Rencontre avec René Bergier du groupe LUPO à La Manufacture Chanson afin d’en apprendre plus sur l’album « Nuits D’Ailleurs » !
Peux-tu présenter LUPO à nos lecteurs ?
LUPO est un trio basé en Bretagne entre Guérande ; pays du sel ; Rennes et Pont-Aven. Nous nous définissons comme un trio chanson electro même s’il y aussi des influences Rap et Pop dans notre musique. Le groupe est composé de Fabien aux synthés et aux machines, de Nicolas à la batterie ; une batterie moitié électronique et moitié acoustique ; et de moi-même ; René ; au chant et à l’écriture des textes.
Comment s’est formé votre trio ?
Avant LUPO, j’ai eu une longue expérience de groupe avec un projet baptisé La Belle Bleue avec lequel j’ai tourné durant 17 ans et qui s’est terminé en 2021. Durant les quatre dernières années, ce projet était porté à la batterie par Nico. Comme nous étions complices, quand j’ai voulu partir sur un nouveau projet avec l’optique de changer vraiment d’identité car La Belle Bleue était plus acoustique et chanson Rock, Nico était chaud pour me suivre dans ce projet mais il nous manquait une troisième personne qui maitrisait plus les outils electro et c’est Nico m’a présenté Fabien qui est l’un de ses potes. Fabien est plus un enfant du Rock mais il s’est mis à la musique électronique il y a une dizaine d’années. Fabien a pris en charge les premières maquettes avec ses synthétiseurs et ses outils MAO afin de créer des ambiances électroniques sur nos premières chansons et ça a bien fitté tous les trois immédiatement.
Pourquoi avoir choisi LUPO comme nom de groupe ? Serait-ce parce qu’il y a un côté animal dans votre musique ?
On aime bien le côté un peu paradoxal que le loup peut avoir. Dans l’imaginaire des gens, il peut être à la fois dangereux, féroce, nocturne, un peu mystérieux mais en même temps, c’est un animal qui est rare et fragile. Il y a également la notion d’esprit de meute. Si LUPO est un projet qui est né à mon initiative, nous avons tout de suite voulu en faire un projet de groupe et non un projet solo de chanteur. Nous aimions donc bien ce côté meute du loup. Ça nous définissait bien.
Comment développerais-tu l’univers de LUPO ?
Nocturne, mélancolique, intense et contemplatif.
L’EP « L’Aube Est Là » paru l’année dernière vous a-t-il permis de trouver le son que vous vouliez par votre premier album ?
L’EP correspond vraiment à notre rencontre et aux premières recherches que nous avons faites mais nous avons vite voulu approfondir les textures de sons et passer à autre chose. Nous voyons l’évolution de notre musique comme une route et chaque EP ou album comme une sorte d’escale. L’album est sorti le 03 mars mais cela faisait un an et demi que nous étions dessus et nous sommes déjà sur la recherche de nouveaux sons tout en défendant ce disque en live. Nous avons envie d’expérimenter de nouvelles choses. Je viens plutôt de la chanson Française alors que Nicolas et Fabien pas du tout et c’est ce qui est intéressant car ils ont un autre regard, chacun découvre un peu ce que nous sommes en train de faire tous les trois, c’est nouveau pour tout le monde. Nous sommes en train de gratter, de fouiller, de se chercher et d’essayer d’avancer comme cela sur un chemin un peu inconnu avec toute l’imprudence que cela comporte.
Ce premier long format s’intitule « Nuits D’Ailleurs », serait-ce une indication sur la façon dont ces chansons ont été écrites ? La nuit et dans d’autres pays ?
Pas forcément dans différents pays même si j’ai eu l’occasion de faire quelques voyages qui m’ont forcément inspiré. Je suis entre la Bretagne et la Corse dont je suis originaire et il y a donc toujours cette notion de grands espaces, d’horizons infinis ; inconsciemment, c’est toujours présent dans mes chansons. Le titre de l’album renvoie au fait de s’extraire du côté très factuel, quotidien, un peu routinier que l’on peut avoir dans nos vies. La nuit peut être un moment de solitude ou au contraire de fête. On peut se retrouver dans des atmosphères complètement différentes ; cela peut être une transformation de nos quotidiens diurnes. Pas mal d’idées viennent d’escapades nocturnes mais à vrai dire, j’écris rarement mes chansons en une seule fois. Souvent, il y a une phrase ou deux qui me viennent ; un peu comme une ritournelle ; et ensuite, j’attends une fulgurance plutôt que de me mettre derrière un bureau afin d’essayer d’écrire.
Quelles thématiques abordez-vous sur ce disque ?
Cet album parle notamment de rencontre insolite, d’évasion, de souvenirs liés à l’enfance/à l’adolescence, de questions existentielles, des mamans, de désillusion mais avec l’envie de rebondir tout de suite…
Que retrouve-t-on dans vos textes ? J’ai eu la sensation que tu avais un peu une double casquette de chanteur-conteur ?
J’écris des chansons comme on pourrait peindre une toile émotionnelle d’un moment de vie. Je mêle des souvenirs de l’enfance ; des choses que j’ai pu traverser ; des choses qui m’interroge au quotidien et qui sont plus du domaine des questions existentielles et un regard sur la société que j’arrive à mettre en clin d’œil de temps en temps dans les chansons. Notre musique est surtout un amas d’images et à travers cette forme très métaphorique dans l’écriture, nous essayons de laisser une libre interprétation aux gens qui nous écoutent. Nous avons à cœur que ces histoires soient très visuelles et qu’elles se promènent entre le côté aérien de la musique électronique avec les synthétiseurs et quelque chose de plus terrien avec des grosses basses.
Où puisez-vous vos inspirations pour ce projet ? Certainement pas uniquement dans la musique…
Je m’inspire beaucoup de ma propre histoire, de choses que j’ai vécues. Comme mon écriture est plutôt imagée, mes références proviennent beaucoup de films. J’ai lu pas mal de poésie, je préfère cette forme-là au roman car je m’ennuie vite et j’ai besoin de quelque chose de plus direct comme la forme chanson ; en trois minutes, on peut être bouleversé.
Peux-tu nous parler de la mise en images de « Hall 4 » ?
J’étais vraiment dans un hall d’aéroport quand j’ai écrit ce titre. Nous devions faire un voyage à deux mais les choses de la vie ont fait qu’au final, je suis parti tout seul. Cette chanson a été facile à écrire car il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser les idées : le côté solitude dans la foule que l’on prend comme un coup de poing mais aussi plein de choses à observer qui ramènent à la personne qui devait être là et plein de souvenirs qui remontent. Dans cette chanson, on retrouve pas mal le fait d’être toujours connecté, de toujours vouloir être au taquet sur tout dans le moment présent jusqu’à oublier l’essentiel ; des choses plus intimes et indescriptibles ; d’être avec l’autre. Dans le clip, il y a un peu l’idée de Narcisse qui se noie dans son propre reflet mais à la fin, heureusement, il arrive à sortir de l’eau et à en réchapper.
Quels sont vos prochains projets ?
Nous espérons pouvoir défendre encore plus ce premier album lors d’une tournée estivale même si c’est très dur de trouver des dates pour les groupes en développement. Beaucoup disent que c’est reparti plein feu depuis le COVID mais c’est très embouteillé. Nous allons nous isoler dans notre petite tanière afin de repartir tout de suite sur de nouvelles compositions. Nous sommes très excités à l’idée de faire de nouvelles recherches musicales. Nous avons très envie de faire des live sessions ainsi que d’autres clips ; nous avons plein d’idées d’autant que les chansons de cet album sont assez narratives.