Rencontre avec Saïkaly à l’occasion de la sortie de son excellent titre « Jeux D’Ombres » !

Quels enseignements as-tu tiré de ton premier album « A Million Particles » sorti en août 2015 ?

Cette question est intéressante et je dirais que ce premier pas discographique m’a permis de tirer des enseignements en ce qui concerne la production d’un album car je m’y suis énormément intéressé depuis que je suis allé en studio. J’ai beaucoup regardé le travail des ingénieurs du son. Je pense que sur mon premier album, j’avais énormément de thèmes et je suis allé un peu dans tous les sens alors que pour le second, j’ai gagné en précision, je sais plus précisément ce dont je veux parler. Le plus vieux morceau figurant sur « A Million Particles » date de mes 18 ans et maintenant, je pense que j’ai moins envie de me prouver des choses car j’ai appris à me dire ce qu’est le plus important.

A l’heure où cela est difficile d’évoluer dans le monde de la musique, pourquoi as-tu choisi de créer ton propre label ?

Ça a été une vraie question. En 2016, cela a été très compliqué avec Polydor car il y a eu beaucoup de changements au sein des équipes et je ne m’y retrouvais plus. Je pense que mon album ne rentrait plus dans la dynamique de ce qu’ils voulaient produire. J’ai réfléchi avec mon manager et j’ai décidé de monter ce label afin d’avoir une force de mouvement bien plus importante. Même si cela fait peur, parce que c’est quelque chose de nouveau pour moi,  j’avais envie de voir ce que cela pouvait donner d’être entouré de personnes vraiment convaincues par mon projet. Je préfère partir de petit pour aller vers quelque chose de grand et c’est excitant. J’étais intéressé par cette inversion de mouvement. Voyons voir où ça va me mener maintenant!

De quoi ont été faits les 3 ans et demi qui séparent tes deux albums ?

Mon premier album est sorti en août 2015 et j’ai commencé l’écriture du second en novembre 2015. « Jeux D’Ombres » fait partie des morceaux les plus anciens de mon deuxième album. L’écriture s’est étalée sur une longue période, j’ai écrit énormément de textes et j’ai testé beaucoup de choses car je voulais juste composer de bons morceaux sans me poser trop de questions. Je voulais aller vers quelque chose de très personnel dans la création. Fin 2016, j’avais déjà pas mal de morceaux mais je n’avais pas la totalité de l’album et puis, il y a eu le départ de chez Polydor, le temps de monter un nouveau label, cela a pris du temps et cela nous a peut-être retardés d’un an car j’ai commencé à enregistrer mon nouvel album en octobre 2017. Mais bon, finalement le morceau le plus récent présent dans l’album date de Juin 2017, donc ce n’était pas du temps perdu. Et puis en parallèle à cela, il y a eu du live avec Les Garçons Manqués qui est un projet que je partageais avec Nicolas Rey et il y a eu un peu de cinéma et de la télé.

Comment vois-tu ton évolution musicale ? « Jeux D’Ombres » donne-t-il la couleur de ton second pas discographique ?

Oui à 100% et c’est pour cela que j’ai voulu annoncer ce retour avec « Jeux D’Ombres » car il reflète bien les différentes ambiances de cet album. Parfois, cela va être calme, intime et doux et par moments, je vais chanter fort car ça me manquait dans le premier. Pour mon second album, je voulais quelque chose de moins lisse et qui rentre plus dans le lard. « Jeux D’Ombres » représente bien cela dans sa construction.

Le fait d’appeler ce disque « Quatre Murs Blancs », cela signifie-t-il que tu « repars à zéro » ?

Il y a pas mal de lectures possibles avec ce titre mais je n’ai pas trop envie de donner celle à laquelle je tiens afin que chacun puisse en tirer ce qu’il veut mais c’est certain qu’il y a un recommencement car je suis vraiment à 100% à tous les niveaux dans cet album, la démarche artistique est différente du premier, dans le sens où je me suis vraiment investi dans toutes les étapes de la création, de l’idée dans ma tête jusqu’à la pochette, les photos de presse etc.

De quoi vas-tu parler sur ce disque ?

Si je devais essayer de résumer cet album, je dirais qu’il s’intéresse aux vérités pures et intransigeantes de la vie. Il parle des illusions que l’on a vis-à-vis de nous-mêmes et de celles que l’on choisit de montrer aux autres, et puis de celles que les autres nous montrent aussi. Je fais des constats sur ce disque et je m’interroge, je cherche quelque chose. Parfois dans la force, parfois dans la douceur. Je dirais que ce disque est fait de tableaux qui parlent de tout cela.

Peux-tu nous en dire plus sur la genèse de « Jeux D’Ombres » ?

Ce titre a beaucoup évolué. J’ai fait un peu n’importe quoi avec une vieille guitare électrique devant mon ordi et j’ai finalement trouvé quelque chose qui a fait sens. Il y avait toute une nébuleuse de réflexions sur le couple dans ma tête et cela datait depuis longtemps. Une mélodie a connecté avec ces réflexions et les mots sont venus.

Quelles ont été tes envies visuelles pour illustrer ce titre ?

A la toute base, j’avais pensé faire un effeuillage burlesque pour illustrer ce titre. Je voulais trouver un beau théâtre ou un joli cabaret et travailler toute une chorégraphie pour « Jeux D’Ombres ». Donc, j’avais déjà cette idée de travestissement depuis longtemps. J’aimais bien l’idée de partir d’une illusion assumée, et puis d’enlever des couches au fur et à mesure.

Comment nous parlerais-tu du travail d’Arsène Chabrier ?

Après réflexion, je suis allé voir Arsène Chabrier qui est un ami depuis le lycée car j’aime beaucoup son esthétisme. Arsène a monté une très chouette boite de productions avec d’autres personnes et je me suis retrouvé dans leur dynamique. Ce que j’aime chez Arsène, c’est son œil très précis. Il m’a fait un storyboard de fou qui était très proche des tableaux que l’on voit dans le clip. Il sait comment coller de l’image à de la musique car il en comprend le rythme. Très rapidement, il m’a parlé de Magritte qui est l’une de ses influences. Il m’a parlé d’inquiétante étrangeté et cela a fait sens car je voulais ça pour « Jeux D’Ombres ». Le couple mis en images dans le clip est intéressant ; le travesti assume une illusion et je trouve ça fort et le mannequin a une figure assez mystérieuse car il peut être complètement neutre et impassible ou être l’extrême opposé.

Quel est le message de ce clip ?

Il y a une vraie signification derrière ce clip pour moi mais je ne sais pas si je veux la donner…Je préfère laisser la possibilité aux personnes qui verront le clip d’avoir leur propre ressenti. Je dirais qu’au travers de ce clip, je suis juste un reflet de ce que je ressens quand je regarde ce qui se passe autour de moi. Ce clip amène simplement à s’interroger sur la nature de nos relations.

Quels sont tes prochains projets ?

Nous travaillons déjà sur le prochain clip avec Arsène, l’album sortira en mars 2019 et des mini instrumentaux artistiques seront mis en ligne d’ici-là. La tournée avec Les Garçons Manqués se poursuit, je continue de travailler et j’espère que des projets cinématographiques verront le jour. Nous travaillons actuellement avec mon équipe sur le live à Paris, en province et dans des festivals. Tout cela est en train de se mettre en place !