Retrouvailles avec Keen’V à l’occasion de la parution de son nouvel album !

Ton nouvel album s’intitule « Thérapie », en a-t-il été une pour toi ?

Oh oui, ça a même été une bonne thérapie. Tout s’est déclenché avec le titre « J’Courais » et le décès de ma grand-mère. J’ai eu besoin de revenir au fondamental et j’ai écrit pour ce disque comme à mes débuts. J’ai repris le même plaisir d’aller chercher des mots et des formules afin d’exprimer ce que j’avais sur le cœur.

Comme sur la pochette où tu apparais en double, on a la sensation qu’il y a deux Keen’V sur ce disque ; comment présenterais-tu ces deux facettes de toi ?

Il y a une facette un peu plus sombre car je ne suis pas tout le temps heureux et il y a celle qui s’amuse beaucoup. Il parait que ce sont les gens tristes qui sourient ! Je ne sais pas si je suis triste ou si je suis joyeux, ça dépend des états, et c’est ce que j’exprime dans « Foutue Dépression » car quand on est en dépression, on passe d’un état à l’autre sans vraiment comprendre pourquoi.

Quel est le thème majeur de « Thérapie » ?

La vie de tous les jours, tout simplement. J’avais besoin de lâcher des choses sur ce disque car je trouve que la société commence à devenir trop bizarre ; on essaie de se faire du mal, de séparer, de diviser, on devient individualiste, on s’intéresse tous à notre petite personne…Tu peux le voir même chez des gens auxquels tu t’attaches car eux aussi vont pourtant te faire du mal. J’ai voulu mettre cette expérience de vie dans ce disque, comme un vieux.

La chanson « J’Courais » est dédiée à ta grand-mère disparue, quel regard avait-elle sur la carrière de son petit-fils ?

Elle ne comprenait pas. Ma grand-mère était une ancienne, elle avait 93 ans. Elle me disait c’est quoi cette musique car pour elle, la musique c’était Brel et Piaf mais bien évidement, je ne me moque pas d’elle. Elle me disait que ma musique était rigolote mais heureusement qu’elle ne comprenait pas toutes les paroles quand même. Ma grand-mère était admirative dans le sens où je voulais faire ça depuis tout petit et elle m’a dit qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un avec autant de volonté. Ça m’avait plu car ma grand-mère était vraiment une dame de volonté.

Sa disparition t’-a-t-elle fait prendre conscience que tu devais « réduire le rythme » ?

C’est drôle que tu me dises cela ! Je ne sais pas si j’ai envie de réduire le rythme mais il était temps peut-être que j’ouvre les yeux sur autre chose que ma carrière. En 10 ans, j’ai fait 8 albums, on peut dire que c’est le gars qui bosse quand même ; ça me plait de ouf ; j’aime être hyper concentré et j’aime ce que je fais. Il n’y avait que moi, je ferai encore plus d’albums car je jette des titres qui pourraient peut-être plaire aux gens. En parallèle à ça, j’ai ma petite famille, mes parents commencent à prendre de l’âge, ma sœur a des enfants et ce sont des choses à prendre en compte. Quand je suis focalisé, je le suis de ouf et cela va prendre du temps mais je pense que tu as raison, ça m’a fait prendre conscience de ça.

« Fuck Keen’V » est-il un titre qui te permet de régler tes comptes avec les haters ?

Ce titre n’a pas été fait pour régler des comptes ni pour en rendre d’ailleurs. Le but des haters est de blesser et j’avais envie de leur montrer qu’en plus de ne pas me blesser, j'allais me servir de ce qu’ils disent pour en faire un titre. Je trouvais que c’était un joli pied de nez. C’est plus un Big Up.

L’un de tes nouveaux titres s’intitule « Foutue Dépression », penses-tu que c’est le mal du siècle ?

Clairement, oui et en plus, c’est hyper lâche. Moi qui vis avec la dépression assez régulièrement, les gens me disent souvent que je n’ai rien pour être triste mais ce n’est pas de la vraie tristesse, j’ai un mal en moi qui me dit que je ne vais pas bien mais je ne peux pas l’expliquer et c’est tristoune.  Quand quelqu’un est atteint d’un cancer, les gens comprennent qu’il a une tumeur et qu’il faut la vaincre alors qu’on ne sait pas comment vraiment vaincre une dépression. Ce n’est pas mortel, sauf si tu te donnes la mort mais c’est une grave maladie qu’on ne voit pas. La dépression change mon état et les gens peuvent croire que je fais la gueule ou que je suis hautain alors que je ne suis juste pas bien et c’est difficile à expliquer. Comme les gens sont de moins en moins dans l’empathie avec les autres, tes problèmes ne sont pas les leurs et il faut que tu sois tout le temps parfait. En tant qu’artiste, c’est ce que l’on me demande tout le temps mais je ne suis pas un robot, je ne peux pas être à 100% tout le temps même si j’essaie.

Tu abordes des sujets plus graves sur « Thérapie » mais sur des mélodies entrainantes, dirais-tu que le message passe mieux ainsi ?

Oui et non ; je ne sais pas si le message passe mieux ainsi car ce n’est pas la question que je me suis posé en vrai. Je me suis juste dit que ça allait bien avec. Je reste Keen’V quand même et il y a cette ambiguïté dans ma tête ; j’ai des choses à dire mais j’ai envie de faire danser les gens comme le faisait extrêmement bien Stromae et « Papaoutai » en est l’exemple-même. Pour avoir fait l’exercice, c’est hyper difficile mais ça me plaisait.

« Thérapie » ouvre-t-il un nouveau chapitre dans ta carrière ? Penses-tu aller dans un registre plus engagé à l’avenir ?

Non pas forcément plus engagé car j’ai toujours eu des textes un peu différents dans mes albums parce que ça me plait mais je ne peux pas faire que ça. Je n’ai envie de devenir ce vieux con ennuyant que d’autres sont devenus et j’aime toujours faire danser les gens même si j’aime les faire réfléchir aussi parfois.

Tu as fêté 10 ans de carrière l’année dernière, que dirait le Keen’V de 2019 à celui de 2008 ?

Accroche-toi car ça ne va pas être facile, on va te mettre des bâtons dans les roues mais tu vas y arriver quand même.

Quel serait ton prochain rêve ?

Ce n’est pas un secret, ça fait longtemps que je veux partir au soleil. Je veux me barrer sur une plage, ne rien faire de mes journées à part écrire au soleil.

Quelles sont tes prochaines actualités ?

Le « Thérapie Tour » commence le 28 mars à Boisseul à l’Espace Crouzy ; le 29, nous serons à Caen au Cargo et le 30 à Paris à L’Élysée Montmartre. 7 dates sont déjà prévues en avril et nous irons jusqu’à Bruxelles au Cirque Royal. C’est une tournée que j’ai voulu très proche de l’album et je la vois plus comme une présentation. Quant à elle, la tournée qui débutera à l’automne sera plus le moment où je vais chanter avec le public.