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Retrouvailles avec Benoît Dorémus au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouvel album « Désolé Pour Les Fantômes » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

Qui sont ces fantômes dont tu parles dans le titre de ton nouvel album et pourquoi es-tu désolé pour eux ?

Cela vient de l’expression être hanté par le passé et qui dit hanté dit fantôme. Le titre de l’album est venu de la chanson qui porte ce nom et dans laquelle j’aborde le fait que lorsque l’on atteint la quarantaine et que l’on commence une nouvelle relation, on traîne avec soi un passé et des histoires. Chacun à son histoire, ses petits traumatismes, ses petites névroses, ses douleurs, son passé et il faut s’en expliquer et parfois, quand c’est trop lourd, s’en excuser ; désolé pour les fantômes que je traîne avec moi. La formule se veut tendre et c’est pour dire désolé d'être comme cela, désolé d’être hanté, désolé d’avance.

Cela veut-il dire que cet album est plutôt axé sur ton passé ? T’es-tu plongé dans tes souvenirs pour l’écrire ?

Au moment de choisir le titre de cet album ; ce qui est toujours une phase délicate pour moi ; en regardant toutes les chansons, je me suis rendu compte que le passé revenait souvent notamment sur « Passé Récent », « Je Retiens Les Dates Des Morts » ; les fantômes ne sont pas loin encore une fois ; « On Croit En Moi » qui est une chanson dans laquelle je fais le bilan de ma jeune carrière qui a 15 ans…Même si ce n’est pas sur toutes les chansons, ce petit coup d’œil dans le rétroviseur revenait. J’ai eu l’impression que « Désolé Pour Les Fantômes » faisait un peu la synthèse de tout cela. J’aimais bien la symbolique des fantômes, tout ce que cela pouvait évoquer, même graphiquement et c’est pour cela que je me suis arrêté sur ce titre.

Comment décrirais-tu l’univers de ce disque ?

Transparent comme un fantôme. Drôle par moment ; j’espère. Mélancolique car cela me correspond aussi. La mélancolie est un sentiment que j’aime beaucoup et que je ne vois pas comme quelque chose de péjoratif. Ce n’est comme la tristesse qui est noble mais qui est un sentiment douloureux. Dans la mélancolie, il y a presque un peu de plaisir. C’est une douleur que l’on aime bien aller chercher parfois. Féminin car il y a des chœurs de femmes mais également parce que j’ai œuvré avec une réalisatrice ; Alice Chiaverini ; et c’était la première fois que je travaillais en studio avec une femme.

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

Quelles thématiques y retrouve-t-on ?

Plusieurs thèmes de la féminité sont abordés sur ce disque sur lequel on retrouve également celui de l’amour sous toutes ses formes et celui du temps qui passe. Au-delà de ces thèmes, il y a des chansons qui se veulent juste être des « sketchs » comme « Drague La Mère » le duo avec Bénabar. Ces chansons qui se veulent moins profondes font du bien aussi.

Dans « La Danseuse Blessée », tu parles de ta première fois à l’Opéra, serait-ce quelque chose que tu as fait par amour ? Qu’est-ce que tu pourrais faire de « dingue » dans ce domaine ?

Cette chanson se passe à l’Opéra de Paris. Il y a un peu de vécu, forcément, car l’idée n’est pas tombée de nulle part mais j’ai écrit ce titre comme une fable afin que chacun puisse se faire ses propres images. C’est une chanson très narrative. En amour, il y a des gens qui font des choses dingues comme faire 2000 kilomètres en une nuit pour retrouver une fille, des choses physiques, des choses spectaculaires à l’instant t mais moi, je suis plutôt quelqu’un qui est capable de souffrir ou d’aimer ou d’être fâché longtemps ; c’est sur la durée que je ressens les choses.

« Douze Ans Sans Te Voir » et « Pas D’Enfant » abordent la paternité/maternité, est-ce une question qui te travaille ?

Il y a un peu de mélancolie dans « Douze Ans Sans Te Voir » qui est la suite de « Beaupadre » qui figurait sur mon premier album. Il y a plus de 15 ans, j’étais beau-père et dans cette suite, je retrouve cet ex-petit garçon des années plus tard. La question de la paternité me travaille beaucoup car j’ai 40 ans et je n’ai pas d’enfant mais je n’ai pas écrit « Pas D’Enfant » pour mon cas particulier. J’ai beaucoup de copines autour de moi qui n’ont pas d’enfants ; j’en ai aussi qui en ont ; et nous arrivons à cet-âge où c’est un peu maintenant que cela se décide. Quand on est un homme, on peut encore en avoir plus tard mais parfois, pour les femmes qui sont arrivées à 35-40 ans, ça les travaille beaucoup. Il y en a pour qui ce n’est pas un souci, le problème est réglé, elles n’en veulent pas et elles veulent surtout que l’on arrête de les emmerder avec ça. Cette conversation est revenue avec plusieurs de mes amies. Je trouve que c’est un sujet trop personnel pour que l’on emmerde les filles avec ça surtout quand leur choix est clair. Cette chanson est la dernière que j’ai écrite pour l’album mais j’avais envie de la faire depuis longtemps. Pour ma part, la paternité m’interroge. La vie ne m’a pas apporté le fait d’être papa même si j’ai été beau-père dans ma jeunesse. Parfois, c’est douloureux car j’aime beaucoup les enfants ; j’ai un contact facile avec eux ; et parfois, je savoure ma liberté, celle que mes potes n’ont plus ; je vois bien aussi que c’est difficile d’avoir un enfant, ils s’inquiètent tout le temps, ils sont crevés…Pour être tout à fait franc, je suis partagé entre mon désir d’en avoir et la liberté de ne pas en avoir. C’est un sentiment très mêlé.

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

Quel père imaginerais-tu être ?

Je suis dans une position facile car je suis entouré de neveux et de nièces, je suis rigolo et sympa car on se voit une journée ou deux, ce n’est pas dur mais c’est sur la durée que c’est compliqué de savoir quand on est crevé, que l’on n’a pas de temps pour soi, quand il faut répondre à toutes leurs demandes…là, je ne sais pas comment je me comporterai. C’est facile de dire que je serai un père sympa, modèle, que je les ferai rigoler et faire ci ou ça mais c’est théorique car quand ça te tombe dessus, je pense que c’est plus dur que ça. Je pense quand même que l’on rigolerait beaucoup car les faire rigoler, c’est ce que je préfère quand je suis entouré d’enfants. Je me les mets dans la poche en faisant des blagues. Après, cela reste un mystère…je crois que beaucoup de gens se découvrent une fois qu’ils ont un enfant et cela les change totalement. J’ai pu l’observer chez des copains qui ne s’attendaient pas à cela. En devenant parents, ils ont découvert une partie d’eux-mêmes qui les a bouleversés et transformés. Peut-être que je serais très différent…je ne sais pas.

Comment sont nés les deux duos présents sur ce disque ?

Quand j’ai écrit la chanson « Désolé Pour Les Fantômes », j’ai très très vite pensé à Clio car c’est une chanteuse que j’admire beaucoup. J’aime beaucoup sa façon mélancolique de parler d’amour, des relations amoureuses et des mecs. En ce qui concerne « Drague La Mère », j’ai envoyé un texto à Bénabar en lui proposant la chanson et j’ai été surpris qu’il accepte. Il m’a fait un très très beau cadeau. La réponse a été instantanée, évidente et positive ; oui bien sûr avec un émoticône.

Peux-tu nous en dire plus sur le choix de présenter « Désolé Pour Les Fantômes » en guise de premier single officiel ?

Je ne suis pas très bon pour ce genre de choses, quand j’écris, je ne pense pas en termes de singles. J’ai tout simplement demandé l’avis autour de moi et ça a été assez unanime. C’était une chanson qui me ressemblait et le fait que ce soit un duo, ça changeait un peu car je n’en avais jamais sorti.

(c) Yann Orhan

(c) Yann Orhan

Il y a de l’humour, de l’amour et beaucoup de toi dans cet album, vas-tu intensifier le côté « conteur » en live ?

Je crois que l’album appelle cela. Il y a un peu de narration dans ce disque mais aussi un peu de textes dits/déclamés/parlés. Je pense qu’il va falloir qu’il y ait des choses écrites car j’aimerais qu’il y ait un fil rouge et que ce ne soit pas juste un tour de chant mais je me connais quand je suis sur scène, j’improvise toujours ; il y a toujours de la spontanéité et des vannes trouvées le jour j à l’instant t en fonction de ce que quelqu’un me crie dans le public. Je n’ai pas envie de perdre ce côté spontané qui me correspond.

Au final, cet album t’a-t-il permis de faire la paix avec tes fantômes ?

C’est une bonne question mais il y a des fantômes avec qui je suis en paix car on peut être hanté par des fantômes qui nous font du bien aussi. Il y en a que j’aime. Marcel Pagnol parlait de ses chères ombres ; nous avons tous des connexions avec des gens que nous avons perdus et qui nous aident. En revanche, il  y a certains fantômes avec qui je suis fâché mais c’est plus du côté amoureux ou professionnel. Je crois que je suis assez rancunier et il me faut du temps pour digérer les choses. Peut-être que dans quelques mois, l’album m’aura permis d’être plus en paix mais ce n’est pas encore le cas pour l’instant.

Retrouvailles avec Benoît Dorémus  au Studio Luna Rossa afin d’en apprendre plus sur son nouvel album « Désolé Pour Les Fantômes » !
https://www.facebook.com/benoitdoremus
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