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Rencontre avec Adam Carpels au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son EP « Onirismes » !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Guillaume Dubois

(c) Guillaume Dubois

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je viens d’avoir 25 ans, je suis producteur de musique électronique et trompettiste également. Je fais de la production pour plein de projets différents ; Pop, Hip Hop, Electro mais aussi pour le théâtre et la danse. 

Toi qui es loin d’être un novice, pourquoi as-tu attendu aussi longtemps avant de dévoiler ta propre musique ?

J’ai eu d’autres projets avant où j’étais plus ou moins seul mais je dirai que je me suis pris le mur de la vie en pleine tronche ; je me suis rendu compte que c’était beaucoup moins facile de composer et de choisir un propos tout seul par rapport à quand on le fait pour d’autres. Quand je suis en support pour d’autres projets, je m’efface un peu même s’il y a de moi dedans. Je suis un peu un caméléon et même dans la vie de tous les jours, j’aime m’imprégner de cultures autres que la mienne. Au fur et à mesure des années, j’ai accumulé plein de connaissances techniques et je me suis dit demandé ce que j’allais en faire maintenant. De longues discussions avec Thérèse ont débloqué la situation car j’avais des bouts de prods mais je ne savais pas trop quoi raconter et c’est elle qui m’a dit que je n’avais qu’à me raconter des histoires. A partir de là, j’ai écrit des petits contes dans un carnet pour chaque musique. Cela explique également que cet EP ait pris son temps car j’ai eu besoin de « storyteller » ce disque, au-delà de tous les projets à côté. 

Y-a-t-il un lien entre les cinq morceaux qui composent ce disque ?

Il y en a plusieurs ; la mécanique d’écriture en est un fort mais il y a également des liens plus techniques de production musicale. Il y a ce que l’on nomme le field recording ; je me suis baladé un peu partout avec un micro afin de récupérer des sons que j’ai modifiés pour faire de la musique avec. Ensuite, il y a ce que j’appelle la synthèse numérique qui consiste à créer des synthés sur mon ordi avec des logiciels. Et pour terminer, l’utilisation de synthés de manière plus analogique. Le lien de composition est là-dedans et ensuite, le lien d’histoire est dans les petits contes que j’écrivais et les thèmes qui me tenaient à cœur notamment l’écologie et la lutte de pouvoir des femmes.

(c) Guillaume Dubois

(c) Guillaume Dubois

Comment décrirais-tu l’atmosphère d’« Onirismes » ?

Pour moi, cet EP est un patchwork constitué de plein de petites fenêtres qui représentent mon monde et elles sont différentes ; il y en a une qui serait plutôt boisée alors qu’une autre serait plus aquatique.    

De quoi parle « Blinded Knight » interprété par Thérèse ?

Ce titre parle de la lutte de pouvoir, de se l’approprier afin d’en faire quelque chose. 

Comment est né ce titre ?

J’avais envie de faire un feat avec Thérèse car nous bossons énormément ensemble depuis deux ans. J’avais le souhait de faire un morceau sur le féministe au sens large du terme car c’est quelque chose auquel j’ai toujours prêté attention mais je ne me serai pas vu prendre un micro pour parler des femmes alors que je n’en suis pas une. A l’origine, j’avais écrit une petite histoire qui était assez différente des autres. Il faut savoir que je suis un gros fan de S.F ; j’avais imaginé une sorte de samouraï hyper badass qui arrivait en moto dans une ville du futur et elle se retrouvait à défoncer des mecs shootés aux capsules de protoxyde d’azote ; c’est une grande mode à Lille depuis quelques années. Ensuite, Thérèse a un peu métaphorisé le propos dans son texte.

(c) Guillaume Dubois

(c) Guillaume Dubois

Qu’apprécies-tu le plus chez cette artiste avec qui tu collabores depuis quelques temps déjà ?

J’ai rencontré Thérèse alors qu’elle évoluait encore au sein de La Vague et même si ce n’était pas forcément ce qui me touchait le plus d’un point de vue musical, j’ai tout de suite vu qu’elle avait du talent et que c’était très bien fait. Nous avons discuté ensemble et humainement, nous avions plein de points communs. J’aime la franchise de ses propos, le fait qu’elle ose dire les choses, sa volonté d’être indépendante, sa maturité. Thérèse sait de quoi elle parle, elle a du baguage et une vision du monde de la musique qui me parle globalement. J’apprécie énormément sa sincérité artistique ; c’est vraiment quelqu’un qui ne fait pas de concession. Je me sens vraiment grandir avec Thérèse avec qui j’ai de longues discussions philosophiques.

Peux-tu nous parler de la mise en images de « Dune Noire » ?

Après avoir fait des petits visuels super simples sur mes précédents morceaux, j’ai eu envie de faire un vrai gros clip dans lequel j’avais à cœur de retranscrire cette idée de raconter une histoire. Pour « Dune Noire », j’avais écrit une histoire avec un serpent dans un désert, il se faisait pourchasser par un rapace et il finissait par se retrouver au beau milieu d’une ville. Le rapace s’en allait et au final, il se faisait défoncer par les humains et les voitures. Nous avons vite compris que ça allait être compliqué de mettre ça en images en animation d’autant que je suis en indé. Nous avons donc adapté la perte de repères que l’on peut avoir quand on est dans une ville par rapport à la nature. Dans ce clip qui a été réalisé par Guillaume Dubois, on découvre un mec qui vit en ermite dans sa cambrousse, il se fait défoncer son camp et un peu à la manière de « Breaking Bad », il va créer une drogue avec les plantes qui l’entourent afin de mettre des images de nature dans la tronche des citadins pour qu’ils se rappellent un peu d’où ils viennent. L’ermite est interprété par mon père et ça a été un heureux hasard. Alors qu’il n’est pas comédien, il a super bien géré d’autant que le tournage a vraiment été très dur. Nous avons tourné dans le Canyon du Diable à Saint-Saturnin-de-Lucian, nous devions faire dix bornes aller, dix bornes retour, il pleuvait, mon père devait beaucoup marcher mais il a tenu le coup même si c’était intense. Au final, on s’est dit que ça avait grave du sens car je ne fais qu’une micro apparition et du coup, ça pouvait donner l’impression que c’était moi en plus vieux. C’était rigolo d’avoir cette mise en abyme un peu chelou. Faire ça avec son père, ça a été une super expérience humaine. 

Qui retrouve-t-on dans ta culture musicale ?

Il y a plein d’artistes! J’ai été nourri par les influences Rock de mon père même si je ne les écoute plus forcément aujourd’hui. Pour citer des artistes, The Cure, Massive Attack, Four Tet, The Smiths, M.I.A, Sevdaliza…Je me suis mis à écouter beaucoup de Pop grâce à Thérèse ; j’apprécie notamment certains titres de Rihanna. Dans ma culture musicale, il y a beaucoup d’Electro et de Rap Américain ; j’adore Kendrick Lamar.

(c) Guillaume Dubois

(c) Guillaume Dubois

Peux-tu nous dire à quoi ressemblent tes lives ?

En live, je suis en premier lieu sur mes machines mais je joue également de la trompette et je bosse avec Sofian Hamadaïne-Guest qui est VJ. Chaque morceau va avoir une ambiance ; aquatique, forestière, désertique…Dans ces projections, on retrouve toujours le thème de l’exode ou du voyage. On essaie de créer des tableaux afin de transporter le public dans divers univers au fil du live. Sur scène, je vais avoir une tenue en tulle qui a été créé par le styliste Evin Tison et les projections vidéo qui seront diffusées sur l’écran le seront aussi sur moi. On travaille toujours sur l’idée de transparence et de superposition. 

Quels sont tes prochains projets ?

Nous allons prochainement mettre en images « Blinded Knight ». Après l’organisation d’une release party à Roubaix, nous allons essayer d’en faire une à Paris et l’idée est de trouver un tourneur. J’aimerais bien que cet EP soit remixé et ensuite, je souhaiterais faire un autre EP axé sur des featurings car c’est quelque chose que j’aime bien faire. Tout cela sera modulé en fonction des prochains projets de Thérèse car nos projets respectifs se nourrissent beaucoup et du coup, nous sommes toujours un peu dans une dynamique d’un an sur deux.

Rencontre avec Adam Carpels au Studio Luna Rossa à l’occasion de la parution de son EP « Onirismes » !
https://www.facebook.com/acarpels
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