Rencontre avec Kyrie Kristmanson à l’occasion de la parution de son nouvel EP !

As-tu été très tôt attirée par la musique ?

Oui, je pense que j’ai commencé à chanter dès que j’ai su parler et on m’a même dit que je chantais pour soulager mes amis qui étaient tristes. Très tôt, j’ai eu ce réflexe de créer des petites chansons pour calmer et pour apaiser. Ce ne sont pas mes propres souvenirs mais c’est ce que l’on me raconte. Plus officiellement, j’ai commencé la guitare à l’âge de 9 ans et la trompette à 11 ans. Je n’ai jamais pris de cours de chant mais j’ai souvent chanté dans des chœurs et dans des chorales et j’adore ça.

Que représente la musique pour toi ?

Pour moi, la musique est presque une quête spirituelle ; c’est ma façon de rendre hommage à ce qui me touche, à la beauté de ce monde et c’est ma manière à moi de témoigner de ma reconnaissance d’y être.

Quel regard as-tu sur ces douze dernières années depuis la parution de ton premier album ?

J’ai commencé à écrire mes premières chansons vers l’âge de 12-13 ans et j’ai commencé à tourner au Canada quand j’avais 15-16 ans. Exprimer cet univers a été très tôt une mission pour moi. C’était une nécessité. J’ai fait chaque choix de ma vie dans le but pour poursuivre ce chemin et j’ai suivi les portes qui s’ouvraient. Cette aventure me parait un peu en dehors d’une dimension temporelle car c’est quelque chose que j’ai toujours fait et cela s’est inscrit dans un besoin personnel que j’ai ressenti très tôt. Ces douze dernières années représentent un chemin très intense de hauts et de bas mais que je suis très fière d’avoir parcouru.

Évolues-tu musicalement parlant entre chaque disque ?

Oui et je dirai même heureusement. Je dis toujours que l’on fait qui l’on est dans la musique surtout quand on est dans une démarche artistique où l’on creuse en soi. Quand on essaye de toucher à quelque chose d’essentiel, on ne peut pas mentir. De la même manière que l’on évolue en tant que personne, on évolue forcément dans la musique. Chaque étape est un approfondissement et cela devient de plus en plus essentiel pour moi.

Tu reviens avec un EP baptisé « Mon Héroïne », peux-tu nous en dire plus sur sa composition ?

Ces chansons ont été composées et enregistrées dans une aile abandonnée du Château de Versailles où Saint-Michel qui est l’un de mes amis et un très grand musicien y est en résidence depuis plusieurs années. C’est un lieu très mystérieux où l’on trouve la bibliothèque personnelle de Marie-Antoinette à côté de la collection la plus importante en Europe de bouquins sur le spiritisme. Cette partie du château qui ne se visite pas est à l’état de ruine et c’est très poétique.

A qui fait référence cette héroïne ?

Cette héroïne fait référence à toutes ces femmes qui nous ont créé depuis des générations et des générations et que nous portons en nous. Par ailleurs, le titre de l’EP est également celui d’une chanson que j’ai écrit après l’élection de Trump. Sans entrer dans la politique d’Hillary Clinton, c’était quand même un événement très symbolique qu’une femme ait été presque élue. Cette chanson est apparue comme une espèce de déception ; non personnelle ; mais ancestrale. La cause féministe et la cause humaniste ont touché du doigt une énorme réussite. Le je dans cette chanson englobe beaucoup de femmes qui ont lutté pour leurs diverses causes bien avant que je ne sois là.

Comment est née la chanson « Le Songe D’Un Ange » qui est le premier extrait de ton EP ?

C’est une histoire assez mystérieuse également. Après un concert à Paris, un petit garçon de 5 ans est venu me voir, il m’a regardé droit dans les yeux et il m’a dit avec beaucoup de conviction que nous nous connaissions. Je ne l’avais jamais vu de ma vie mais j’étais ravi de le rencontrer. Il a insisté, il m’a dit que nous nous étions rencontrés dans une autre vie et que nous nous étions aimés. Il m’a dit tout cela avec une telle croyance que c’était troublant. Sa conviction quant à cette idée vertigineuse à propos du temps et des autres dimensions m’a inspiré cette chanson. J’ai écrit en rentrant ce petit poème et je le lui ai envoyé par la suite parce que c’était vraiment très troublant et sa conviction était assez magique.

Avais-tu pensé faire cette chanson en duo ? Comment as-tu rencontré Brendan Perry ?

J’ai toujours su que cette chanson serait un duo car j’ai écrit « Le Songe D’Un Ange » comme un dialogue entre un homme et une femme. Il y a une part masculine et une part féminine dans les paroles. J’ai longuement cherché avec qui chanter cette chanson et j’ai rencontré Brendan au Festival Mythos à Rennes lors de la carte blanche d’Olivier Mellano qui est un très grand musicien-guitariste et compositeur Français. J’ai beaucoup écouté le groupe Dead Can Dance en grandissant et je dois dire que c’est toujours émouvant de rencontrer ces références de jeunesse. Après que nous ayons interprété un titre ensemble, j’ai demandé à Brendan si ma chanson lui parlait. Cela m’a semblé être une évidence car il a une voix très profonde et très cosmique et je trouvais que la scintillance de ma voix et la largesse de sa voix se mariaient bien. Brendan a accepté d’enregistrer ce duo et j’en suis ravie.

« Mon Héroïne » est-il un avant-propos à ton prochain album ?

Oui, ce sont les quatre premiers titres de mon prochain album qui s’intitule « Lady Lightly ». Ce disque est une réflexion poétique sur la physique quantique. Ce propos est un peu subtil et encore mal compris pour l’instant mais il est fascinant.

Peux-tu nous en dire plus sur Étienne Klein qui va ouvrir ton concert du 13 mars au Café de la Danse ? Que vas-tu proposer lors de cette date à Paris ?

Étienne Klein est philosophe et physicien et il va faire une brève introduction à la théorie des mondes parallèles qui est une théorie vraiment fascinante de la physique quantique et qui illustre à quel point il y a une révolution qui arrive pour l’espèce humaine dans notre compréhension de la réalité. Quand j’ai commencé à composer les chansons de ce nouvel album, j’avais vraiment la sensation ; et je l’ai de plus en plus ; que nous arrivons à la fin d’un chapitre dans cette aventure humaine et nous arrivons à la fin d’une logique capitaliste où nous étions principalement liés par la consommation. Or, nous nous rendons compte que cette consommation ne donne pas un sens à la vie et elle ne nous rend pas plus heureux. La physique quantique peut démontrer de façon observable que nous sommes liés les uns aux autres, au monde et à l’univers en général de façon inextricable et pour l’instant inexplicable. Je pense que cette théorie va petit à petit réenchanter le monde et à mon niveau avec mes nouvelles chansons, je voulais proposer une sorte d’expérience mentale de ce que serait une musique qui émanerait de cette perspective quantique de l’univers. C’est une méditation poétique et pour la part plus scientifique et philosophique, Étienne Klein va nous expliquer cela. C’est un de mes penseurs préférés et de mes héros d’aujourd’hui car il arrive à vulgariser des concepts qui sont extrêmement complexes et ésotériques.

Il me semble que tu as d’autres actualités en dehors de la sortie de ton EP, peux-tu nous en dire plus ?

Depuis plus d’un an, je me suis focalisée sur « Soleil Blanc » un spectacle dans laquelle je joue et pour lequel j’ai composé la musique et j’ai retardé la parution de mon disque pour pouvoir participer à cette expérience qui m’intéressait beaucoup. Je participe également à « Ici-Bas » un spectacle autour des mélodies de Gabriel Fauré. C’est une réinvention de ces mélodies qui datent du XIXème siècle ; elles sont modernisées sans pourtant qu’il y ait des machines. Sur scène, il y a plein d’artistes passionnants comme Jeanne Added, Philippe Katerine, Etienne Daho, Camille, Dominique A…J’ai la grande chance d’interprété le requiem de Fauré qui est absolument magnifique.

Quels sont tes prochains projets ?

Le clip illustrant « Mon Héroïne » arrive très bientôt et nous fêterons la sortie de l’EP le 13 mars au Café de la Danse. La sortie de l’album est prévue pour le mois de septembre. J’ai écrit un cycle de poèmes autour du personnage d’Ophélie d’Hamlet qui ont été mis en musique par David Chevalier un compositeur Nantais. Ce spectacle qui est très onirique et très sensuel sera proposé pour quelques dates à travers la France dans les mois qui viennent.