Retrouvailles avec RoSaWay au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de « Girl(s) » ; un premier album royal !
Que s’est-il passé musicalement pour vous depuis la parution de « Dreamer » en 2020 ?
Stef : Il s’est passé énormément de choses !
Rachel : Il y a eu de la presse, pas mal de concerts, des singles, une pré-nomination aux Grammy en 2022, une collaboration avec Shaun Martin qui fait partie du groupe Snarky Puppy, l’écriture de l’album…
J’ai l’impression que votre carrière a sacrément décollé aux Etats-Unis…
R : Il y avait déjà eu un frémissement aux Etats-Unis depuis 2019. A vrai dire, nous y avions fait une première date en 2018 et c’est à ce moment-là que nous avions signé avec notre label à New York ; le label nous avait que notre devrions aller à Los Angeles car notre scène Pop-Jazz se trouvait là-bas. En janvier 2019, nous avons fait deux dates qui ont bien marché et cela nous a encouragés à monter une tournée complètement homemade fin août-début septembre ; des quatre dates initiales, nous sommes passés à plus de dix. En janvier 2020, nous sommes retournés à Los Angeles pour le Namm Show et nous y avons signé avec des marques afin qu’elles nous sponsorisent. Nous avons senti qu’il y avait vraiment quelque chose pour nous aux Etats-Unis et qu’il allait falloir y retourner mais le COVID est arrivé…En 2022, après la pré-nomination aux Grammy, pas mal de portes se sont ouvertes. T-Mobile ; qui est le plus gros opérateur de téléphonie et Internet aux USA ; a souhaité utiliser notre chanson « Dreamer » dans leur campagne publicitaire notamment pour la finale du Super Bowl ; je tiens à préciser qu’ils ont trouvé notre morceau tout seuls sur Youtube ; chose assez improbable.
S : Moi-même, au début, je croyais que c’était une blague ; je pensais avoir mal compris ce que m’avait dit le label.
R : Mais finalement, ils ont préféré choisir une chanson de Ray Charles…C’était quand même une « belle défaite » et comme nous avions été repérés, cela nous a ouvert le marché Américain. En 2022, nous avons ouvert pour le Namm…
S : …il y avait 1300 personnes triées sur le volet dans la salle mais ce que nous ignorions, c’était que le concert était retransmis partout dans le monde en streaming et rediffusé dans tous les hôtels de la convention. Tout le monde avait vu notre concert et quand nous sommes ressortis de la salle, nous ne pouvions même plus traverser les couloirs, les gens nous arrêtaient…
R : …ils nous demandaient des autographes et des photos. C’était complètement lunaire car je pense que les gens ont imaginé que nous étions très connus puisque nous avons eu accès à cette scène. C’était complètement dingue ! Ca a été un super tremplin pour nous. Nous avons signé avec une agence de booking et depuis janvier 2023, nous partageons notre vie entre les Etats-Unis et l’Europe.
Qu’est-ce que les Américains mettent le plus en avant chez vous ?
R : Notre côté Français !
S : Effectivement mais ce qui revient tout le temps, c’est surtout que nous sommes uniques ; c’est en général, la première chose que l’on dit de nous.
R : En France, on nous disait que c’était particulier ce que nous faisions mais aux Etats-Unis, cette notion-là prend un autre sens car là-bas, être unique, c’est extraordinaire et je pense que c’est lié à leur multiculturalisme ; les Américains peuvent rejeter la différence mais elle ne leur fait pas peur. Les Américains trouvent que notre musique est inclassable mais pour eux, c’est un plus.
Je sais que Stef y a vécu avant la formation de RoSaWay…Imagineriez-vous quitter la France aujourd’hui afin de développer encore plus votre musique aux USA ?
S : Je ne pense pas et à mon avis, nous n’avons pas besoin d’y passer plus de temps. Je trouve que nous avons un bon équilibre maintenant. J’aurai du mal à quitter complètement la France ; je ne l’envisage même pas ; mais c’est vrai que l’énergie que nous trouvons aux Etats-Unis est différente de celle qu’il y a ici.
R : Je pense que les deux marchés s’équilibrent. Il ne faut pas oublier qu’avoir un projet émergent, c’est compliqué et fatiguant et aux Etats-Unis, il y a une énergie positive qui est valorisante ; le fait d’essayer est mis en valeur là-bas, être sur scène aux USA nous a fait gagner des points ; mais la vie y est très dure ; tout est payant, c’est le vrai capitalisme, il faut se battre pour tout, c’est une économie de survie…nos amis musiciens font quatre concerts par jour mais par contre, le niveau est très haut. Quant à la France, elle a un côté rassurant ; étayant ; on sait qu’il y aura toujours un soutien. Quand on tourne en France, les conditions ne sont pas les mêmes ; on a des loges, à manger…En tout cas, je ne me verrais pas vivre à 100% aux Etats-Unis.
S : Aux Etats-Unis, tout est sans filet et puis, le public Français ; et Européen ; est génial aussi. Nous avons fini l’année au New Morning et c’était incroyable, je ne me verrais pas ne plus faire de concerts ici.
L’album a-t-il été une évidence ?
R : Quand nous avons commencé à écrire de nouvelles chansons, nous nous sommes tâtés quant à la forme que le futur disque allait prendre. Comme notre projet avait déjà cinq ans et que nous avions publié deux EPS, c’était le bon moment pour sortir un format long même si écrire dix chansons, ça fait peur. Un album, c’est long et lourd à porter, il ne faut pas se rater et il faut que ce soit cohérent.
S : C’est beaucoup plus de pression.
« Girl(s) » est-il un approfondissement de « Dreamer » ou êtes-vous partis dans d’autres directions sur cet album ?
R : Avec nos EPS, nous avons pu explorer différentes couleurs musicales ; New Orleans, Blues, Soul, un peu plus Electro… ; mais quand on fait un album, il faut resserrer afin qu’il y ait une ligne directrice. Pour « Girl(s) », nous avons fait un peu la somme des retours que nous avions pu avoir aussi bien du public que des professionnels.
Je trouve qu’il y a un côté très pêchu sur « Gilr(s) » et quelque chose qui rappelle les années 80…Êtes-vous plutôt d’accord avec cela et si tel est le cas, était-ce totalement intentionnel ?
R : Nous nous sommes tournés vers le Disco des années 80 pour l’album ; celui des débuts de Michael Jackson en solo, Madonna et Prince ; après, cela s’interpénètre avec le Funk et finalement, tout cela vient du Jazz. Le Disco nous a permis d’embrasser différents styles mais aussi de resserrer tout en gardant notre identité.
Avez-vous affiné votre songwriting sur cet album ?
R : Cet album n’est pas conceptuel mais il y a un thème qui traverse ces dix chansons, je dirai que le songwriting s’est affiné dans ce sens-là car nous avons creusé des thèmes. Par ailleurs, ça s’est affiné peut-être aussi parce que nous avons écrit une chanson en français et ça, ça a été un vrai challenge pour moi. Ecrire quelque chose d’autobiographique et d’assez poétique dans notre langue, ça me paraissait une montagne. Dans cet album, nous n’avons pas voulu être trop premier degré, nous avons utilisé encore plus de figures de style et d’images.
Comme son nom pourrait le laisser entendre, « Girl(s) » est-il un album féminin voire féministe ?
R : Cet album n’est pas plus féminin que masculin car il s’adresse aussi aux hommes. En revanche, il est féministe mais féministe du quotidien ; il ne revendique rien mais il met en lumière dix situations de femmes qui pourraient être aussi vécues et comprises par des hommes.
S : Ça a été hyper intéressant pour moi d’écrire cet album avec Rachel.
Quelles thématiques abordez-vous sur ce disque ?
R : L’identité multiple est le grand thème de cet album et c’est pour cela que nous l’avons baptisé « Girl(s) ». Être une femme, c’est à la fois faire partie d’une entité et être un cas particulier et c’est aussi pour cela que lorsque les gens parlent de la Journée de la Femme, j’insiste pour dire que c’est la Journée Internationale du Droit des Femmes ; c’est important car nous ne sommes pas un troupeau identique même si nous faisons partie de cette espèce de sororité. D’autres thèmes traversent cet album notamment celui du métissage ; qui était important pour moi d’autant plus depuis que je vais aux Etats-Unis ; et aussi celui des violences faites aux femmes ; même si chaque année, c’est de pire en pire, le « mieux », c’est que l’on en parle de plus en plus, on dit à ces femmes qu’on les voit et on dit aux agresseurs qu’on les voit aussi. Nous parlons aussi de transsexualité sur ce disque.
Le français va-t-il s’inviter de plus en plus dans la musique de RoSaWay ?
S : C’est possible…
R : Pour ma part, l’écriture ne se fait que dans la contrainte ; je ne fais pas partie de ces gens qui ont une inspiration soudaine. Le français s’est imposé comme une contrainte d’écriture. Aussi bien en France qu’aux Etats-Unis, on nous a demandé des chansons en français et on s’est demandé pourquoi nous n’écrivions pas dans notre langue. Nous ne voulions pas écrire en français mais nous avons cherché à savoir d’où venait ce blocage. On se révèle beaucoup plus en français et les thèmes que nous abordons reflètent beaucoup plus qui nous sommes ; c’est en tout cas mon impression car il n’y a plus le « masque » de l’anglais. A présent, la ligne qui sépare l’artiste de celle où l’on se dévoile plus devient beaucoup plus tenue. Nous avons grandi et le français s’impose car nous avons envie de raconter des choses plus intimes. Par ailleurs, ma voix ne sonne pas de la même façon dans les deux langues ; en français, elle nous permet une certaine sensualité intimiste. Je pense qu’il y aura donc du français même si ça ne sera pas tout le temps. Nous jouerons sur cette dualité.
Quels sont vos prochains projets ?
S : Nous avons commencé à écrire pour la suite ; des choses sont déjà prêtes. Nous allons poursuivre la tournée en France et aux Etats-Unis.
R : Nous avons sept dates qui se suivent en Californie ! Pas mal de dates sont en train de se booker. Il y aura des live sessions car les gens en sont friands.
S : Je pense que les gens ont envie de voir ce projet joué en live.
Rosaway - Girl (Official Music Video)
Song by Rosaway Label: Ropeadope records Video directed by Audrey + Wandy "GIRL(S)" is a tribute. A tribute to women. To those we see, to those we sense, to those made invisible, to those we prefer