Rencontre avec Eagle-Eye Cherry à l’occasion de la parution de « Done, Done, Done » !

On pourrait dire que le clip d’« I Like It » met en scène une sorte de thérapie de groupe, la musique en est-elle une pour vous ?

La musique est clairement une thérapie. En tant que songwritter, la musique peut être très thérapeutique tout comme le fait d’en écouter. Un jour, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit ne pas vraiment écouter de musique et pour moi, c’était hyper étrange car j’ai grandi au sein d’une famille qui en écoutait tout le temps ; si nous n’en écoutions pas, l’un de nous en jouait. Peu importe le mood dans lequel je suis, j’écoute de la musique ; elle m’accompagne tout au long de la journée et tous les jours.

De quoi parle « Done, Done, Done » votre nouveau single ?

Cette chanson parle du fait de quitter la ville dans laquelle on vit pour aller s’installer ailleurs ; peu importe que ce soit un petit village ou une grande ville. J’ai moi-même expérimenté cela quand j’étais plus jeune ; j’ai vécu à la campagne et en ville. Mon précédent titre « I Like It » présentait la vie comme une grande fête ; il faisait référence à ma jeunesse à New York ; alors que « Done, Done, Done » représente la fin de cette fête car j’étais arrivé au point d’avoir fortement besoin de quitter cette ville afin de faire des choses dans ma vie. Je suis parti de New York pour aller à Stockholm. J’en avais tellement terminé avec New York que j’ai dû le dire trois fois dans le titre de cette chanson.

Ces deux premiers extraits présentent-ils bien la direction musicale de votre prochain album à paraître au printemps 2022 ?

Oui, tout à fait, je pense que c’est un bon apéritif (en français dans le texte). Ces deux chansons donnent un bon avant-goût de ce qui va arriver. « I Like It » a une direction musicale un peu plus Rock mais sur cet album, il y aura également des morceaux plus acoustiques et je pense que « Done, Done, Done » est une sorte qu’équilibre entre ces deux mondes. J’ai vraiment hâte que ce nouvel album sorte !

Est-ce que le contexte actuel vous a inspiré au niveau des thèmes de vos chansons ou même d’un point de vue musical ? Avez-vous mis plus d’espoir et d’énergie dans vos nouveaux morceaux ?

Quand mon dernier album « Streets Of You » est sorti en 2018, nous l’avons défendu sur scène lors d’une tournée qui a duré un an et dès que je suis retourné en studio, j’ai voulu capter l’énergie que nous avions avec le groupe et on peut vraiment sentir cela dans ces nouvelles chansons. Beaucoup de titres de ce nouvel album ont été faits il y a longtemps et puis, le monde s’est arrêté brusquement ; il y a eu les confinements, la sortie de l’album a été repoussée et je me suis un peu senti comme un petit garçon qui attendrait l’arrivée de Santa Claus à Noël. En tout cas, la question  est très intéressante car sur le moment, je ne suis pas certain que tout ce qui se passait autour de la pandémie ait trouvé un chemin dans mes chansons mais en y réfléchissant avec le recul, certaines chansons qui figurent sur ce nouvel album ont sonné différemment à cause de cette période.

Afin de garder un peu de mystère sur ce prochain album…comment nous le synthétiseriez-vous en utilisant des adjectifs ?

C’est une super question, bien joué, c’est rare que des gens puissent me cueillir ainsi ! Nostalgique ; car durant la composition de cet album, j’ai écouté beaucoup de disques achetés durant mon adolescence comme ceux de The Clash, The Rolling Stones, Ramones, Blondie… ; si certaines chansons ont quelque chose de mélancolique dans les lyrics, il y a toujours un côté festif dans ma musique car j’ai envie qu’elle soit positive, feel good, énergique. J’essaie toujours de trouver un équilibre entre paroles et musique afin que le tout fasse se sentir bien.

J’ai lu récemment que des artistes très connus refusaient maintenant d’interpréter certains de leurs anciens hits ? Prenez-vous toujours autant de plaisir à chanter les vôtres ?

Je prends toujours autant de plaisir à jouer « Are You Still Having Fun ? » et « Save Tonight ». J'ai déjà eu des discussions à ce sujet avec des collègues qui n’avaient pas chanté LA chanson lors d’un concert, je leur ai demandé ce qui n’allait pas avec eux (rires) et ils m’ont répondu qu’ils en avaient marre de cette chanson et qu’ils étaient passés à autre chose. En tant que fan, quand on va à un concert, on a envie d’entendre en live LA chanson, Le tube. Ceux qui refusent cela, je ne les comprends pas car je trouve que c’est un luxe de pouvoir être sur scène et interpréter une chanson comme « Save Tonight » qui donne toujours autant de plaisir au public. Je ne sais pas…si ces artistes ont fait une chanson dans les années 80 et qu’elle n’est plus d’époque, peut-être qu’il faudrait juste la réarranger, la moderniser un peu…Pour ma part, je jouerai toujours les chansons que les gens auront envie d’entendre dans mes concerts. C’est fun et cela veut dire aussi que ce sont de bonnes chansons.

Pour moi, la Suède a toujours été un important vivier d’artistes talentueux…Puisez-vous beaucoup de vos références musicales chez des artistes Suédois ?

Non, je pense que mes références musicales sont clairement beaucoup plus Américaines. La musique que je fais moi-même est plus Americana. En revanche, j’ai vécu en Suède une bonne partie de ma vie et j’ai travaillé avec des compatriotes et je dois dire que les Suédois sont très doués en matière de Pop Music. Les Suédois ont un bon sens de la mélodie et la Pop leur apparaît comme quelque chose de très simple d’autant qu’ils ont un très bon rapport à l’anglais qui est la langue internationale de la musique. Ils peuvent écrire aisément en anglais mais ils n’en demeurent pas moins Suédois et cela se retrouve dans le côté populaire et naïf des lyrics et dans les hooks. Par ailleurs, en Suède, il y a de très bonnes écoles de musique et beaucoup d’excellents musiciens en sortent. Pour ma part, j’ai passé une bonne partie de mon enfance dans la campagne Suédoise, je courrais dans les bois et on retrouve cela dans ma musique, il y a beaucoup de ce pays dans mes chansons.

En France, nous avons également des familles entières d’artistes qui partent parfois en tournée tous ensemble. Est-ce quelque chose que vos proches et vous aimeriez faire ?

(Rires) Nous n’en avons pas encore discuté mais je pense que ça serait vraiment cool. Nous pourrions faire notre propre festival de musique car nous sommes un grand clan. Nous pourrions chacun chanter nos chansons et en partager ensemble.

Il y a deux ans, vous avez fait un très bon titre en collaboration avec Thomas Gold ; « Get Up » ; aimeriez-vous explorer encore de nouvelles voies afin de faire des choses totalement différentes ?

Oui car c’est un bon challenge. Thomas Gold est tellement loin de ce que je fais, ça a été une collaboration très intéressante. A l’avenir, il faudrait juste trouver la bonne idée, la bonne opportunité et le bon moment.

Brillez-vous dans d’autres domaines entre deux albums ?

Je me suis mis à la peinture ; comme beaucoup d’artistes d’ailleurs, Bob Dylan est un peintre maintenant ; j’adore jouer au foot et durant la pandémie, j’ai beaucoup cuisiné et c’est quelque chose que j’apprécie vraiment.

Quel serait votre meilleur souvenir lié à la France ?

J’en ai beaucoup ; j’ai vécu des concerts incroyables avec des publics géniaux en France qui est l’un de mes endroits favoris quand je suis en tournée. Je me souviens que mon premier album est sorti en Scandinavie et tout est parti de là. Avant même d’avoir sorti quoique ce soit en Europe, je suis venu à Paris et j’ai joué durant deux semaines dans un drôle de petit bar ; le Chesterfield Café ; personne ne savait qui j’étais à l’exception de quelques touristes Suédois mais chaque soir, de plus en plus de personnes venaient écouter mes chansons et ces deux semaines ont été fantastiques pour mes musiciens et moi. Jouer dans ces conditions est assez rare à moins d’être un musicien de Jazz. Quand je suis revenu à Paris quelques temps après, je jouais à L’Olympia. Tout est allé si vite, ce parcours a été incroyable.