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Retrouvailles avec Stéphane Corbin au Studio Luna Rossa afin d’aborder le nouvel album des Funambules !

Publié le par Steph Musicnation

(c) Vanessa Buhrig

(c) Vanessa Buhrig

Était-ce une évidence de poursuivre l’aventure Les Funambules et surtout de ne pas faire une « redite » ?

Je me suis posé la question début 2017 car je voyais que le premier projet allait bientôt arriver à son terme. Je me suis dit alors soit j’arrête et j’aurai fait quelque chose d’incroyable qui m’aura accompagné quelques années, qui m’aura rendu fier et heureux et fait rencontrer plein de gens soit je continue et dans quel cas, il n’était pas question de faire une redite. Sur l’album des Funambules qui était consacré à l’homosexualité, il y avait 42 chansons plus des inédits, plus des chansons que nous chantions sur scène, plus celles qui ont été écrites pour la comédie musicale « 31 »…et je ne me voyais refaire un projet sur l’homosexualité car j’avais déjà dit ce que j’avais à exprimer. Peut-être que j’en referais un dans 20 ans mais dans le cas présent, je voulais raconter autre chose tout en me servant de tout ce que nous avions compris et appris avec le premier projet ; à la fois dans la manière de faire et dans la façon dont ces chansons ont été reçues, ce qui nous a permis de construire tout ce qu’il y avait autour comme les clips et les spectacles. Je voulais mettre tout cela au service d’une autre cause.

D’où est venue l’idée de consacrer ce second album à la lutte pour les droits des femmes et l’égalité homme-femme ?

Ça s’est imposé en une seconde et demi et c’était avant le mouvement #MeToo. Je me suis tout simplement demandé ce qui pourrait faire un bon sujet pour des chansons et il y a tellement de choses à dire sur les femmes que cela a été une évidence. Par ailleurs, il y a des passerelles, des discriminations communes chez les femmes et chez les homos. Dans la vie, je suis très entouré de femmes et j’ai fait le constat malheureux qu’elles ont toutes été emmerdées et agressées. Toutes. Sur des échelles plus ou moins dramatiques. Inceste, viol, violences…Je trouvais que c’était bien de continuer le chemin des Funambules avec cette cause qui me tient très à cœur. Depuis quatre-cinq ans, l’actualité nous montre que j’ai eu raison de m’attaquer à cette cause-là.

As-tu œuvré majoritairement avec les mêmes artistes pour ce nouveau disque ?

Oui et non car il y a une base de famille qui était déjà présente sur le premier projet que ce soit chez les auteur(e)s, les interprètes ou dans le staff. Il y a beaucoup de gens en commun mais également énormément de nouveaux. C’était important de ne pas aller redemander aux mêmes personnalités d’être les marraines de ce nouveau projet. Il fallait essayer d’élargir le cercle, séduire d’autres personnes qui rallient notre cause et toucher un maximum de gens. L’idée du premier projet est née en 2013 et depuis, j’ai moi-même fait beaucoup de spectacles et rencontré beaucoup d’artistes avec lesquels j’avais envie de travailler. Il y a donc à la fois tout un socle commun d’artistes avec qui je pense travailler durant toute ma vie et puis, plein de nouveaux et surtout de nouvelles que j’ai été hyper heureux de rencontrer sur ce projet-là. 

(c) Julien Benhamou

(c) Julien Benhamou

Sur « Elles », il y a également des ils, était-ce important que des hommes soient présents sur ce projet féminin ?

Déjà, ça ne t’aura pas échappé, je suis moi-même un homme et je ne pouvais pas m’auto-virer de mon projet (rires). Plus sérieusement, pour répondre à ta question, oui, c’était important et même essentiel. Il y a deux types de militantisme, l’un qui est très radical, très extrême, il a sa place à mon sens car je comprends son utilité mais il correspond pas du tout ni à qui je suis ni à ce que je veux faire. Mon militantisme a moi est plus doux, plus pacifique, probablement plus mainstream et plus inclusif. Comme sur le premier projet, l’égalité est l’idée. Évidemment, il y a une énorme majorité de femmes qui chantent sur l’album mais aussi qui ont écrit les textes car il fallait que ces histoires soient vécues, ressenties, transmises par des femmes mais sur un sujet égal, si je recevais un texte d’un homme et un texte d’une femme, je cachais le nom de l’auteur(e) et je choisissais le bon. Quelquefois, celui que j’estimais être le bon texte était écrit par un homme. Il y avait une vraie volonté d’égalité, d’inclusion et de construire un monde meilleur dans lequel il n’y aurait pas de discriminations. C’est donc un album majoritairement féminin fait aussi avec des hommes.

Quelles thématiques autour de la femme et de sa féminité abordez-vous sur « Elles » ?

Comme pour le premier album, le concept des Funambules est de faire comme un documentaire en chansons. A travers un portrait raconté à la première personne, chaque chanson embrasse un sujet de société. Pour bâtir ce projet, je me suis demandé quelles étaient les problématiques liées à l’inégalité homme-femme et cela va l’inégalité salariale aux violences de rue en passant par le viol, l’excision, les règles, l’endométriose…Au milieu de cela, comme la touche des Funambules est de ne pas faire que des choses graves, nous avons essayé de trouver tous les points de vue qui nous permettent de raconter des sujets forts mais de manière légère. Nous avons notamment une chanson très drôle sur une femme qui va chez l’esthéticienne ; mine de rien, cela dénonce les diktats d’une société patriarcale mais avec un prisme qui est hilarant. Sur cet album, nous avons cherché à mélanger tout un tas de problématiques importantes, essentielles, fondamentales des femmes avec des choses plus légères afin d’équilibrer tout cela pour faire un disque complet.

Peux-tu nous expliciter le terme charge mentale qui donne son nom au nouvel extrait d’« Elles » ?

La charge mentale existe depuis la nuit des temps mais cela ne fait que quelques années que ce mot a été conceptualisé et d’ailleurs, la chanson raconte cela. Pour expliciter ce terme, c’est le fait que les femmes ont intégré les codes de cette société patriarcale qui disent qu’en gros, c’est à elles de tout faire, de tout penser et de tout planifier. Pour imager cela, elles se lèvent le matin, préparent le petit déjeuner des enfants, sortent les poubelles, vont au boulot, emmènent les enfants à leurs activités, font les courses, préparent le diner et le soir, elles répondent à leurs mails tout en faisant la lessive. Ça ne veut pas du tout dire que les mecs ne font rien mais souvent, ils vont leur demander s’ils peuvent les aider. Un « je peux t’aider chérie », c’est déjà de la charge mentale. On ne demande pas si l’on peut aider, on aide directement. Ce n’est pas la tâche d’une femme de s’occuper d’une maison avec un mari qui l’aide, ça doit se faire à deux et c’est pareil dans un couple homo. Cette chanson fait partie des morceaux marrants du projet.

Retrouvailles avec Stéphane Corbin au Studio Luna Rossa afin d’aborder le nouvel album des Funambules !

« Boss du Porno » illustre-t-il une vision biaisée de la femme selon toi à cause de l’avènement de l’hypersexualisation chez les jeunes ?

« Boss du Porno » qui est un texte d’Andréa Bescond qui a notamment écrit « Les Chatouilles » est une chanson que j’adore. C’est une autrice extraordinairement engagée sur toutes ces thématiques-là qui a un style très direct. Cette chanson aborde jusqu'à quel point la pornographie a transformé l’image de la sexualisation. Cette érotisation à outrance de la femme ne correspond pas du tout à la réalité. Aujourd’hui, les ados découvrent la sexualité avec une pornographie qui montre la femme complètement avilie ou que l’on peut souiller et c’est épouvantable de se construire comme cela. C’est l’un des gros travers de notre époque et il est accentué par les nouvelles technologies, Internet et les réseaux sociaux. Cette question-là va aussi avec celle du harcèlement physique chez les jeunes dès qu’il y a une forme de marginalité ou de différence physique. C’est une chanson vraiment importante.

Quelle serait, selon toi, l’inégalité homme-femme la plus tenace à l’heure actuelle ?

Je ne crois pas qu’il y en ait une en particulier car l’inégalité homme-femme se construit sur une somme tellement énorme de disparités que l’on ne peut pas en garder qu’une seule. La première chose qui me viendrait spontanément à l’esprit serait les salaires mais il y en a tellement d’autres…

« Elles » va-t-il être défendu sur scène comme son prédécesseur ?

Oui ! Nous allons faire une première présentation à L’Européen le 07 février ; ce sera l’occasion de fêter la sortie de l’album. Du 09 au 12 juin, nous allons donner quatre concerts à L’Alhambra et ils seront mis en scène par Virginie Lemoine et Alice Faure. Ça va être génial. Comme pour le premier projet des Funambules, lors de ces gros shows, il y aura une cinquantaine d’artistes sur scène, des chorégraphies, des invités et ensuite, nous partirons sur une formule plus restreinte et plus théâtralisée avec trois ou quatre interprètes sur scène. Nous allons travailler les deux formules en parallèle.

(c) Call Back Prod

(c) Call Back Prod

Quelle serait la figure féminine célèbre qui t’aurait le plus marqué dans ta vie d’homme ?

J’ai souvent posé cette question mais je ne me la suis jamais posée à moi ! Après réflexion, je vais te répondre Noémie de Lattre qui est l’une des marraines du projet. Même si Noémie y va parfois beaucoup plus fort que moi, nous sommes engagés à peu près de la même manière. Je la vois lutter, créer des objets artistiques avec son combat ; chose que je fais aussi ; c’est quelqu’un qui me fait beaucoup rire et que j’admire. Je suis très heureux que nous soyons amis.

Peux-tu nous en dire plus sur « Disparaître » ?

« Disparaître » est un album que j’ai enregistré durant toute cette période de confinements. Pendant quinze ans, je n’ai quasiment chanté que mes propres chansons ; globalement jusqu’à ma trentaine ; j’avais signé dans une grosse maison de disques mais ils ont tellement cherché à faire de moi un produit sans respecter l’artiste que j’étais que depuis 2011, je n’avais plus jamais rechanté mes chansons. Mon frère écrivait la plupart des textes des chansons que je composais. Il y a quelques années, je lui ai demandé s’il ne voulait pas en écrire une pour « Elles » et il m’a répondu qu’il n’avait plus la flamme d’écrire car nous avions tellement composé de belles chansons ensemble dont je n’avais rien fait que ce qui pourrait le relancer serait que j’en fasse quelque chose et cela a allumé un truc en moi. J’ai fait « Disparaître » dont je suis très fier uniquement pour mon frère. C’est un album à écouter l’hiver sous un velux avec la pluie qui tombe, un plaid, un chat et une tisane.

Retrouvailles avec Stéphane Corbin au Studio Luna Rossa afin d’aborder le nouvel album des Funambules !
https://www.facebook.com/Les.funambules.album
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