Rencontre avec Ali du groupe Holbrook au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur « Aliens » !
Peux-tu présenter Holbrook à nos lecteurs ?
Holbrook est un groupe indépendant qui a baigné dans différents styles ; courant alternatif, courant post-punk mais aussi dans le rock et la pop au sens large. Le groupe est né autour de 2010 à la suite d’une discussion avec mon cousin Hicham qui en était membre à la base ; il a quitté le projet en 2014 ; et Arnaud qui est batteur, et qui lui est toujours dans Holbrook. Au départ, nous étions deux chanteurs-guitaristes ; mon cousin et moi-même ; et ensuite, il y a eu pas mal de changements de lineup autour du noyau dur que nous formons Arnaud et moi. Nycollas qui est originaire du Brésil a ensuite remplacé Hicham en tant que guitariste. Depuis 2015, Nycollas a pris de plus en plus de place dans le groupe notamment avec le dernier EP qu’il a carrément enregistré et mixé. Entre temps, nous avons connu d’autres membres et différents invités qui ont apporté de nouvelles identités, influences et personnalités au sein du groupe. Personnellement, je suis chanteur, guitariste et j’écris les textes.
Pourquoi êtes-vous revenus au format EP après avoir publié un premier album intitulé « The Great Riot » en 2016 ?
Pour deux raisons. « The Great Riot » était composé de chansons écrites sur une très longue période ; de la fin du lycée jusqu’à Holbrook ; et il y avait donc une volonté de rattraper un certain retard. Par ailleurs, cet album nous permettait de passer à autre chose ; c’était une sorte de témoignage ; nous avons enregistré ce qui avait été fait dans le passé notamment en live. A l’époque, nous nous disions également que faire un album sonnait mieux que faire un EP, c’était la naïveté du début, mais après, il y a la réalité de l’industrie musicale d’aujourd’hui…surtout à l’ère du streaming. Mieux vaut privilégier la qualité à la quantité et donc sortir des EPs afin que les gens puisent prêter plus d’attention à quelques morceaux plutôt que de sortir dix chansons que personne n’écouterait jusqu’au bout ou qu’une seule fois. La consommation de la musique a complètement changé. Il y a vingt ans, on allait acheter un disque en format physique, on rentrait chez soi et on pouvait le déguster seconde par seconde alors que maintenant, avec le digital, on rationne un peu plus.
« Aliens » s’inscrit-il dans la lignée musicale de « Hello Angel » ou avez-vous suivi d’autres directions ?
Je serais très tenté de répondre par l’affirmative et je dirai même qu’avec « Aliens », on est allés plus ou moins dans la même direction que son prédécesseur mais avec plus de profondeur, un peu plus à l’extrême. Nous avons commencé à travailler sur ce nouvel EP en pleine promotion de notre précédent disque. Même s’il y a eu un décalage entre les deux sorties, on pourrait presque dire que c’est une suite.
Pourquoi avez-vous donné un titre en arabe au premier extrait d’« Aliens » alors que cette chanson est en anglais ? Peux-tu nous donner la traduction de nari nari ?
Nari nari signifie mon feu mon feu mais en fait, c’est plus une expression pour dire oh mon dieu oh mon dieu. Je suis originaire du Maroc et il y a une petite chanson que les enfants chantent et dont les paroles commencent justement par nari nari...C’est aussi un peu une expression quand on a peur ; oulala, il va t’arriver quelque chose, c’est la fin du monde. Je me suis souvenu de l’expression nari nari, cela a encapsulé cette expression de peur des enfants qui me rappelait ma jeunesse au Maroc et cela faisait sens avec ce sentiment général et abstrait qui planait durant la composition de ce morceau.
Qu’avez-vous voulu exprimer/dénoncer dans le clip illustrant « Nari Nari » ?
Le clip de « Nari Nari » peut être vu comme une satire du début des années 2020 avec les influenceurs, les réseaux sociaux, les hashtags par-ci par-là pour tout et n’importe quoi. Ce qui peut être un peu paradoxal, c’est qu’en tant qu’artistes indépendants, nous devons mettre la main à la patte pour la promo même si ce n’est pas forcément quelque chose que l’on aime faire. Dans Holbrook, nous sommes passionnés de musique et nous aimons créer des choses avant tout. Si le visuel et le marketing sont des choses intéressantes, nous sommes moins fans de l’aspect partage-like-etc. Dans ce clip, nous voulions montrer non seulement les dérives mais aussi la contradiction entre la réalité et ce qui est montré à l’écran.
Quelles thématiques abordez-vous sur votre nouvel EP ?
Je vois les quatre chansons de cet EP comme des chapitres. Le premier parle de désillusion, de déception, de voir le monde avec un autre œil. Le second aborde un sentiment de résistance, de résilience. On se permet de rêver avec le troisième chapitre et le dernier est plus axé sur le thème de l’espoir.
Peux-tu nous en dire plus sur la peinture qui illustre la pochette d’« Aliens » ?
J’ai commencé à prendre des cours de peinture l’année dernière et j’ai réalisé moi-même cette toile sur laquelle on peut voir un bonhomme qui met une main devant lui et dans celle-ci, il y a un œil. Je savais plus ou moins où aller. L’œil peut renvoyer au mauvais œil comme dans les cultures Nord-Africaine, du Moyen-Orient ou Juive mais après avoir fait « Nari Nari », ça peut aussi être l’œil des réseaux sociaux ; j’imagine qu’à force de s’exposer trop, on attire le mauvais œil. La main illustre la notion de protection contre l’autre, contre ce mauvais œil ; justement ; mais aussi contre tout ce à quoi nous avons pu être confrontés ces dernières années ; le COVID, les guerres…
Comment décrirais-tu l’atmosphère générale de votre nouvel EP ?
Si l’on suit la chronologie des morceaux, je dirais l’atmosphère est évolutive. On part d’un côté sombre et on voyage jusqu’à quelque chose de plus lumineux. C’est comme si on débutait l’EP dans une nuit obscure et que l’on arrivait aux premiers rayons du jour au petit matin.
Selon toi, qu’est-ce qui fait la richesse de votre projet musical ?
Spontanément, j’ai envie de répondre notre passion commune pour la musique et notre curiosité. Nous ne nous mettons pas de limites créatives dans Holbrook.
Avez-vous déjà en tête la façon dont vous allez célébrer vos dix ans de carrière discographique l’année prochaine ?
Non, nous n’y avons absolument pas pensé mais merci de nous le rappeler ! Nous espérons reprendre les concerts en 2024 et sortir un autre disque…nous pourrons labéliser cela comme la célébration de nos dix ans de carrière discographique effectivement.
Quels sont vos prochains projets ?
« Aliens » sortira le 10 avril. Une lyrics vidéo et des visualizers sont prévus pour illustrer les morceaux. Peut-être que nous présenterons des live sessions à partir de la rentrée et nous prévoyons de reprendre le live juste après.
Stream and Pre-save Aliens - Distributed by DistroKid