Retrouvailles avec Ghern à l’Idol Hôtel à l’occasion de la sortie de son premier album !

Après deux EPS parus en 2016 et en 2018, quel a été le déclic pour créer un album entier ?

A la sortie de mon EP « Fortune », j’ai fait pas mal de concerts à Paris. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que des personnes revenaient me voir...  Je me suis dit qu'il me fallait des nouvelles chansons. J'avais besoin de me sentir légitime de les inviter encore à des concerts. Quand j’ai débuté l’écriture de ces chansons, j’ai senti que le moment était venu de faire un album. Je me suis souvenu que c’était un rêve quand j’ai commencé à faire de la musique.

« Tout a été inventé pour toi » est-il dans la continuité des deux formats courts qui l’ont précédé ?

Il y a une recette ou une méthode que l’on retrouve...  La structure couplet-refrain assez fréquente, mon application à écrire des paroles qui ont du sens, le choix de produire en studio... Mais j’ai l’impression que c’est beaucoup plus joyeux et ouvert qu'avant. Je chante plus haut, il y a davantage de mélodies, davantage d'interprétation de ma part et de celle des musiciens. Quand je jouais « Fortune » sur scène, je sentais qu’il manquait des chansons à mon répertoire... Je n'arrivais pas à exprimer tout ce que je voulais, alors j'ai écrit les chansons qui me manquaient.

Peux-tu expliciter le titre de ton album et notamment qui représente ce toi ?

C’est très simple car c’est vraiment à prendre au pied de la lettre. Le toi dans « Tout a été inventé pour toi » fait référence à tout le monde ; c’est moi, c’est vous, c’est quiconque lirait ou entendrait ces mots. C'est un aphorisme pour inviter à voir la vie comme quand nous étions enfants, quand nous étions capables de nous émerveiller devant tout, devant chaque objet, chaque situation...  On dit aussi que «  tout arrive pour une raison »... C'est également dans ce sens là.

Comment décrirais-tu l’atmosphère de ton album ?

C'est un disque assez acoustique avec ma guitare folk omniprésente. Toutes les chansons de cet album ont été jouées par des musiciens, et mis à part les synthétiseurs, ce n'est que des prises au micro. Il n'y a pas de samples ni de programmation sur ordinateur. Ensuite, je dirais que malgré une production plutôt « rock », il y a une atmosphère assez personnelle, assez intime, à cause de ce que je raconte. Je crois que j'ai vraiment été sincère. J’ai du mal à savoir si c’est une qualité ou pas... Parce que dans la musique pop ou rock, il arrive qu'on triche, comme pour manifester un surplus de confiance en soi, et c'est quelque chose qui marche souvent très bien. Sur ce disque, il y a des passages où je raconte ma vie. Le morceau « Il ne faut jamais rien raconter » par exemple, est complètement autobiographique...  Avant, je n’aurais pas été capable d’écrire aussi simplement sur ce que j'ai vécu.

Y-a-t-il une progression dans « l’histoire » de ce disque ? Les chansons sont-elles reliées entre elles ?

J'adore l'exercice du tracklisting. On cherche avec des chansons à partir d'un point A pour arriver à un point B. Je n'ai pas fait un album concept mais il y a tout de même une histoire. Le premier morceau « Inauguration » est une introduction. J’avais envie d'ouvrir ce disque avec des cordes pour rappeler mon attachement à la musique classique, ou à la musique qui n’est pas forcément pop. Juste après, avec « A la frontière », j’explique d’où est parti cet album. Je parle de ce moment où l’on est entre deux histoires, entre deux vies, et où l’on s’apprête à commencer la nouvelle. Chaque chanson me permet de me livrer un peu plus, de décrire une nouvelle émotion. Dans  « Météo France » je finis par m'adresser directement à mon pays, dans « En Attendant Jodo » j'essaie de rappeler que la poésie peut être une réponse à toute chose, et avec « Le 1er » qui clôt l'album, je raconte finalement le chemin que j'ai parcouru pour en arriver là...

Quels sont les thèmes majeurs de tes nouvelles chansons ?

Ce n’est pas facile à dire car j’ai l’impression de parler de choses différentes à chaque chanson. Mais je pense que l’envie ou le besoin de liberté revient assez souvent. Il y a aussi le thème de l’émerveillement, celui qu'il est utile de garder face au monde, qui peut aider à supporter le quotidien. Il est aussi question du deuil de l’enfance enfin réalisé. C'est un moment de notre vie où l'on peut parler à l’enfant qu'on a été parce qu'on a compris qu’on ne sera plus jamais cet enfant ; alors on le garde, comme un petit double que l’on emporte avec nous... mais on sait que l’on est passé à une autre étape.

Ton album a été précédé notamment par « La chaise d'émeraude », peux-tu nous dire ce que symbolise cette chaise ?

C’est une chaise verte que j'ai à la maison, près de la fenêtre de mon salon. Une fois, je regardais dehors et j’ai eu comme une sorte de brève hallucination où je me suis vu passer, je me suis vu marcher dans la rue. Ça m'a rappelé le livre « Voyage autour de ma chambre » de Xavier de Maistre. Dans « La chaise d'émeraude », il y a cette idée de pouvoir s’évader tout en étant immobile. C'est assez utile et même fascinant...  Et puis ça donnait un caractère magique à ma chaise alors tout était là pour que j'en fasse une chanson.

En parlant de couleur…laquelle donnerais-tu à ton disque et pourquoi celle-là en particulier ?

Je suis obligé de donner deux couleurs : le bleu et le rouge que l’on retrouve sur la pochette. J’avais envie qu’il y ait du bleu derrière moi. C’est la couleur préférée de beaucoup de personnes, c'est la couleur du ciel et de la mer... On peut facilement l'associer à notre envie de liberté. Quant au rouge, la couleur de la cape de pluie que je porte, c’est la couleur de la passion, de l'inspiration. D'une certaine manière, c'était pour dire que j'assume ce que j'écris.

Il n’y a pas de duo sur ton premier album, c’est presque devenu rare de nos jours, était-ce une vraie volonté de n’apparaître que seul ?

J’ai eu envie de proposer une chanson en duo mais avant cela, je voulais terminer l’album pour faire écouter des musiques bien enregistrées... Au final, j’ai été pris par le temps et comme je ne voulais pas que ça traine trop... Ce sera pour une prochaine fois.

Comment vas-tu faire vivre cet album dans les prochains mois ?

Comme tout le monde j’attends la réouverture des salles pour jouer... D'ici là, je vais tâcher de préparer quelques surprises en vidéos et sur les réseaux. Dans un premier temps, il faut que j'aille à la poste pour expédier les vinyles que je viens de recevoir.

Comment envisages-tu l’avenir maintenant que ton premier album est concret ?

Pour le moment, j’ai envie de profiter de cette sortie, j'ai envie de rester concentré dessus. On verra la suite plus tard. Je fais de la musique depuis que j’ai eu une guitare dans les mains, alors forcément, cela va continuer.