Retrouvailles avec Two Faces au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution du premier album du duo !
Quand nous nous étions rencontrés fin 2021, vous nous parliez déjà de votre premier album…pourquoi a-t-il pris plus de temps ? Avez-vous fait évoluer certains titres ?
Ben : Effectivement, nous nous étions rencontrés au moment de la sortie du tout premier single de l’album. Nous avions prévu de sortir ce disque longtemps après mais nous n’avions pas de date exacte. L’un des thèmes de l’album est le fait de s’écouter et de se faire confiance et nous voulions laisser cela dans la façon de sortir ce disque. Par ailleurs, il y a eu beaucoup de bouleversements dans les titres. Par rapport à la première version de l’album, deux chansons ont sauté et deux autres se sont rajoutées notamment « The Fire » qui opère une bascule dans ce disque. Nous avons rajouté ce titre une semaine avant de livrer l’album car nous nous sommes rendu compte que c’était une sorte de synthèse de ce disque et de comment nous regardions le feu, ce qui a donné lieu à la pochette qui illustre « After The Embers ».
Comment avez-vous voulu ce disque d’un point de vue musical ?
B : Nous voulions laisser aller les choses. Nous ne nous sommes pas dit que nous allions faire un album de Rock ou qui serait dans telle tendance. En fait, nous avons toujours eu du mal à savoir quel style de musique nous faisons et le fait de ne pas savoir nous décrire nous va très bien. Quand nous nous sommes lancés dans l’album, nous avons regardé nos deux EP ; le premier qui avait été fait complètement chez nous sur l’ordinateur et qui était très froid avec une ambiance Cold Wave/Trip Hop et le second qui était plus Rock avec plus d’instruments joués et qui avait bénéficié de l’expérience de la scène ; et nous avons passé du temps à nous demander ce qu’était musicalement Two Faces. Nous nous sommes rendu compte que nos deux EPS avaient servi d’expérimentations musicales. Pour notre album, nous avons pris ce que nous trouvions de meilleur dans nos deux premiers EPS. Musicalement, nous avons utilisé tout ce que nous aimons dans toutes les musiques que nous affectionnons. Nous écoutons de la musique à partir du moment où elle nous parle et cela n’a pas de style et c’est ce que nous avons essayé de retranscrire dans la musique que nous faisons.
Y-a-t-il une « narration » tout au long de ce disque ?
P-O : Ce disque que nous avons voulu complet est une entité à part entière faite de onze morceaux qui se complètent et qui racontent effectivement une histoire ; un cheminement. « Unspeakable Things » en marque le début ; c’est la genèse du projet ; cela passe notamment par « The Fire » qui est un moment de bascule au milieu de l’album qui fait écho à « After The Embers » qui donne son nom à l’album ; que se passe-t-il avec les braises, est-ce que le feu s’éteint ou au contraire est-ce qu’il explose, pour aller jusqu’à « Gasoline » qui est le dernier morceau et qui est une ouverture sur un avenir que nous espérons plus brillant.
Quelles thématiques abordez-vous sur « After The Embers » ?
B : Sur cet album, nous abordons le passage à l’âge adulte et ce que l’on fait de notre innocence. Nous traitons de différentes façons les questions environnementales car c’est quelque chose qui nous touche énormément. Il y a également des sujets de société.
P-O : Nous en parlons sans être moralisateurs car personne est irréprochable, nous sommes tous avec nos paradoxes. Le questionnement sur soi et le fait de regarder ses actes sont aussi des gros sujets de cet album. Nous parlons aussi de peurs primaires comme celle de la mort.
Vos rôles se sont-ils diversifiés durant la conception de ce disque ? Y-a-t-il eu des inversions, par exemple ?
P-O : Il n’y a pas eu d’inversions particulières car depuis le début, nous faisons tout tous les deux mais forcément, il y a des spécifications qui se sont créés au fur et à mesure. Sur cet album, nous avons écrit et composé ensemble. Parfois, l’un arrivait avec un texte, l’autre avec l’instru et inversement. Nous nous échangions tout très rapidement afin que l’autre puisse y mettre sa patte. Nous avons fonctionné sous forme de résidences de création, nous nous enfermions une semaine ou deux dans un chalet à la montagne. Au-delà de cela, nous avons élargi notre capacité de travail en ce qui concerne les clips, nous en sortons beaucoup, c’est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur et maintenant, nous les réalisons nous-mêmes ; nous avons été aidés par des réalisateurs pour certains et nous avons beaucoup appris grâce à eux.
« After The Embers » est paru le 31 mars, quels ont été les principaux retours depuis sa sortie ?
B : La maturité du projet revient beaucoup de la part de nos proches mais je pense que c’est parce qu’ils nous suivent depuis le tout début. C’est assez plaisant de se dire que pour ces personnes qui nous ont connus quand nous étions collégiens, nous avons évolué et nous sommes musiciens maintenant. Par ailleurs, j’aime voir quels titres les gens mettent en avant car ce ne sont jamais les mêmes, chaque personne à ses préférés. En dehors de cela, il y a une vraie satisfaction de se dire que nous avons réussi à aller au bout de nos questionnements ; de nos doutes ; et cela nous a rapporté tellement d’un point de vue personnel.
Pensez-vous/travaillez-vous déjà sur la suite de ce premier long format ?
P-O : C’est encore un peu tôt pour mettre les choses en marche mais effectivement, nous avons déjà pensé à la suite. Dans un premier temps, nous allons faire vivre ce premier album sur scène et par le biais d’autres clips qui sortiront prochainement.
B : Jusqu’à présent, nous nous sommes servis de notre amitié un peu folle pour grandir et maintenant, nous avons envie de partager cela en faisant peut-être plus de collaborations sur nos titres ou sur ceux d’autres artistes…Ce sont des idées que nous avons en tête.
Vous avez récemment dévoilé le clip de « Fearless », diriez-vous que le fait de partager cette aventure musicale tous les deux vous rend encore plus intrépides/courageux ?
P-O : Il est certain que ce projet nous renforce en tant qu’êtres humains ; ça nous blinde de plein de choses, ça nous permet de grandir, de nous construire et de nous déconstruire sur certains points. A la base, nous voulions exprimer nos émotions au travers de nos morceaux et aujourd’hui, c’est quelque chose qui est plus naturel chez nous même si la musique est toujours le moyen principal pour cela. Two faces est un projet qui nous fait grandir et qui nous rend peut-être meilleurs chaque jour.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la mise en images de « Young Chief » qui est notre titre préféré sur « After The Embers » ?
B : Sur la majeure partie des clips de l’album, nous avons essayé de repartir à chaque fois du texte et en ce qui concerne « Young Chief », c’est un regard en arrière ; il y a un côté très nostalgique de l’enfance, de l’innocence. Nous avons troqué nos armes d’enfants pour des espèces de batailles de billets de banque. Quand nous avons commencé à discuter avec Nicolas Garrier qui a réalisé ce clip, nous avons évoqué l’idée d’enfants perdus dans des fringues d’adultes et cela a donné naissance à ces inspecteurs qui sont à la recherche de quelque chose ; mais de quoi…ils ne le savent pas vraiment, c’est un prétexte pour jouer. Nous avons adoré tourner ce clip, nous avons beaucoup ri, nous étions perdus dans la forêt habillés en inspecteurs, nous nous parlions avec surnoms…c’était très drôle à jouer et c’était le but car nous voulions revenir à quelque chose d’innocent. Quant au fantôme, c’est un guide qui est là tout le long de ce clip mais nous ne faisons pas trop attention à lui jusqu’au moment où l’on se dit que c’est bizarre qu’il soit toujours là.
P-O : C’est un peu notre innocence que l’on retrouve en chemin durant notre quête. Ce fantôme nous aide à sortir de notre routine de sérieux dans nos costumes d’hommes modernes concentrés afin de revenir à quelque chose de plus primaire.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
B : Le jour de la sortie de l’album, j’ai envoyé un message à P-O pour lui dire à quel point c’est plaisant de pouvoir partager ma vie musicale avec quelqu’un qui a autant d’attentions pour les gens qui l’entourent. P-O est une belle personne qui aide les autres à devenir meilleurs. Musicalement, il est toujours à la recherche de choses saugrenues et c’est hyper précieux car cela permet de ne pas rester sur des acquis ou sur quelque chose qui existe déjà.
P-O : Ben se pose beaucoup de questions et il n’a pas peur de la remise en question. Il est curieux dans la vie de tous les jours et je pense que c’est important pour être un humain développé intellectuellement et pour avancer dans la vie et avec les autres. C’est un génie de la musique qui œuvre très rapidement et il fait des choses grandioses. Il est très inspiré et par la force des choses, il est très inspirant.
Quels sont vos prochains projets ?
P-O : Le clip illustrant « Out Of Time » sortira avant l’été.
B : Nous sommes à la recherche de dates afin de faire plus de live à partir de la rentrée.