Retrouvailles avec Mélie Fraisse à l’occasion de la parution de « Paris » !
« Paris » ton nouveau titre est-il une déclaration d’amour à la ville lumière ou plutôt une lettre d’adieu ?
C’est un juste milieu, une sorte d’entre deux. C’est en effet une lettre d’adieu mais j’y retourne encore, j’ai donc encore besoin de l’aimer quelque part. Je pense que c’est vraiment un rapport d’amour et haine avec cette ville qui est arrivée dans ma vie à un moment que j’ai adoré ; j’avais 21 ans, je débarquais, je venais de rentrer au Conservatoire National Supérieur de Musique et Paris est associée à plein de belles choses. J’ai habité Rue des Cascades pendant 15 ans et j’ai vécu un Paris que j’ai adoré et que j’ai mis à ma sauce en plus. Après, il y a eu un départ ; je ne sais pas si c’est parce que je viens de Sète et que j’ai grandi à la campagne ; à un moment donné, je n’ai plus pu. Je crois que c’était carrément viscéral de partir de Paris ; ce n’était plus bon pour moi d’y rester.
Tu reviens sur le devant de la scène en français dans le texte alors que ton projet était axé sur l’anglais auparavant, la suite sera-t-elle également dans la langue de Molière ?
Sur mon premier EP en anglais, il y avait deux morceaux en français mais ils étaient plutôt des figures de style. J’ai bifurqué vers le français après une révélation scénique ; parler et chanter en français m’a fait quelque chose et c’est là que j’ai pris conscience que l’anglais n’était qu’un prétexte pour sortir ce que j’avais à dire. « Paris » fait partie des chansons qui feront partie de l’EP 2 et qui ont été écrites directement en français au piano. Il y a eu une vraie bifurcation dans mon projet et il n’y aura pas de retour vers l’anglais si ce n’est que j’aime faire des reprises dans cette langue. Je pense qu’il y a quelque chose qui est de l’ordre de l’intégrité mais après…il ne faut jamais dire jamais.
« Paris » est-il le morceau dans lequel tu t’es livrée le plus jusqu’à présent ?
Je ne pense pas car sur le premier EP, il y avait pas mal de choses de dites. Il y avait beaucoup d’intime dans ce disque même si la langue avec laquelle je m’exprimais n’était pas la mienne et que la poésie utilisée était peut-être moins « maîtrisée » et plus ressentie. Ma chanson la plus intime sera celle qui sortira après « Paris » en même temps que l’EP qui contiendra une chanson adaptée de l’ancien EP, des chansons plus « chansons » comme « Paris » et chansons beaucoup plus dites et concrètes.
Vois-tu ce titre comme un nouveau départ dans tous les sens du terme ?
D’un point de vue musical, il y a un vrai nouveau départ car passer à la langue française, c’est obligatoirement retrouver une position paroles et musique. Si la musique était beaucoup plus présente et le texte beaucoup plus fondu en anglais, quand on défend un texte en français, il prend beaucoup plus d’importance et c’est un héritage de notre chanson française. Ma musique reste bavarde car je demeure une musicienne et une compositrice de paysages. Le départ au niveau musical se fait par le changement de texte. Il y a eu un second départ car je suis partie de Paris et j’habite maintenant plus près de la nature et de la campagne mais je ne suis pas loin de la capitale et j’y retourne très facilement. Je regarde Paris de loin de ma grande banlieue mais je peux me rouler de nouveau dedans quand je veux.
Musicalement parlant, comment perçois-tu ton évolution depuis la parution de ton premier EP en 2016 ?
Sur mon premier EP, il y a un côté minimal et Electro au niveau des influences. « Paris » qui est le premier extrait de mon prochain EP est tellement chanson que l’on a l’impression que tout va bifurquer là-dedans mais il y aura beaucoup d’Electro qui reviendra dans les autres titres. Sur ce nouveau disque, j’ai écrit des parties de cordes pour trio et quatuor de violons et cela donne une connotation beaucoup plus chansons.
As-tu travaillé différemment et notamment avec une nouvelle équipe pour le prochain ?
Le processus d’écriture reste le même. Moi, à priori, je n’ai pas mis de différences ; je produis mes titres de la même manière mais maintenant, au mixage, nous allons plus mettre la voix devant. Au-delà de cela, je dirais que j’ai essayé d’épurer afin de moins en dire musicalement pour laisser la place à la voix et au texte. Pour mon prochain EP, j’ai travaillé toute seule, c’était une vraie volonté afin de ne plus dépendre de la disponibilité d’autres musiciens sur scène dans un premier temps. En revanche, avec cet EP, je vais commencer à chercher des partenaires car l’idée serait de trouver un label, un tourneur et peut-être un manager et à ce moment-là, je rejouerai avec d’autres. Je pense dans un premier temps que ce sera un duo avec un(e) drummer car j’aime beaucoup cette énergie. Sur scène, je suis au violon, aux synthés, au chant et rajouter cette présence-là est importante.
Peux-tu nous parler de la mise en images de « Paris », était-ce une façon d’offrir une fenêtre vers l’extérieur aux confinés ?
Ce clip est bien tombé mais j’ai écrit cette chanson avant les confinements. D’autre part, j’ai eu envie de faire ce clip moi-même car j’ai commencé à faire des images qui étaient de l’ordre du repérage et je me suis faite aidée par un ami car je voulais un effet à la Xavier Dolan. J’ai emprunté cette idée au film très intime et très cru « Mommy » ; le personnage est filmé en carré, il est étouffé dans une vie très étriquée et à un moment donné dans le film, on retrouve le panoramique et on respire enfin. Le clip de « Paris » est une association de deux-trois amis car il fallait qu’il y en ait un qui me filme en forêt de Fontainebleau.
Quels sont les lieux parisiens chers ton cœur ?
Le Conservatoire Nationale, La Philharmonie où je travaille encore aujourd’hui, la Rue des Cascades, la vue depuis la Rue Piat, …c’est aussi tout Paris quand ça ne parle pas français car j’adore ça, c’est le Paris sonore et j’affectionne également le Paris des brocantes sur mon vélo.
Toi qui vis au vert maintenant, qu’est-ce qui te manque de Paris et qu’est-ce que tu ne regrettes absolument pas ?
Ce qui me manque de Paris même si j’y retourne, c’est l’énergie créative ; celle que j’avais eue quand j’étais allée à New York ponctuellement et que j’avais passé un mois à dessiner alors que j’y allais pour écrire des textes. Paris me nourrit d’une électricité, d’une vibration ; j’aime beaucoup aller très très vite, et faire le grand écart est ce que j’affectionne dans ma vie. J’aime me poser à la campagne mais j’aime aussi partir en tournée dans un tourbus. Je pense que je ne profiterai pas aussi bien du vert si je n’avais pas ces shoots d’adrénaline et d’énergie. En revanche, je ne supporte pas le surnombre ; nous sommes vraiment trop nombreux et je trouve cela vraiment aberrant. Cela se voit sur la fatigue des gens et sur la dureté de leurs traits dans la rue. La virulence de Paris me désarme car quand on voit des gens allongés dans la rue ou par terre dans le métro, on ne sait pas quoi faire.
Lors de ta précédente interview, tu avais cité des artistes anglophones dans tes inspirations musicales mais maintenant que tu t’exprimes en français, quelles sont-elles ?
Il y en a une que je n’ai pas choisie mais qui est remontée lors d’un showcase fait à Fabien Hérisson le directeur du Plan ; la SMAC du 91 ; et j’en suis assez contente car il m’a dit que j’étais la Malik Djoudi au féminin. On m’a souvent parlé d’Émilie Simon, de Mylène Farmer, de Camille…Ensuite, il y a celles que je revendique plus qu’autre chose car elles font partie de moi à savoir Brassens avec lequel j’ai grandi.
Peux-tu nous en dire plus sur le Tremplin 77 dont tu es sortie lauréate récemment ?
Je me suis inscrite à un tremplin afin d’accompagner ce retour après être partie deux ans en tournée. J’ai fait partie des huit candidats sélectionnés après envoi des dossiers, nous avons passé une audition très rapide en mode Covid sans public mais devant un très beau jury très large et très représenté ; la SACEM, le RIF, Art et Scène 77…Ils m’ont élue et c’est vraiment super. Quand on est dans l’immensité des projets en développement qui sont tous magnifiques, être lauréate d’un tremplin permet d’exister. Être pointée du doigt avec une petite lumière au dessus, c’est déjà pas mal dans l’immensité de l’existence des artistes quand on veut tenter de trouver un label et essayer de rentrer dans ce qu’il reste d’un système étant donné les circonstances. Le joli chèque qui m’a été donné va me permettre de payer un attaché de presse, des séances photos, la création d’une pochette…cela va aider à la qualité de la promotion de mon second EP. Je dirais que ce tremplin n’a pas été bénéfique, il a été nécessaire pour moi. Ça a été un chouette signe tombé du ciel !
MÉLIE FRAISSE - PARIS [Clip Officiel]
Mélie Fraisse revient avec un nouveau titre "PARIS", premier extrait de son second EP à venir.Après un 1er EP en anglais, sorti en 2017 et réalisé par Frédér...