Rencontre avec Jeffers Waldo au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « L’Aventure » !

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je viens de Mars et je fais toute la musique que vous entendez dans ma petite soucoupe volante. Je suis auteur, compositeur, interprète, multi instrumentiste, je m’occupe de tout le processus d’enregistrement, des arrangements et de la production. En ce moment, sur scène, je suis accompagné de P-a Marot qui joue de la guitare ; c’est une formule un peu légère que nous avons montée après la pandémie afin de tourner le plus possible sans embarras. P-a m’aide également en studio sur les arrangements de quelques petites choses. Par ailleurs, comme l’identité visuelle est très importante dans mon projet, je fais la D.A de tous mes shootings photos et j’écris les scénarios de mes clips en collaboration avec des réalisateurs. Maîtriser l’image aussi bien que le son est quelque chose qui compte beaucoup pour moi car Jeffers Waldo est un projet d’art total ; comme je viens d’une école d’art, l’aspect visuel m’a un peu amené dans cette direction-là.

« L’Aventure » est-il un affinage de ton premier EP éponyme paru il y a quelques années ou as-tu suivi d’autres chemins ?

Pour moi, c’est vraiment une nouvelle aventure. J’aurais presque pu changer de nom ; d’identité ; car il y a eu un passage décisif à la langue Française.

Le fait que tu t’exprimes pleinement en français sur ton second EP signifierait-il que tu assumes totalement le contenu de tes textes maintenant ?

Je n’avais pas osé le français auparavant. Beaucoup de monde me demandait d’essayer de chanter dans notre langue mais ça ne matchait pas et le déclic est venu de la chanson « L’Aventure ». Depuis cela, je n’ai jamais pu revenir en arrière. Ce déclic m’a fait prendre conscience que le français était une évidence car quand on chante dans sa langue, on ne porte plus de masque, on gagne en authenticité, on livre quelque chose de beaucoup plus intime, on se met à nu et j’avais besoin de creuser dans cette direction. J’ai l’impression que nous cherchons tous à comprendre qui nous sommes et pourquoi nous sommes sur cette Terre et pour ma part, je le fais à travers l’art. En ce qui concerne le contenu des textes, c’est encore une grande question qui est liée à l’écriture. J’ai la sensation que l’on peut tout dire en anglais ; tout passe ; alors qu’en français, l’écriture est plus subtile. Je pense que l’on peut écrire en français des choses très directes et faciles comme en anglais mais ça peut vite tomber dans quelque chose de niais. Je trouve que c’est très dur d’écrire de jolies choses en français et c’est pour cela que je suis très exigeant envers moi-même et envers les autres en ce qui concerne l’écriture. Même si c’est quelque chose qui a été banalisé en anglais, je trouve qu’il y a encore des chemins à explorer en français ; notamment trouver une nouvelle manière de chanter le français et une nouvelle manière de l’écrire ; et c’est excitant.

Même si cela peut paraître court pour certains en cinq titres, as-tu cherché à dérouler un fil rouge sur « L’Aventure » ?

Cet EP n’a pas résulté d’une fulgurance. Je ne me suis pas dit que j’allais faire mon premier EP en français. Les chansons qui constituent ce disque sont nées au fil du temps durant deux voire trois ans. Je les ai bricolées moi-même et ça a été une façon de me chercher et de me trouver en français. J’ai rassemblé ces chansons et j’ai essayé de les faire tenir sous la forme d’un EP. Ces chansons sont des petites pièces de puzzle que j’ai essayé d’assembler pour ce premier essai en français.

Quels thèmes abordes-tu sur ce disque ?

Comme tout ce que je fais, cela reste assez cosmique mais on retrouve quand même les thèmes du surréalisme, de la synesthésie des sens et de l’inversion de la réalité.

Comment décrirais-tu ton univers ?

Spatial/cosmique/galactique, solaire et ambitieux.

Pour faire écho au titre de ton EP, peux-tu nous dire où es-tu parti le plus loin en aventure et ce que tu as retenu de ce périple ?

Parfois, on part très loin tout en restant dans son canapé grâce aux voyages mentaux mais cet été, j’ai fait un périple de la Grèce à la Turquie ; cela faisait un petit moment que je n’avais pas voyagé dans d’autres pays ; et cela m’a beaucoup inspiré ; notamment les paysages marins, les îles et la mythologie. Je suis allé chercher la mer et je l’ai trouvée ainsi que tous ses éléments. J’ai eu une petite révélation sur l’île de Samothráki où des cultes païens étaient pratiqués durant l’antiquité au temple de Samothrace. C’était vraiment quelque chose.

On parle souvent de kaléidoscope d’émotions, quelle serait celle qui collerait le mieux à ton EP ?

La joie de partir de l’aventure !

A quel film existant « L’Aventure » pourrait-il servir de bande originale ?

A un bon road movie. Je pense à « Duel » de Steven Spielberg qui est sorti au début des années 70 et dans lequel un énorme camion poursuit une voiture.

Scéniquement parlant, comment retranscris-tu l’atmosphère de cet EP ?

On essaie vraiment de jouer ce disque en mode Rock ‘n’ Roll, tout à l’émotion, sans artifice. Sur scène, il y a quelque chose de très brut. Avec P-a, nous avons une formule très minimale, il est à la guitare, il y a quelques machines qui font des séquences, je joue un peu de synthé, un peu de guitare et je chante. Nous avons très peu d’éléments sur scène et nous essayons d’en tirer le maximum afin de présenter quelque chose de percutant. En live, les versions sont beaucoup plus Rock que celles du disque mais nous avons aussi créé des morceaux Dance-Disco de toutes pièces pour les concerts et notre fin de set est presque taillée pour les clubs. Nous avons récemment joué au POPUP! et c’était le feu !

As-tu prévu de poursuivre l’aventure de cet EP avec un second volet ou des remixes ?

Oui, forcément, nous travaillons déjà sur la suite et ce prochain EP sera complètement différent car j’ai horreur de faire deux fois la même chose. J’ai toujours besoin de me mettre un peu en danger quand ça devient trop confortable ou en tout cas, de changer la manière de travailler. J’ai fait ce premier EP en français dans mon petit cocon de manière très solitaire mais le prochain EP sera fait de manière beaucoup plus collective ; nous avons monté une sorte de groupe avec lequel nous faisons des résidences de création dans le Sud-ouest de la France dans des petites maisons de campagne. Sur ce prochain EP, tout sera joué avec de vrais instruments et ça sera peut-être un peu plus 70’s que 80’s dans les textures…