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Rencontre avec le comédien Camille Prioul à l’occasion de la reprise d’« Odyssée » au Théâtre Montmartre Galabru !

Publié le par Steph Musicnation

©Nicolas Yger

©Nicolas Yger

Comment te présenterais-tu à nos lecteurs ?

Je suis comédien, ainsi qu’auteur et metteur en scène grâce à « Odyssée ». J’ai un parcours un peu atypique car j’ai décidé de me professionnaliser dans le théâtre assez tardivement, à l’âge de 28 ans. Auparavant, j’ai pratiqué le théâtre en amateur depuis que je suis gamin, et notamment l’impro de manière intensive pendant plus de dix ans. Cela m’a permis de fouler les planches à des centaines de reprises avant de faire le choix de la professionnalisation. L’impro est une incroyable école de formation au théâtre et j’ai beaucoup appris par ce biais-là.
Je présente actuellement « Odyssée » dont j’ai commencé l’écriture en 2015.

Que faisais-tu avant de devenir comédien ?

Je me suis initialement formé pour être éditeur et libraire, puis j’ai quitté quelques années plus tard les métiers du livre pour devenir développeur web indépendant ; j’ai d’ailleurs toujours mon agence. Je fais de la formation et des sites pour des clients mais de moins en moins car mon objectif principal reste le théâtre. À vrai dire, j’ai vraiment réduit la voilure ces dernières années et je n’ai plus que quelques clients historiques avec lesquels je travaille depuis très longtemps.

©Paolo Caponetto

©Paolo Caponetto

Quel est le pitch d’« Odyssée » ?

« Odyssée » raconte de manière décalée et dynamique les aventures d’un type parti mener pendant 10 ans une guerre qui n’est qu’un prétexte pour que les dieux se mettent sur la tronche par l’intermédiaire des humains. Sur le chemin du retour, Ulysse, déjà pas vraiment dans les petits papiers de Poséidon qui soutenait les Troyens, croise le chemin du cyclope Polyphème et lui crève l’œil pour éviter d’être dévoré. Or le cyclope est le fils de Poséidon, qui pris de colère décide alors qu’Ulysse ne reverra jamais son île d’Ithaque.
Le récit commence 10 ans plus tard, lorsqu’Athéna plaide en faveur du retour du héros. Enfin libre de rentrer chez lui, Ulysse raconte son périple au roi Alkinoos, père de Nausicaa, qui l’aidera à enfin rentrer à Ithaque la bien-aimée retrouver sa femme Pénélope et son fils Télémaque.

Comment décrirais-tu ce spectacle hors-norme ?

Je dirais que c’est une comédie romantico-mythologique pour un seul comédien. Un homme entouré de compagnons plus bêtes les uns que les autres se bat contre dieux, tempêtes et créatures pour retrouver son pays et sa femme.

Quelles ont été tes envies principales avec ce seul en scène ?

J’ai toujours aimé les œuvres qui convoquent un spectre large d’émotions, qui ressemblent à la vie dans la diversité des sentiments générés. J’ai eu envie de faire un spectacle dans lequel on se marre, s’émeut, se questionne et aussi flippe un peu. Le plus important pour moi était de faire en sorte que tout le monde s’y retrouve. « L’Odyssée » est une œuvre que tout le monde connait mais parfois de très loin. On sait qu’il y a des sirènes, un cyclope et qu’Ulysse essaie de retrouver sa femme mais pour certains, ça s’arrête à cela. Pour d’autres qui ont beaucoup lu de mythologie, c’est un univers très riche. Je voulais absolument faire en sorte de m’adresser à tout le monde en même temps : que les gens qui maitrisent très bien la mythologie aient régulièrement des petits clins d’œil,mais que ceux qui ne la connaissent pas bien voire pas du tout prennent tout autant de plaisir. C’était un vrai enjeu dans l’écriture.

©Arthur Bourgeais

©Arthur Bourgeais

Au final, quel est le public d’« Odyssée » ?

C’est un spectacle tout public, accessible à partir de 8 ans. Il a vraiment été écrit pour toucher un public très large et que chacun y trouve son compte, quel que soit son âge. Il convient parfaitement à une sortie en famille ou entre amis. C’est aussi un spectacle qui intéresse beaucoup les scolaires, « L’Odyssée » étant au programme des collèges. Plusieurs groupes sont venus depuis que je joue ce spectacle et ils ont adoré. Une prof m’a même dit que la semaine suivante, les élèves se donnaient la réplique dans la salle de cours !

Comment est née cette idée de revisiter « L’Odyssée » ?

En réalité, c’est venu au départ d’une envie de faire un spectacle où je serais seul et où je jouerais tous les personnages. Je suis un grand fan du travail de Philippe Caubère, qui est un maître de cet exercice, et quand je me suis professionnalisé comme comédien, c’est en jouant des scènes de ses spectacles que j’ai passé les concours des écoles de théâtre.
En 2015, pour le diplôme de sortie du Conservatoire, il m’était demandé de créer une mise en scène sur une forme courte, et les camarades avec qui j’avais le plus envie de travailler étaient ceux dont les emplois du temps étaient déjà bien remplis. J’ai donc saisi l’occasion de faire une création seul pour la première fois, et de monter un projet que je pourrais continuer dans les années qui suivraient.
À l’époque, je jouais chaque semaine et depuis déjà deux ans dans « La Boîte », une pièce improvisée sur la vie en entreprise, et j’ai commencé à écrire sur ces mêmes problématiques. Très vite, je m’y suis perdu et j’ai fini par me rendre compte que je souhaitais travailler sur quelque chose d’universel. Les textes religieux ne m’attirant pas, je me suis dirigé vers la mythologie, qui m’a toujours plu.Pour commencer, j’ai relu « L’Iliade » mais c’était ingérable de complexité. Ensuite, j’ai ouvert « L’Odyssée » pour la première fois en plus de quinze ans, et tout de suite j’ai noté des choses en marge et j’ai eu des idées de mise en scène et de blagues. J’ai isolé une vingtaine de minutes qui sont aujourd’hui le milieu du spectacle. Les retours étant très bons, j’ai décidé de monter la pièce entière mais cela a nécessité deux ans d’écriture supplémentaire…

Comment nous parlerais-tu du travail effectué avec Julie Macqueron ?

Lorsque j’ai terminé l’écriture, le spectacle faisait à peu près 3h30 et il fallu mettre des coups de ciseaux un peu partout. J’ai ensuite rapidement commencé le travail au plateau et même si j’avais jusqu’alors tout fait seul, j’ai immédiatement compris que j’avais désormais besoin d’aide. C’est à ce moment que j’ai demandé à Julie, que je connaissais déjà depuis longtemps et avec qui j’avais eu l’occasion de travailler sur d’autres projets, de me rejoindre et de m’accompagner à la mise en scène. Julie a très vite compris ce que je voulais faire et elle m’a toujours fait des propositions et commentaires très cohérents avec mes idées de mise en scène. Nous nous sommes bien trouvés là-dessus et le travail a toujours été très fluide. Je lui dois beaucoup et le spectacle ne serait pas tel qu’il est aujourd’hui sans son regard aiguisé.

©Arthur Bourgeais

©Arthur Bourgeais

Comment te sens-tu après cette formidable performance d’acteur durant 1h25 ?

Lessivé et exalté ! Il y a des moments où cette pièce est à la fois un sprint et un marathon. Elle demande une grosse concentration. Je suis en tension tout au long du spectacle, et à la fin il y a quelque chose qui se relâche. Généralement, après « Odyssée », je suis un peu fébrile, fatigué, mais il y a également une excitation très forte, un peu comme quand on termine une compétition sportive.

Quel est ton passage préféré dans « Odyssée » ?

Celui qui me vient en tête immédiatement est une scène où Ulysse discute avec un de ses compagnons qui est un peu son bras droit. Euryloque revient de chez Circé et explique à Ulysse que tous leurs camarades ont été transformés en cochons. J’aime beaucoup jouer ce moment parce qu’il est très dynamique et drôle, et que j’aime beaucoup Euryloque. C’est un de mes personnages « refuge » en impro, que j’ai l’habitude de jouer et dans les pompes duquel je me sens bien.Paradoxalement, la scène du cyclope qui plait beaucoup au public me donne moins de plaisir car elle est à la fois physique et technique ; j’y suis très dans le contrôle.

Peux-tu nous en dire plus sur la chanson qui y figure ?

Dans « L’Odyssée » d’Homère, il y a vraiment un musicien qui vient chanter à deux reprises. Tout le passage où Ulysse fait halte chez Alkinoos dure plusieurs jours et des jeux olympiques sont même organisés en son honneur alors qu’il n’a pas encore révélé son identité. Demodocos, l’aède local, chante une première chanson sur la querelle qui a eu lieu entre Ulysse et Achille sur la route de Troie, soutenant la ruse pour l’un et la force brute pour l’autre. Le lendemain, le chanteur évoque dans une seconde chansonla fin de la guerre de Troie et la ruse du cheval de bois.
Dans « Odyssée », j’ai regroupé les deux chansons en une seule et j’ai fait une allégorie de la prudence et de la bravoure qui sont personnifiées par Ulysse et Achille ; les deux ont finalement un sort tragique. J’ai écrit le texte et mon ami musicien Roberto Cicogna l’a mis en musique. Il a un groupe qui s’appelle Oh! Pilot, il fait de la Folk et j’aime beaucoup.

Rencontre avec le comédien Camille Prioul à l’occasion de la reprise d’« Odyssée » au Théâtre Montmartre Galabru !

Peux-tu nous parler de « Papa(s) » ?

« Papa(s) » est une comédie écrite et mise en scène par Vincent Mignault, qui se déroule dans la salle d’attente d’une maternité. On y croise deux futurs papas, une sage-femme, une infirmière d’accueil, un malade du cœur en attente d’une opération et une jeune femme venue faire ses adieux à son père mourant. C’est une écriture très humaine et touchante, que je compare souvent à celle du duo Jaoui/Bacri. J’y incarne Matthieu, un futur papa inquiet que son enfant naisse très prématuré.
« Papa(s) » se jouera au Théâtre de la Jonquière du 30 janvier au 2 février 2019 à 20h.

Comment inviterais-tu nos lecteurs à venir découvrir « Odyssée » au Théâtre Montmartre Galabru jusqu’au 24 avril ?

Si vous avez envie de rire en assistant à une vraie performance qui vous permettra de redécouvrir une histoire universelle, le tout sans temps mort, venez voir « Odyssée » !

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