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Rencontre avec Gisèle Pape à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier album !

Publié le par Steph Musicnation

©Studio Rozijn

©Studio Rozijn

Peux-tu nous en dire plus sur toi ?

Je suis multi-instrumentiste, je joue principalement du synthé et de la guitare, je fais de la programmation sur ordinateur, je chante, je suis auteure des textes de mon projet chanson Electro et à côté, je crée aussi de la musique pour des pièces de théâtre et de temps en temps pour des films. Je dirais que je me considère comme une faiseuse de sons.

Pourquoi y-a-t-il eu « autant de temps » entre l’EP « Oiseau » et ton premier album ?

Finalement, j’ai sorti « Oiseau » assez rapidement comparativement au moment où j’ai commencé à vraiment vouloir faire de la chanson. Je n’avais pas fait de concerts avant cet EP et j’ai commencé à en donner, j’ai été prise à des tremplins…Le projet a beaucoup mûri entre la sortie de l’EP et la manière dont j’ai interprété ces morceaux sur scène. Par la suite, j’ai débuté l’écriture de nouvelles chansons mais je pense que j’ai eu besoin de temps pour clôturer cette première page qui a été assez importante pour moi. Pour être honnête, je me suis même demandé si j’avais l’intention de faire un album. Il m’a fallu du temps pour trouver la cohérence de cette seconde page. En dehors de cela, ce laps de temps s’explique également par le fait que j’ai travaillé en tant que musicienne sur d’autres projets notamment au théâtre ; c’est un exercice que j’aime bien car cela me nourrit autrement puisque je suis au service d’autres personnes et cela me pousse vers d’autres horizons. J’ai eu besoin de ce temps entre ces deux disques pour murir d’autres choses avant de revenir à mes chansons.

Comment vois-tu ton évolution entre ces deux disques ?

Je vois « Caillou » comme une continuité de mon EP « Oiseau » car il y a des choses qui reviennent dans la manière d’écrire, de travailler les sons mais également la voix. En revanche, je pense que « Oiseau » est plus « atmosphérique » que « Caillou » et c’est aussi pour cela que j’ai donné ce nom à mon album. Le fait de faire beaucoup de concerts m’a donné envie de chanter différemment mes chansons en live et j’ai composé mes nouveaux morceaux en fonction de la scène. Je voulais des choses plus rythmiques, plus ancrées avec un peu plus de basses et de matière sonore. « Caillou » est un disque un peu plus affirmé et un peu plus direct dans sa musique et dans son adresse même si l’on retrouve toujours beaucoup d’images dans mes textes.

©Studio Rozijn

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A quel caillou fait référence le titre de ton album ?

Il fait référence à plein de cailloux car j’en ramasse toujours beaucoup. J’ai une petite nature morte de cailloux chez moi qu’un ami appelle mon désert. J’aimais bien ce titre qui est un peu le pendant de « Oiseau » et d’ailleurs, je vois ces deux disques comme un dytique. A un moment donné, je voulais peut-être appeler cet album « Plaine » ou « Terre » mais je trouvais ça trop grand même si je parle d’immensité dans ce disque, je voulais quelque chose de plus humain. Pour moi, un caillou est simple et plein de possibilités différentes : c’est petit, il y a plein de formes différentes, ça rappelle des souvenirs et plein de cailloux mis ensemble, ça forme des montagnes.

Quelles thématiques abordes-tu sur ce disque ?

Il y a principalement deux thématiques qui se rejoignent un peu. Je parle beaucoup de notre place dans notre société et dans la nature mais aussi de la place que l’on veut avoir et du sens que l’on veut donner aux choses. Le thème de la nature m’est cher ; c’est quelque chose dont je me sens proche ; moi qui ressens beaucoup les choses. Toutes les problématiques de ces dernières années dont le réchauffement climatique me parlent. Dans cet album, je parle d’un lien intime et assez poétique à la nature qui n’est pas qu’écologique ou politique. Ensuite, je parle aussi beaucoup de la fragilité des corps ; c’est aussi en résonance avec l’actualité car j’ai été assez marquée par tous les conflits sociaux, la montée des inégalités ; le fait qu’il y ait toujours des classes très dominantes et d’autres très dominées…J’avais envie de parler de comment on le ressent dans le corps tout en m’attachant aux petites choses qui font sens.

Comment est née l’idée d’écrire sur les nageuses Est-allemandes des années 70 ?

C’est vrai que tout le monde me pose cette question car c’est improbable (rires). Il faut savoir que j’ai toujours aimé le sport et que je suis fan d’athlétisme. J’ai toujours été un peu fascinée par les records et en 400 mètres, il est détenu par Marita Koch une athlète Est-allemande. Je me suis toujours questionnée sur le fait d’avoir un record qui ne soit pas totalement honnête à cause du dopage. Un jour, j’ai vu un documentaire sur différents d’aspects du sport et notamment sur ces nageuses ; j’ai été touchée par le fait qu’à l’époque, elles n’étaient pas forcément au courant ; elles qui pensaient être des reines alors qu’elles n’étaient que des marionnettes. Il y avait un sentiment de doute sur elles-mêmes. Les corps étaient utilisés uniquement à des fins fonctionnelles, on en oubliait les êtres,  c’est quelque chose qui m’a touché et j’ai voulu en parler au travers du titre « Les Nageuses ».

©Studio Rozijn

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Peux-tu nous parler du clip qui illustre cette chanson ?

J’ai travaillé sur ce clip avec Marine Longuet qui est une amie réalisatrice qui avait déjà réalisé le clip d’« Encore » extrait de mon EP. Je voulais utiliser des images d’archives car on y voit ces corps hyper musclés et hyper beaux. Quand elles nagent, c’est très impressionnant. En même temps, nous voulions faire quelque chose de décalé en ramenant un peu d’humour grinçant dans cette histoire. Nous avons mis en images une fausse cérémonie de médailles où les gens sont un peu mis au rebut. Dans ce clip, je joue une médaillée qui comprend peu à peu que son moment de gloire va être très très court. Pour ce clip, j’ai collaboré avec deux amis qui sont de très bons danseurs avec qui j’avais déjà beaucoup travaillé en théâtre et ils ont été rejoints par un troisième. Avec leur gestuelle, ils ont rendu le côté marionnettes dont nous parlions précédemment. Avec leurs bras, ils ont amplifié cette nage pour la rendre monstrueuse.

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Je suis très fan de Laurie Anderson et globalement, j’aime beaucoup la période Post-Punk allant de 1978 à 1982 même si cela ne s’entend pas forcément dans ce que je fais maintenant. Dans cette période, j’aime le mélange des matières, la liberté du Punk et en même temps, l’arrivée des synthés, le côté très expérimental sur certains disques…je pense notamment au groupe Suicide. J’aime quand on entend de la recherche dans la musique. J’ai eu une grosse période Acousmatique/Expérimentale et maintenant, j’écoute un peu plus de French Pop. J’ai beaucoup écouté Steve Reich, Cat Powers notamment son album « Moon Pix » qui m’a beaucoup influencé…Par la suite, j’ai redécouvert la variété Française car je n’en écoutais auparavant. Je me suis mise à écouter des artistes comme Dominique A et Françoiz Breut.

Te verrais-tu adapter tes textes en anglais pour le marché international ?

Pour moi, c’est une histoire de musicalité ; je ne suis pas super forte en anglais mais si on m’aide, pourquoi pas ! En revanche, je trouve que j’ai un accent hyper pourri, il faudrait que quelqu’un d’autre chante mes morceaux (rires).

©Studio Rozijn

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As-tu déjà réfléchi à la suite de « Caillou » ?

Oui mais mon problème est d’avoir plein d’idées et pas assez de temps. Si je m’écoutais, je ferais quatre EPS et un album dans les deux ans. Je voudrais faire un EP d’auto-remixes Electro, un EP qui contiendrait des morceaux enregistrés sur un orgue car c’est mon premier instrument, un autre projet assez différent et encore plus direct avec des problématiques axées sur la société actuelle.

As-tu déjà imaginé une scénographie particulière afin de retranscrire l’atmosphère de « Caillou » en live ?

J’avais commencé à y réfléchir mais je dois avouer que j’ai du mal à me projeter car il y a beaucoup de contraintes mais j’aimerais proposer quelque chose d’assez électrique car j’aime le contraste des matières. Avec des fils lumineux tendus, j’avais imaginé deux arbres ou deux éclairs à mi-chemin entre le ciel et le sol et à cela, je pourrais y ajouter des matières plus organiques. Sur scène, « Caillou » pourrait prendre la forme d’une aube un peu électrique avec de la brume…Il pourrait y avoir aussi de la matière vidéo car l’image est quand même très présentes dans ce que je fais et cela pourrait offrir d’autres points de lecture.

Rencontre avec Gisèle Pape à l’Idol Hôtel à l’occasion de la parution de son premier album !
https://www.facebook.com/giselepapemusic
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