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Retrouvailles avec Orouni afin d’en apprendre plus sur Partitions !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Matthieu Dufour

(c) Matthieu Dufour

Quelles ont été tes envies musicales sur Partitions ?

J’ai voulu remettre en question, dans une certaine mesure, la manière dont se conçoit la pop. En effet, j’ai travaillé sur le concept de séparation,notamment entre les lignes mélodique et harmonique,très souvent dissociées dans cet album. J’ai aussi expérimenté une certaine indépendance entre couplets et refrain. Les envies pour ce nouvel album ont donc été de faire voler en éclats les codes traditionnels de la pop, mais également de continuer à faire de la musique en compagnie des personnes avec qui je joue habituellement. L’envie était donc d’évoluer,sans modifier pour autant mon niveau d’exigence.

Cet album s’est-il construit de la même façon que les précédents ?

Oui et non. Oui, dans la mesure où j’ai toujours composé les mélodies avant les paroles et imaginé les arrangements de manière assez poussée en amont du disque. Par ailleurs, j’ai aussi laissé les musiciens improviser ou apporter leurs idées. En revanche, ce nouvel album s’est construit différemment du précédent car les instruments utilisés ne viennent pas forcément d’Afrique ou d’Amérique latine : dans Partitions, on entend des instruments que l’on retrouve dans la pop, mais ils ont peut-être été utilisés différemment. Partitions a été réalisé avec le même ingénieur du son que pour le précédent disque Grand Tour ainsi que bon nombre de musiciens déjà présents (basse, batterie, cordes, trombone). Mais c’est la première fois que j’enregistre avec la saxophoniste et les claviéristes que l’on entend sur cet album.

Justement, de qui t’es-tu entouré sur ce disque ?

Déjà, l’ingénieur du son Guillaume Jaoul, nous travaillons très bien ensemble. Nous avons enregistré Partitions au studio Tropicalia à Paris. La principale voix féminine de l’album est celle d’Emma Broughton, qui chantait déjà les morceaux de l’EP Somewhere In Dreamland. Emma interprète en solo « Decomposition » et « Nora »,ainsi que des chœurs sur plusieurs chansons avec moi, dont une dans laquelle nous nous répondons de manière assez proche (« Special Shadow »). Sofia Bolt est la seconde voix féminine, elle chante sur trois titres, dont « Former Lorry Driver ». Nina Beziau joue du saxophone baryton, Steffen Charron de la basse, de la guitare et il a participé aux chœurs, Benoît Giffard joue du trombone, Maëva Le Berre du violoncelle, Anne Milloud-Gouverneur du violon, Jean Thevenin de la batterie, Raphaël Thyss du piano, des claviers et de la trompette, et Nicolas Worms des claviers. Sur le titre « Son Of Mystery », nous avons été rejoints par Dimitri Dedonder à la batterie, Benoît Guivarch à la basse, et ils ont participé aux chœurs avec Florian Duboé.

(c) Camille Cier

(c) Camille Cier

De quoi parlent les chansons de Partitions ?

J’ai voulu ne pas appliquer le thème de la dissociation uniquement à la musique, on le retrouve donc aussi dans les paroles. Par exemple, « Former Lorry Driver », qui est un des singles de Partitions, parle de la dissociation entre la vie que l’on peut imaginer pour soi-même et la vie que l’on mène réellement. « Nora » parle de la séparation d’une femme avec son foyer et ses enfants. Le thème central de ce disque est la décomposition dans toutes ses formes, et elle s’incarne beaucoup dans des personnages afin de rendre tout cela vivant, pour que le concept ne reste pas trop abstrait. Les chansons de Partitions parlent donc souvent de la vie de personnes.

Comment décrirais-tu l’univers de ce nouvel album ?

La première chose qui me vient à l’esprit est que l’univers de ce nouvel album est assez littéraire. « Nora » est une chanson inspirée par la pièce de théâtre Une maison de poupée d’Ibsen. « Total Novel » aborde certains aspects de la vie de Romain Gary. Les morceaux de ce disque abordent souvent des vies qui possèdent un côté romanesque. Par ailleurs, il y a quelque chose d’assez urbain dans cet album. « The Lives Of Elevators » parle d’une personne coincée dans un ascenseur à New York, et je pense que c’est quelque chose qui ne peut arriver que dans des villes. « Nora » évoque une vie bourgeoise à Oslo. Les personnages de cet album sont organisés dans une société assez dense. Par ailleurs, ce disque est plus contrasté que le précédent, et cela peut paraître paradoxal, car j’espère que la palette musicale y est tout de même riche. Enfin, l’album est plus épuré et la production y est plus brute que foisonnante.

Quelle couleur donnerais-tu à Partitions ?

Ce disque est plutôt binaire en termes de couleurs, c’est pour cela que la pochette est en noir et blanc. Je vais donc te répondre noir et blanc en extérieur, mais à l’intérieur du livret, il y a un poster avec des choses très colorées. J’ai conçu des représentations graphiques de chaque chanson et j’utilise une couleur précise pour chaque accord. A l’intérieur de plusieurs de ces schémas, on retrouve beaucoup de couleurs car il y a souvent de nombreux accords différents. Je suis sujet à la synesthésie et vois donc une couleur particulière lorsque je joue un accord.

(c) Camille Cier

(c) Camille Cier

Pourquoi l’avoir baptisé Partitions ?

En français existe le sens de la portée musicale qui n’existe pas en anglais. C’était intéressant d’avoir un mot qui a une signification différente dans les deux langues, car en anglais, « partition » signifie séparation dans un sens bien plus physique,par exemple une cloison (c’est en effet ce que le mot anglais évoque à mon frère, qui est architecte). Je cherchais une appellation assez globale, qui puisse traduire le concept de séparation/dissociation, avec un petit clin d’œil à la musique. Ce titre d’album me permet aussi de me moquer de moi-même car je suis très mauvais en partitions. Je n’ai étudié la musique que pendant deux ans, et c’est une manière pour moi de me réapproprier ce domaine. Enfin, comme on trouve à l’intérieur du livret des représentations graphiques des chansons, l’objet graphique constitué par l’album comprend des partitions simplifiées,mais personnelles.

Quelles ont été tes influences musicales pour ce disque, aussi bien volontaires qu’involontaires ?

Pour « Former Lorry Driver », j’ai été inspiré par la reprise de « Tainted Love » par Soft Cell. C’est quelque chose de très binaire, électro, avec un rythme très marqué. Pour « The Lives Of Elevators », la pop sixties du groupe The Left Banke m’a influencé, et je voulais même mettre du clavecin sur ce titre, à l’origine. « Charles & Sylvester » commence par une mélodie qui m’évoque la musique sénégalaise. Si on continue dans l’album, la partie centrale de la chanson « No News Is Bad News » présente un thème qui utilise une gamme de la musique éthiopienne telle que la pratique Mulatu Astatke. De plus, faire du « reggae de blanc » sur « Nora » vient de la période punk, avec cette ouverture sur d’autres styles que l’on retrouvait chez Blondie et The Clash. Au-delà de ces influences conscientes, le fait d’avoir beaucoup écouté Belle & Sebastian s’entend dans Partitions, même si ce n’est pas une inspiration délibérée, pour moi.

Te verrais-tu prolonger la vie de certains des personnages de ton disque dans un livre ?

Certains des personnages ont déjà eu leur vie décrite dans des ouvrages. Mais peut-être devrais-je écrire une suite à Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, et un nouveau roman à la manière de Romain Gary ou d’Émile Ajar ? Par ailleurs, quelques personnages de Partitions ont réellement existé,il serait donc envisageable d’écrire leurs vies de façon romancée. Sur « No News Is Bad News », j’ai inventé l’histoire d’une personne qui est en proie à une certaine paranoïa et j’y ai décrit une période de sa vie ; je pourrais donc imaginer un « prequel » et la suite de cette histoire. Elle est assez banale puisqu’il s’agit d’un individu qui n’a pas tellement confiance en la personne avec qui il est en couple : il s’imagine des choses qui ne sont pas vraies. On pourrait ainsi imaginer son histoire plus globalement, pour savoir si ça se finit bien ou pas…

(c) Henri Deroche

(c) Henri Deroche

De quoi Partitions pourrait-il être la bande originale ?

Ce n’est pas une question facile, mais je pense que Partitions pourrait être la bande originale d’instants où certaines choses basculent, car je m’intéresse en particulier aux moments de la vie des gens où l’on peut se rendre compte que ce que l’on a imaginé n’est pas vrai, ou que le plancher sur lequel on reposait n’est pas si solide que cela. Ce disque pourrait ainsi être la bande originale d’un documentaire ou d’un film qui décrirait un moment de bascule dans la vie de quelqu’un, et cette bascule n’est d’ailleurs pas forcément quelque chose de négatif.

Quels sont tes prochains projets ?

Nous serons présents au festival « De maison en maison, d’une musique à l’autre » organisé à Malakoff le 18 mai. Et le clip illustrant « The Lives Of Elevators » devrait sortir le mois prochain. Après Malakoff, nous jouerons le 18 juin à Petit Bain avec Emmanuel Tellier, qui est également signé sur notre label December Square.Puis, en novembre, nous serons en concert au Pingouin Alternatif, une super salle indie dans le Béarn.Par ailleurs,j’aimerais bien essayer d’animer un des schémas chromatiques que j’ai réalisés pour chaque chanson de Partitions. Et j’espère continuer à composer pour penser à l’album qui va suivre !

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