Rencontre avec Weekend Affair à l’occasion de la parution de « Quand Vient La Nuit » !
Pouvez-vous présenter Weekend Affair à nos lecteurs ?
Cyril : Cyril Debarge, je suis originaire de Lille ; ville dans laquelle je vis encore aujourd’hui. Sur cet album et sur les précédents, je suis compositeur. Sur scène, je joue de la batterie et au tout début du projet, je jouais des synthés. En studio, je joue de la basse un peu aussi. Il m’arrive d’écrire des petits bouts de phrases que Louis va sublimer par la suite. J’ai également une casquette de producteur car nous auto-produisons nos disques sur notre propre label. Cette casquette supplémentaire nous permet de faire ce que nous voulons dans les plannings.
Louis : Louis Aguilar, je viens de Lille également mais je vis à Amiens depuis huit ans. Je suis auteur, compositeur et interprète. Au sein de Weekend Affair, j’écris les textes à partir des compositions de Cyril et je chante. Avant, je jouais de la basse sur scène mais depuis ce nouveau disque, nous nous produisons en live avec Jonathan Cagne qui a récupéré cette partie-là ainsi que les synthés et du coup, je chante et je joue un petit peu de claviers.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
C : Nous nous croisions au Peekaboo, un bar Lillois où les musiciens aimaient se retrouver. Le groupe s’appelle Weekend Affair car c’était une histoire d’amour un peu cachée car nous avions nos projets respectifs. Pour ma part, à l’époque, je jouais de la batterie dans le groupe Electro-Punk We Are Enfant Terrible. Quant à Louis, il avait et a toujours sa carrière solo de chanteur Folk.
Quelle a été votre envie première en créant ce projet commun ?
C : Quand j’étais dans We Are Enfant Terrible, je me retrouvais à avoir des bouts de chansons qui étaient cools mais qui ne marchaient pas vraiment pour ce projet-là. Comme j’avais quitté mon boulot d’ingénieur en agroalimentaire afin de vivre cette grande aventure de musicien ; c’était un vrai saut dans le vide ; j’avais vraiment toutes mes journées de disponibles pour faire de la musique et je m’étais dit qu’il y avait de la place pour un deuxième groupe. J’ai cherché une voix masculine et Louis faisait partie de celles qui étaient vraiment au dessus de la moyenne sur Lille. Je lui ai fait écouter mes compositions en me disant qu’il y aurait peut-être une alchimie et c’est ce qui s’est passé.
L : Nous n’étions pas au même stade dans nos carrières car j’ai dix ans de moins que Cyril et maintenant, j’ai l’impression d’en avoir dix de plus (rires). Je revenais des Etats-Unis, je vivais tranquille dans mon appart en faisant de la musique mais je n’en vivais pas particulièrement encore ; je travaillais à mi-temps dans un bar et chez un tatoueur. Quand Cyril m’a proposé de faire de la musique ensemble en plus de mon projet solo, je me suis dit pourquoi pas car cela allait me permettre d’écrire des textes dans une enveloppe musicale qui n’était pas la mienne. Je ne pouvais y trouver que du positif d’autant que j’ai toujours trouvé que Cyril qui était assez connu dans le milieu de la musique était un gars génial. Le fait que Weekend Affair soit un side project permettait de prendre les choses avec beaucoup de légèreté ; il n’y avait pas d’enjeux, nous faisions ça pour le plaisir et voilà, où nous en sommes dix ans après.
Comment voyez-vous votre évolution musicale tout au long de vos trois albums ?
C : Nos albums grandissent avec nos goûts et nos compétences. Dans cette affaire, l’équipe est assez réduite et nous sommes un peu des hommes à tout faire. Pendant longtemps, nous n’avons pas eu grand monde autour de nous et nous avons tout fait tout seuls. Musicalement, j’ai eu une grosse période Cold Wave et on retrouve cette énergie Rock-Synthés dans notre premier album en anglais sur lequel il y avait des choses un peu plus expérimentales. J’avais en amour Principles of Geometry qui est un groupe signé chez Tigersushi avec des nappes de synthés et des trucs un peu fou et je pense que ça a laissé des traces indélébiles à cette époque-là et cela s’est retrouvé dans ce premier album. Ensuite, j’ai eu une période un peu plus Electro-Pop-Disco et mon envie d’expérimenter les pulsions organiques s’est retrouvée sur le second. Pour ce troisième, nous avons été un peu plus larges, il n’y a pas qu’une période mais plusieurs, il y a des petits bouts d’intentions d’il y a plusieurs années et d’autres choses plus fraîches. Il y a des petites choses des musiques du moment qui se sont invitées dans nos morceaux. Je suis assez perméable à ce qui se passe et dès que je suis touché par la grâce d’un morceau quelque soit sa couleur musicale, sans vraiment le savoir, il y a une trace qui va rester et elle sera peut être retranscrite lors d’une session en studio.
Pourquoi êtes-vous passés de l’anglais au français à partir de « Du Rivage » ?
L : A la base, que ce soit pour mon projet solo ou pour Weekend Affair, j’avais toujours écrit en anglais ; cela venait du fait que je n’avais écouté que de la musique anglophone et c’est là-dedans que je me sentais confortable. Avant « Du Rivage », nous avions déjà fait deux EPS et un album en anglais, j’avais un autre projet en anglais et j’avais envie d’essayer autre chose. A cette époque-là, je venais de signer un titre pour Pomme et j’étais dans une phase où j’écrivais pas mal de titres en français pour d’autres artistes. Je sentais que nous commencions à tourner en rond avec Weekend Affair, nous ne savions plus trop où aller après la tournée du premier album et comme Cyril venait de m’envoyer une instru, je me suis dit que j’allais le surprendre. Je lui ai envoyé « Duel » ; je ne savais pas du tout dans quoi on s’embarquait, c’était juste pour lui faire une surprise sans arrière pensée et en fait, on s’est dit que c’était pas mal cool en français. On s’y sentait bien.
C : Louis m’a envoyé ce morceau ; je me suis laissé émerveiller par cette rencontre avec le français ; et à peu près au même moment, Yuksek qui venait de lancer son label a pris contact avec moi après avoir entendu un titre du premier album sur FIP et il m’a demandé si cela m’intéressait que l’on bosse ensemble. Je lui envoyé la démo de Louis, il l’a trouvée cool, nous l’avons enregistrée en studio et sortie au printemps 2016. Alors que je ne savais pas si j’allais continuer la musique pour des raisons économiques à ce moment-là, tout le monde s’est mis à nous rappeler. Le titre est rentré en playlist à la radio et cela nous a donné l’impulsion pour faire cet album en français.
Voyez-vous cet album comme étant le plus intime de votre discographique ?
L : Oui, ce disque est quasiment un contre rendu de thérapie, c’est un arrêt sur image sur un cap de ma vie. Je me suis rendu compte que je n’étais plus le même qu’il y a dix ans et que je n’avais plus les mêmes envies. Le morceau « Quand Vient La Nuit » raconte une nuit parmi tant d’autres entre mes 19 et mes 26 ans. Je passais mon temps à sortir sans avoir réellement de raisons de le faire. J’avais besoin d’être dehors, de voir du monde et de rentrer à pas d’heure. Maintenant, c’est complètement l’inverse car plus je dors la nuit, mieux je me porte. Sur cet album, j’ai pris le temps de regarder la personne que j’ai été sans juger, sans regretter, juste pour passer à autre chose. Je suis allé chercher au fond du fond. Plus on avance dans les disques, plus on creuse dans ma carapace.
C : Du coup, on va faire quoi sur le prochain ?
L : On va parler d’anatomie et d’organes (rires).
Pourquoi ne t’étais-tu pas dévoilé autant auparavant dans tes textes ?
L : Je pense que cela à voir avec la jeunesse. A la fin de l’adolescence, au début de l’âge adulte, on n’a pas envie de se dévoiler, on n’a pas ce goût-là. Il y a des caps dans la vie. Aujourd’hui, j’ai une vie de famille, j’ai des enfants, j’ai une vie bien remplie. En faisant ce nouvel album, j’ai senti que c’était le moment d’être honnête avec moi-même et avec les autres sinon j’allais m’éloigner de moi en risquant de perdre quelque chose.
Comment décririez-vous l’atmosphère de ce disque ?
L : Un peu tendue et cette part de tension sous-jacente vient de ma vie de maintenant ; cette vie d’adulte où il faut courir tout le temps. En même temps, il y a quelque chose qui est de l’ordre de la prise de temps, du fait de ralentir.
Comment chacun compléterait le titre de votre album ; autrement bien sûr qu’en faisant référence à la chanson « Quand Vient La Nuit » ?
C : Quand vient la nuit, je garde bien ouvert mon petit carnet avec mon crayon sur ma table de chevet car par moments, j’ai une sorte de créativité spontanée et quand je me réveille, il faut que je note mes idées ; ça concerne souvent la musique mais pas que.
L : Quand vient la nuit, je m’endors serein, enfin.
Qu’est-ce que chacun mettrait en avant chez l’autre ?
C : Le fait que Louis arrive à mettre des mots simples les uns à la suite des autres pour créer une sorte de poésie du quotidien hyper forte. Je trouve admirable sa manière d’écrire.
L : Cyril arrive à allier une très grosse créativité avec une vraie capacité organisationnelle sans que ni l’une ni l’autre n’en souffre et ça souvent, dans le milieu musical et artistique, c’est soit l’un soit l’autre. Cyril arrive à gérer tout un tas de choses tout en faisant de la musique et ça ne pourrait pas être mon cas.
Continuez-vous à avoir des projets en solo en parallèle à Weekend Affair ?
L : Oui, j’ai sorti un single intitulé « Carry On », il y a quelques mois. Actuellement, je travaille sur plusieurs disques en même temps dans mon studio à Amiens. Je filme un peu tout cela car j’ai envie de montrer à mes enfants et à leurs copains de manière générale comment je fais un disque tout seul de A à Z car je ne sais pas si je pourrais faire ça toute ma vie. Je continue d’écrire des chansons pour moi, pour Weekend Affair, pour d’autres artistes et pour des films aussi.
C : Mon alias Ch4m4n1sm est un petit laboratoire de musique électronique qui est plutôt dédié à la danse. C’est ma petite récréation. Par ailleurs, je réalise l’album solo de Clotilde Floret la chanteuse de We Are Enfant Terrible qui est une très très bonne copine et une artiste que j’adore. Je vais produire ce disque pour lequel j’ai écrit quelques morceaux.
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Weekend Affair - Fini de Jouer (Official music video)
En Concert : PARIS, le backstage 30 nov 2021, 20H.Ticket : https://www.seetickets.com/fr/event/weekend-affair-release-party-guest-/le-backstage-by-the-mill/2...