Retrouvailles avec Tom York à l’occasion de la parution de son troisième album !
Tu es de retour avec « Euphorie Du Trouble » ton troisième album, dirais-tu que tu as trouvé ton « rythme de croisière » dans la création ?
En fait, j’ai été sur « Euphorie Du Trouble » durant deux ans car j’avais déjà commencé le travail sur ce disque durant l’exploitation du précédent. Des titres étaient prêts mais j’ai choisi de prendre mon temps. Le fait d’être en promotion d’un album et de travailler en même temps sur des nouveaux morceaux, ça devient vite anxiogène car on est dedans du matin au soir. A un moment donné, je n’en pouvais plus, j’ai décidé de tout laisser tomber durant un an, plus rien ne sortait, je n’avais plus d’envies et c’est aussi pour cela qu’il y a un écart énorme entre le premier extrait « Feel It » et la sortie de ce troisième album. J’ai pris quelques mois pour me ressourcer et ensuite, il y a eu un enchaînement de circonstances ; dont les grèves en fin d’année dernière qui ont compliqué l’accès au studio et le Covid ; qui a fait que la sortie de cet album a été repoussée plusieurs fois mais maintenant, c’est bon, il est là.
Ce nouvel opus est-il dans la continuité de son prédécesseur « Les Reflets Du Passé » paru au printemps 2017 ?
Musicalement, oui, car je n’ai pas l’impression que ça ait trop varié au niveau de la musique même s’il y a un peu plus de guitare électrique sur certains morceaux. Je pense que l’on reste dans la même tonalité que mon précédent disque. En revanche, en termes de production, on m’a dit que ce projet était plus mature ; peut-être que cela vient de l’arrangement des chansons. En tout cas, je n’ai pas cherché à avoir des titres avec le son à la mode, je me suis focalisé sur un style précis ; une couleur musicale que je souhaitais et j’ai tout orienté là-dessus. Je voulais proposer quelque chose de sincère sans être influencé par ce qui passait en radio.
On a la sensation que tu as voulu approfondir ou aller encore plus loin dans le côté Rock, est-ce parce que ce style te correspond plus à l’heure actuelle ?
C’est vrai que sur certains titres, il y a des guitares électriques bien présentes, elles ne sont pas là en fond uniquement pour habiller un petit peu. En fait, à la base, c’est ma couleur musicale car j’ai toujours aimé le Rock. C’est vrai qu’au début, faire de l’Electro a été facile car ça ne coûtait pas cher et parce que j’aimais bien les sons club à l’époque mais j’ai toujours eu envie de faire du Pop-Rock et ceci même déjà quand je collaborais avec Paula Ajala King. Mes premiers titres ont été écrits sur cette base-là mais l’album que nous voulions faire ensemble n’a finalement pas vu le jour. Je me suis toujours dit que les chansons Electro allaient mal vieillir et que ce n’est pas avec ces morceaux-là que l’on a des titres gold. Quand on fait du Pop-Rock, on peut réécouter les morceaux 10 ans après, ça ne vieillit pas car ce sont des vrais instruments. Maintenant, je vais rester là-dessus même s’il y aura des petites touches électroniques sur certains morceaux mais je ne me vois pas refaire un titre purement club.
Peux-tu expliciter le titre de ton nouvel album ?
L’euphorie du trouble, c’est ce que l’on ressent lors d’une première fois et c’est assez difficile à expliquer. On est sur un petit nuage. Ça peut être avec une personne, un lieu, un livre, une sensation…C’est un tout petit truc qui te trouble un peu et te met en joie mais qui ne dure pas longtemps car après, il y a une seconde fois.
Quels sont les thèmes majeurs de ce disque ?
Cet album explore ce sentiment de rencontre et tout ce qui en découle dont l’après. Il y a une progression dans ce disque d’où le visuel qui est assez sombre car il y a certes le moment de l’euphorie mais ensuite il y a la deuxième étape, la troisième, la quatrième…qui font que l’euphorie n’est plus là et on rentre vraiment dans le vif du sujet. « Shine » ; le nouvel extrait ; parle des démons intérieurs et du fait qu’il faut se prendre par la main pour avancer et pour se découvrir soi-même. « The Story » raconte le parcours d’une vie entière, de la naissance jusqu’à la fin.
La conjoncture actuelle a-t-elle fait évoluer tes textes et/ou ta musique pour cet album ? En as-tu retravaillé certains ?
Retravaillé, non ; en revanche, nous avons retiré plusieurs titres qui ont été remplacés par d’autres car quand je me suis enfin remis à travailler, il y avait des choses qui me plaisaient moins et d’autres thèmes se sont greffés. Je n’ai pas voulu proposer un album trop long ni garder ces nouvelles chansons pour un futur album qui ne sortira peut-être que dans trois ans et du coup, prendre le risque de moins les aimer. Les trois ou quatre titres qui ont été retirés d’« Euphorie Du Trouble » se retrouveront peut-être sur une réédition en bonus tracks ou sur des singles en guise de seconds titres. En tout cas, ils ne resteront pas dans les tiroirs mais ils ne seront pas inclus sur un quatrième album car la couleur de ces chansons correspond à celle d’« Euphorie Du Trouble ».
Quelle couleur donnerais-tu à « Euphorie Du Trouble » et pourquoi celle-ci ?
Le blanc même si ce n’est pas une couleur mais une base car c’est sur le blanc que se posent toutes les autres couleurs et cela résume bien le premier sentiment que l’on peut avoir.
Pourquoi as-tu choisi de reprendre « Never Tear Us Apart » d’Inxs ? Comment as-tu voulu réorchestrer ce titre ?
C’est une chanson que j’aime bien depuis mon adolescence. Sur l’album précédent, il y avait déjà eu une reprise ; « Autumn Leaves » que chantait Andrea Less était un cover de la chanson « Les Feuilles Mortes » d’Yves Montand. J’ai eu envie d’en refaire une sur « Euphorie Du Trouble », j’ai cherché parmi mes classiques et souvent autour de moi, on me parlait de « Never Tear Us Apart ». Je me suis dit pourquoi pas d’autant plus que le thème rentrait bien dans l’album. Nous avons choisi de faire une reprise moins Rock et pour le coup, un peu plus électronique. « Never Tear Us Apart » a déjà beaucoup été reprise et c’est assez compliqué de faire quelque chose de différent d’où cette envie de revisiter cette chanson sur des nappes Electro.
Que mettrais-tu en avant chez l’interprète principal des chansons d’ « Euphorie Du Trouble » ?
Sa voix car je pense que j’ai vraiment trouvé la voix qui va avec mes compositions et mes textes. Nous collaborons ensemble depuis mon précédent album et je trouve qu’il y a de la chaleur dans cette voix. L’interprète a un timbre qui englobe un peu tout ; quel que soit le thème que je vais proposer, cette voix arrive à donner le sentiment que je veux à la chanson et à la sublimer sans qu’il n’y ait de réelles directions de ma part.
Te retrouvera-t-on un jour derrière le micro ?
Non, je ne pense pas. Ce n’est même pas une question de chanter juste car aujourd’hui en studio, on peut bidouiller et faire chanter n’importe qui même si ça se passe plus facilement la figure en live derrière, c’est plus par manque de confiance. En tout cas, je n’ai pas cette envie.
« Euphorie Du Trouble » ne sera disponible que sur Bandcamp, peux-tu nous dire pourquoi il ne sera pas en vente sur les plateformes habituelles ?
Je vais parler pour moi mais je pense qu’il en va de même pour les artistes indépendants en général. Aujourd’hui, la vente de ma musique ne me rapporte quasiment rien en fait. Pour te donner des chiffres concrets, j’ai gagné 20 euros avec « You And Me » qui a généré plus d’1,5 million de streams sur Spotify sauf que nous avons payé pour mettre ce titre en ligne et à la date anniversaire de la sortie, il faudra repayer le double de la somme car ça augmente d’année en année pour le laisser sur les plateformes. Dans un an, « You And Me » ne sera plus streamé du tout et donc deux choix se posent : soit, je l’enlève et il disparaît de mon catalogue ; et dans ce cas-là, à la fin, je ne me retrouve qu’avec deux titres qui viennent de sortir et quelqu’un qui me découvrirait à ce moment-là ne verrait pas ce que j’ai pu faire auparavant ; soit je sors du circuit traditionnel et je me mets sur Bandcamp afin de gérer mes sorties. J’ai opté pour ce second choix sur les bons conseils de People Theatre qui a déjà remixé plusieurs de mes titres. Sur Bandcamp qui va me permettre de remettre en ligne l’intégralité de mon catalogue, il n’y a pas de délais ; alors que sur les plateformes, il faut attendre 15 jours avant la mise en ligne. Sur Bandcamp, on peut gérer notre prix ; les gens peuvent payer plus s’ils le veulent ; et on touche 100% de nos royalties. Par ailleurs, sur Bandcamp, je peux vendre des albums physiques ; choses que je ne peux pas faire sur les autres plateformes. Nous avons annulé la sortie de l’album sur les plateformes classiques et nous l’avons mis sur Bandcamp. Nous allons voir et de toute façon, ça ne sera pas pire que sur le circuit traditionnel…Pour ma part, j’ai fait le choix de ne pas limiter les streams pour ne pas bloquer les auditeurs.