école Rap ; je n’écoutais que ça ; mais en même temps, on retrouvait toutes les influences ; Rock, Funk, Reggae et j’en passe ; que j'avais eues toute ma vie dans mon identité, j'avais envie de toutes les mettre dans ce premier EP, si bien que je ne savais pas où était ma place là-dedans. Il y a un éclectisme hyper grand sur « Monopoly » qui a été hyper travaillé en studio pour que les réalisateurs puissent aligner les sons afin de définir une patte. Pour « Les Croisements », on s’est posé des questions mais j’ai eu à cœur de ne pas me restreindre car je me cherche toujours aujourd’hui. Je ne voulais pas de me mettre dans une case, j'avais juste envie d'assumer que les prods ne sont pas forcément Rap mais que ma manière de m'exprimer l’est car je ne suis pas un grand chanteur et c’est comme cela que j’aime bien écrire. Par contre, même si c’est hyper éclectique, je souhaitais que ce deuxième EP soit très cohérent. Sur « Les Croisements », je n’ai pas travesti ma voix, j’ai assumé mon grain sans copier d’autres artistes.
Comment décrirais-tu ton univers ?
Très imagé, solaire ; malgré la mélancolie qu’il peut y avoir dans mes textes car j’essaie qu’il y ait toujours du positif dans mes chansons ; souriant et jaune ; car j’ai toujours un sourire et une casquette jaune. J’aime bien l’idée d’être un arc-en-ciel d’émotions pour les gens qui n’expriment pas forcément les leurs.
Quels thèmes abordes-tu sur « Les Croisements » paru début octobre?
Quand j’ai écrit ces chansons en un an à l’approche de la trentaine, j’avais l'impression d'être au milieu d'un rond-point avec toute une direction de vie autour de moi et qu'il fallait absolument que je prenne une décision et que si je la prenais, je ne pourrais pas faire demi-tour. J'étais vraiment dans cette sensation de devoir décider alors que je suis quelqu’un de profondément indécis depuis tout petit et c'est pour ça que ce disque s’appelle « Les Croisements ». Ce disque par d'indécision, du fait de prendre des choix, de recommencer, de s'acharner parce qu'on ne fait que tomber et qu'on vit continuellement dans des boucles, du fait d'apprendre à faire demi-tour si on se plante sur une relation amoureuse ; par exemple ; et d'accepter de ne pas être comme les autres ; de se sentir un peu décalé.
Peux-tu nous en dire plus sur cette histoire de clés que tu évoques sur « J’Veux Pas Rentrer » ?
C’est une vraie histoire ! A un moment, j'ai dû tout sacrifier parce que la musique, ça coûtait énormément d'argent d’autant plus quand on s’autoproduit. J’ai rendu mon appart à Paris et je suis rentré dans mon Sud à Toulouse, là où je suis né et où j’ai grandi. Je squattais des canap' de potes et je réemménageais à moitié à l'étage de chez ma mère à un âge où techniquement, on ne fait pas ça car normalement, on a notre vie qui se dessine. Je me disais que si je ne sabotais pas une partie de ma vie, HYL ne vivrait pas, c’était une décision un peu radicale mais je l’ai prise et je me suis retrouvé littéralement sans clés pendant quatre à cinq mois. Ce morceau est né de cela et du droit à se sentir un peu en décalage, de ne pas savoir où l’on habite à des moments de notre vie car on est un peu entre deux phases.
Tu chantes, « Je Danse Pas » alors que comme tu le dis dans cette chanson, tu fais danser les gens. Ce morceau a-t-il débloqué quelque chose chez toi, même si je suppose que l'on a peu de chances de te voir dans Danse avec les Stars ?
(Rires) Il y a zéro chance de me voir dans Danse avec les Stars ! Dans la vraie vie, j'adore la fête, je sors beaucoup mais je suis tout le temps celui qui reste dans le coin fumeur ou au bar et qui ne dansera pas de la soirée. Je préfère discuter avec les autres personnes car j'adore cela surtout quand c'est en petit noyau intime. Il faut savoir que je suis très introverti mais par contre, sur scène, je suis le premier à danser dans tous les sens, à avoir une envie débordante de faire danser les gens. Je trouvais le contraste hyper drôle. C'est là que la casquette de l'artiste et la casquette personnelle se scindent car avec celle de HYL ; quand j'ai ma casquette jaune sur la tête ; je peux danser devant trois mille personnes mais par contre, je suis incapable de danser en petit comité quand je suis dans ma vie perso. Comme je ne suis pas le seul à passer des soirées sur des canap', j’en ai fait un morceau pour les gens qui aiment bien sortir mais qui sont hyper mal à l'aise à l’idée d’aller sur les pistes de danse parce qu'il faut quand même un lâcher-prise pour y aller. « Je Danse Pas » est le morceau sur lequel les gens dansent le plus en concert !
Peux-tu nous en dire plus sur ton nouveau titre intitulé « Train de Nuit » ?
Ce morceau dit plein de choses mais il vient aussi du fait que j’aime bien être tout seul la nuit ; ce n’est pas que je fais des insomnies mais je suis vraiment un animal nocturne et j'adore le moment entre minuit et quatre heures où les notifications Insta, TikTok, tout s'arrête, le reste de la maison dort, tes collègues ne te répondent plus...tu es tout seul avec toi-même, la lune t'éclaire et pour ma part, j’ai l’impression qu'elle initie mon écriture ; c’est un joli moment que je passe souvent avec moi-même. Pour « Train de Nuit », je suis parti un peu de ça afin d’écrire sur cette vie de nomade qui rejoint un peu « J’Veux Pas Rentrer » où je n’ai pas de clés. Je passe ma vie dans des trains, je ne suis jamais dans la même ville, j’erre dans les rues à trois heures du matin, je rentre de soirée complètement bourré à six heures du mat’...Dans cette chanson, je me suis amusé avec plein d'horaires pour raconter un peu tous les trucs absurdes qui m'arrivent la nuit. J’ai voulu vraiment faire un texte fleuve malgré que ce morceau soit un peu Pop parce qu'il y a un refrain qui se retient énormément. « Train de Nuit » est un titre que j'adore depuis le début et j'ai eu du mal à me dire qu’il n’était pas sur l’EP. « Train de Nuit » était disponible sur la version CD de l’EP et il l’est maintenant en digital depuis le 19 mars.
Pour quelle destination prendrais-tu un train de nuit?
Ceux que j'ai pris, c'était pour faire des Paris-Toulouse ; c’est d’ailleurs l’une des premières phrases du morceau ; mais j’ai très envie de retourner à Bruxelles. Je n’y suis allé qu'une fois mais j'en ai un super souvenir. J'y retournerai un jour, ne serait-ce que pour me balader, me perdre dans cette ville que je trouve hyper inspirante et écrire.
Quels sont tes prochains projets ?
Il y a plein de choses en cours notamment de très chouettes live sessions et des collaborations avec le Toulousain Diego Spé et avec les Québécois de vice E roi ; ces deux morceaux que j’aime beaucoup sortiront le 06 juin. Il y a de grandes chances qu’un troisième EP voit le jour mais il ne se fera pas comme les deux premiers car j’ai envie de retrouver le goût de l’importance de chaque chanson. Si tout se passe bien, il y aura beaucoup de sorties de singles et cela dès la fin du printemps. J’ai envie de tester des choses et ce format-là afin de retrouver le plaisir un peu innocent que j’avais lors de la composition de « Monopoly ».